Maroc: La protection des libertés religieuses passe par le renforcement de l'Etat de droit

Les acteurs des domaines judiciaire, civil, religieux et académique ont appelé, mardi à Marrakech, lors de la Conférence parlementaire sur le dialogue interconfessionnel, à intensifier les efforts conjoints pour valoriser la protection des religions à travers le développement de l'Etat de droit.

Durant le premier round du panel de haut niveau sous le thème "Travailler ensemble pour la promotion de l'Etat de droit : Bonnes pratiques et défis", les participants à cette conférence, placée sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI, ont mis en avant l'Etat de droit comme moyen de freiner toute pratique abusive qui manquerait de respect aux religions.

S'exprimant à cette occasion, la rapporteuse spéciale sur la liberté de religion au sein de l'Organisation des Nations unies, Nazila Ghanea, a indiqué que l'Etat de droit s'oppose par essence à l'arbitraire, à travers la responsabilisation, l'égalité devant la loi ainsi que son application égale à tous.

Les manifestations et pratiques religieuses sont toujours limitées dans de nombreuses régions, a-t-elle déploré, appelant à légiférer pour protéger le droit de tous à pratiquer leurs croyances et religion, ainsi que de protéger le droit d'apprendre et d'enseigner ces pratiques.

De son côté, le secrétaire général de l'Alliance évangélique mondiale et co-président de Religions for Peace, Thomas Schirrmacher, a appelé les parlementaires et les organisations religieuses à s'engager et travailler de concert afin de renforcer l'Etat de droit à partir des prérogatives des institutions législatives, ainsi que des droits de l'Homme, soulignant également le rôle des leaders religieux dans la protection de l'application des lois.

Il est également impératif de faire face à ce qui pourrait porter préjudice à l'Etat de droit et au respect des religions, précisant que certaines pratiques inacceptables, à l'instar du non-respect des lieux de culte, ne peuvent être enrayés qu'en garantissant le droit, et cela à travers la participation et l'engagement des sociétés.

Le directeur exécutif de Globalethis, Fadi Daou, a souligné, quant à lui, que l'Etat de droit est la base de l'édification de sociétés pacifiques, grâce aux efforts concertés des responsables parlementaires et religieux pour promouvoir et diffuser un système de valeurs communes, mettant en avant la nécessité de restaurer et de renforcer la confiance dans les acteurs du Parlement et les domaines religieux.

Il est également nécessaire de renforcer les points communs entre les responsables politiques et religieux, a-t-il relevé, faisant savoir que le but n'est pas le pouvoir, mais un travail au profit des sociétés et pour l'intérêt commun, à travers une plus grande intégrité et la lutte contre les populismes, en se basant sur des valeurs et non sur des intérêts personnels.

De son côté, l'ancienne députée bolivienne et directrice du Panel international de parlementaires pour la liberté de religion ou de croyance, Fernanda San Martin Carrasco, a exposé l'expérience de l'UIP dans les formations dans lesquelles participent divers experts, ainsi que la mise en place de réseaux pour effectuer un suivi du travail des différents parlementaires, dans le but d'élargir la coopération entre les différentes parties dans la protection des droits de l'Homme.

Les organisations de la société civile constituent un maillon important dans le travail de l'UIP afin de renforcer le travail dans un environnement diversifié, a-t-elle relevé, appelant à une action conjointe entre ces organisations et le Parlement pour renforcer la démocratie et instaurer la confiance entre la société et les différentes parties.

Pour sa part, la présidente du Congrès des députés espagnols, Meritxell Batet, a salué l'expérience marocaine en termes de coopération, de métissage des civilisations et de coexistence entre musulmans, chrétiens, juifs et les différentes religions qui y sont présentes, considérant que le respect de la diversité des individus, quelles que soient leurs appartenances religieuses et de croyance, est la base de la démocratie.

Elle a également appelé à la nécessité d'une mise en réseau et d'une coopération entre les acteurs parlementaires et religieux afin de promouvoir la tolérance religieuse et l'ouverture aux différentes croyances, appelant les chefs religieux à jouer leur rôle dans la lutte contre l'extrémisme dans les sociétés.

Le secrétaire exécutif du comité parlementaire du G5 Sahel, Bahouba Norbert Tankoano, a quant à lui, noté que l'Afrique connaît un recul dans l'application du droit, ajoutant qu'il est nécessaire d'intensifier les efforts pour repenser l'Etat de droit, au vu de la situation dans la région du Sahel, minée par la propagation de groupes terroristes.

Et d'ajouter que le grand défi auquel font face les parlementaires et les chefs religieux va au-delà, dans la région du Sahel, de la discussion autour de la liberté d'expression et de croyance mais devrait s'atteler au droit à la vie, en raison des meurtres et des enlèvements qui ont lieu en instrumentalisant l'Islam, appelant également la communauté internationale à joindre ses efforts à ce niveau.

Organisé par l'UIP avec le Parlement du Maroc, en partenariat avec "Religions for Peace" et avec le soutien de l'Alliance des civilisations de l'ONU et de la Rabita Mohammadia des ouléma, ce conclave connaît la participation de parlementaires, de chefs religieux, de représentants de la société civile qui vont engager un dialogue constructif et échanger sur les meilleures pratiques pour résoudre les principaux problèmes entravant la coexistence durable.

Cette conférence internationale, initiée sous le thème "Dialogue interconfessionnel : collaborer pour notre avenir commun", reflète les rôles importants et multiples joués par l'institution législative nationale, qui s'inspire de l'histoire millénaire du Royaume, riche en épisodes phares et exemples forts de tolérance religieuse et de coexistence.

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