La justice a donné raison à une Soudanaise dans une ordonnance du jeudi 15 juin pour permettre la « réunification familiale » : les autorités françaises ont 72 heures pour faire parvenir des laissez-passer aux filles de cette mère réfugiée en France. L'ambassade française à Khartoum, qui étudiait la demande de visa à ses filles âgées de 9 et 17 ans, a détruit tous ses documents avant son évacuation en raison du conflit sur place, laissant les deux mineures bloquées et sans papiers à la frontière.
Le tribunal administratif de Nantes, dans l'ouest de la France, a rendu une ordonnance de référé jeudi, afin de permettre la « réunification familiale » d'une réfugiée soudanaise et de ses filles. La justice donne maintenant 72 heures aux autorités françaises pour faire parvenir des laissez-passer aux jeunes filles.
La journaliste soudanaise Ranya, réfugiée en France depuis 2020, attend depuis 2022 d'être rejointe par ses filles. La procédure de « réunification familiale » qu'elle avait enclenchée, avait permis d'obtenir un visa pour ses filles âgées de 9 ans et 17 ans. Mais en raison du conflit qui secoue la capitale Khartoum et d'autres parts du pays depuis deux mois, l'ambassade française a détruit tous les documents en sa possession avant l'évacuation de ses ressortissants et employés, y compris les passeports soudanais en attente de visa.
Depuis, les deux jeunes filles restent bloquées, avec leur grand-mère et leurs tantes, sans papiers, à la frontière avec l'Égypte, survivant au jour le jour.
Une première victoire, selon Maitre Héloïse Cabot, avocate dans ce dossier, qui se dit « satisfaite », « parce que ça replace les obligations de l'administration française et sa carence dans la destruction des passeports, dans le fait qu'il appartient aux autorités françaises, qui avaient tardé sur les demandes de réunification familiale, de prendre en charge et d'assurer effectivement la sortie du territoire des filles ». Mais des difficultés persistent, avec un « doute sur l'effectivité »de cette sortie du territoire soudanais.
On a une déception sur le fait que ça ne donne pas droit à la grand-mère et aux deux tantes maternelles de suivre et d'accompagner les filles. Ce qui concrètement va poser des difficultés, parce que là, on ne peut pas imaginer qu'une fille de 17 ans avec sa petite soeur traversent toutes seules la frontière égyptienne. Et donc on a quand même un doute sur l'effectivité de cette sortie. C'est déjà une situation qu'on avait vue au moment de la crise afghane et de la chute de Kaboul.
C'est quelque chose qui est assez fréquent et là, ce n'est pas du tout singulier, parce qu'en réalité, on a été saisis de beaucoup de dossiers : les passeports ont visiblement été très largement détruits à l'ambassade. Donc il n'y a pas que la réunification familiale, il y aussi les demandes de visas plus générales, les membres de famille de personnes qui sont en France, il y a beaucoup de personnes qui sont touchées par cette situation.
L'avocate Me Héloïse Cabot est «satisfaite» dans le jugement sur la réunification familiale, mais s'inquiète de l'application de cette décision