Afrique: Lutte contre les flux financiers illicites en Afrique - Des acteurs de la société civile cherchent des solutions

La lutte contre la corruption et les Flux financiers illicites (Ffi) en Afrique doit être menée avec une priorité accordée aux juridictions et mécanismes du continent en la matière. Ceci ressort des travaux des membres de la société civile africaine qui étaient à un événement parallèle aux activités de la 9ème Conférence mondiale de l'Initiative pour la transparence dans les industries extractives qui se tient à Dakar (Sénégal).

Ce séminaire qui s'est tenu sur deux jours (13-14 juin) a été une vitrine pour les participants de discuter profondément sur les Flux financiers illicites estimés à près de 100 milliards de dollars américains, chaque année. Le cas de Glencore a été débattu longuement par les participants venus de nombreux pays africains pour s'entretenir sur le thème : « Aborder les flux financiers illicites dans les industries extractives ».

L'événement organisé conjointement par la Coalition for dialog on Africa (Coda), le Forum civil (Sénégal), l'Union panafricaine des avocats et Trust Africa, avec l'appui de l'Union africaine (Ua), a permis de souligner que si la société Glencore réussit ses pratiques de corruption en Afrique, c'est grâce à la complicité d'africains.

« La faute, ce n'est pas seulement Glencore. C'est nous-mêmes (africains) qui acceptons la corruption », relève un participant venu de la République démocratique du Congo où les ressources minières sont exploitées avec un « manque total de transparence ».

« Sur les 10 voire 15 dernières années, les sociétés minières qui exploitent en RDC ont eu les contrats à travers la corruption », dénonce un membre de la société civile congolaise. Qui rappelle qu'un jugement américain qui a inculpé Glencore, a par ailleurs soulevé la « faiblesse des institutions en Afrique ».

Pour faire face à la corruption et éviter les flux financiers illicites, d'aucuns ont brandi, comme solution, la création d'une Cour pénale internationale anti-corruption. Cela permettra de mener quelque part la lutte et de faire des jugements par contumace, explique-t-on.

Mais d'autres ont émis des préoccupations quant à la faisabilité d'une telle idée car, argue-t-on, les multinationales « sont protégées par leurs pays respectifs » qui voudraient, eux-mêmes, que les jugements de sociétés impliquées dans la corruption se fassent sur leurs territoires.

« Nous devons renforcer nos mécanismes de lutte contre la corruption avant de penser aux mécanismes internationaux », défend un intervenant. Selon lui, on a pas mal d'instruments au niveau africain qui ont besoin d'être renforcés au lieu d'en créer d'autres.

Le Protocole de Malabo qui est considéré comme un instrument juridique déterminant, s'est également invité dans les débats. Selon ce Protocole, la Cour africaine de justice et des droits de l'homme (CAJDH), dont l'effectivité n'est pas encore de mise, aura des compétences étendues afin de couvrir les crimes relevant du droit international et les crimes transnationaux.

Seulement, il a été relevé que sur l'ensemble des pays africains, « il n'y a qu'un seul qui a ratifié ce Protocole de Malabo ». Cela montre, quelque part, le « manque d'engagement des dirigeants africains » dans la lutte efficace contre la corruption.

L'on a aussi souligné le rôle que pourrait jouer la mise en place de « programmes éducatifs pour sensibiliser nos enfants sur la corruption et ses conséquences néfastes ». « Cela permettra à nos enfants de dire non quand, demain, on essaie de les corrompre », soutient-on enfin.

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