Dakar — Le ministre des Forces armées, Sidiki Kaba, a rejeté la possibilité pour les membres des forces de défense et de sécurité sénégalaises d'être poursuivis en justice devant les juridictions internationales.
"Ceux qui souhaitent que des éléments des forces de l'ordre soient traduits en justice pour des violations des droits des manifestants veulent leur saper le moral", a soutenu M. Kaba.
Il prenait part à une conférence de presse donnée par le gouvernement, sous la présidence du Premier ministre, Amadou Ba.
Les ministres de la Justice et de l'Intérieur, ainsi que leur collègue chargé du Commerce et porte-parole du gouvernement ont pris part à la rencontre.
"C'est une volonté manifeste de vouloir saper le moral des forces de défense et de sécurité en parlant de faits documentés pour leur éventuelle traduction à la Cour pénale internationale", a insisté Sidiki Kaba.
Les forces de défense et de sécurité sénégalaises sont "républicaines et responsables", a-t-il argué, ajoutant que "le Sénégal n'est pas l'enfer des droits de l'homme comme on veut le faire croire".
"C'est de la fanfaronnade et de la peine perdue de parler de la possibilité d'une traduction d'éléments des forces de l'ordre devant la Cour pénale internationale", a lancé le ministre des Forces armées.
"C'est rigoureusement inexact", a martelé M. Kaba lorsqu'il a été interrogé sur des armes que la présidence de la République aurait achetées. "L'achat d'armes est encadré."
Le ministre de l'Intérieur, Antoine Diome, a tenu à préciser qu"'actuellement, nous en sommes à l'étape des autopsies". "Il existe des rapports d'autopsie et des certificats de genre de mort [...] Actuellement, on ne peut pas mettre les forces de défense et de sécurité et les manifestants les uns en face des autres, s'agissant des décès", a poursuivi M. Diome.
C'est seulement lorsqu'il y a la "suspicion d'une implication de forces et de défense et de sécurité ou d'une autre personne [...] qu'on pourra dire qu'il y a un mis en cause, lequel pourra donner sa version", a dit M. Diome, ajoutant : "Il ne faut pas marcher plus rapidement que la justice."
Des voix s'élèvent au Sénégal pour réclamer des poursuites judiciaires contre des membres des forces de défense et de sécurité soupçonnés d'avoir exercé des violences sur des manifestants ou des passants lors des violentes manifestations survenues au Sénégal du 1er au 3 juin, ce que le gouvernement a démenti.
Selon le ministère de l'Intérieur, 16 personnes ont trouvé la mort dans les manifestations survenues après la condamnation de l'opposant Ousmane Sonko à deux ans de prison ferme pour "corruption de la jeunesse".
Amnesty International, dont le bureau pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre est basé à Dakar, a annoncé la mort de 23 personnes dans les violences.
La peine requise contre M. Sonko, qui était jugé pour viol et menaces de mort sur la demoiselle Adji Sarr, est susceptible d'empêcher le maire de Ziguinchor (sud) de se présenter à l'élection présidentielle de 2024, affirment ses avocats en se basant sur le Code électoral.
Des services de l'Administration publique, des banques, des infrastructures routières et universitaires, des mairies, des voitures et d'autres biens publics ou privés ont été saccagés ou incendiés.