À Maurice, le report des élections municipales à 2025 fait l'objet de plusieurs plaintes en justice. Des citoyens et des partis politiques ont saisi la Cour suprême cette semaine pour dénoncer une décision anti-démocratique du pouvoir. Déjà repoussé à deux reprises, le scrutin devait avoir lieu le 14 juin, mais le gouvernement a annoncé le troisième renvoi le 19 mai. Ce dernier préoccupe les observateurs, dont l'ONG de lutte contre la corruption Transparency Mauritius, qui regrette « une tendance autocratique » dans l'île.
La décision du gouvernement de renvoyer les élections municipales à 2025 provoque une situation juridique sans précédent dans l'histoire de Maurice, pays connu pour sa tradition démocratique. Des citoyens et des partis politiques appellent la Cour suprême de Port-Louis à recadrer le pouvoir. Trois plaintes ont été enregistrées et d'autres devraient suivre.
La Constitution violée ?
Les plaignants accusent le gouvernement de violation de la Constitution, en renvoyant pour la troisième fois en trois ans ces élections, qui concernent les cinq villes de l'île et quasiment la moitié de l'électorat.
Initialement prévu en 2019, le pouvoir a invoqué à deux reprises la pandémie pour repousser l'exercice. Mais le troisième report annoncé le 19 mai passe mal.
Le motif vague et de dernière minute avancé par le gouvernement - à savoir un projet de réforme de l'administration des villes - a provoqué une levée de boucliers politique et médiatique.
« Une tendance autocratique »
L'organisation de défense contre la corruption Transparency Mauritius observe « une tendance autocratique qui a commencé depuis quelques années » à Maurice et déplore que « le peuple se retrouve de l'incapacité de s'exprimer à travers les urnes », dans un communiqué.
Le renvoi des élections dans les villes n'est pas nouveau dans l'histoire démocratique de Maurice. Si ce suffrage suscite moins d'enthousiasme parmi les électeurs mauriciens, il constitue néanmoins un test de popularité pour tout pouvoir en place.