Ile Maurice: Maintien du taux directeur à 4,5% | Harvesh Seegolam - «Les secteurs clés ont retrouvé leur dynamisme»

Shelly Carpayen

Tous les éléments de notre situation économique indiquent qu'il ne faut plus maintenir une hausse du taux directeur pour freiner la demande et contenir l'inflation. Le comité de politique monétaire, qui conclut que l'économie est en marche dans la bonne direction avec un secteur du tourisme en plein dynamisme, a décidé de ne rien changer.

Et le sourire est revenu pour les ménages qui ont emprunté des banques pour financer divers projets, dont la construction de maisons ou les études des enfants ; ou encore pour les sociétés qui ont besoin des dépôts dont les banques disposent pour financer des activités. Mais aussi ceux qui ont besoin d'acheter des produits ou services de ces entreprises dont la survie repose sur l'argent en provenance des coffres des banques. Ce facteur de bien-être, c'est Harvesh Seegolam, Gouverneur de la Banque de Maurice (BoM), qui l'a rendu possible en annonçant lors d'une conférence de presse au siège de la banque, hier, que le taux directeur de 4,5 % reste inchangé jusqu'au mois d'août à la prochaine réunion du Monetary Policy Committee (MPC).

Lors de cette conférence de presse, Harvesh Seegolam, flanqué de ses deputy governors Mardayah Kona Yerykunondu et Hemlata Sadhna Sewraj-Gopal, a donné une liste de facteurs qui ont amené les membres du MPC à conclure que le maintien du taux directeur à son niveau actuel. Parmi ces facteurs figurent le fait que les indicateurs économiques soumis par les analystes de renom soutiennent qu'il y a définitivement une amélioration des activités économiques sur le plan global ; l'inflation dans plusieurs pays épouse une tendance à la baisse ; le coût du transport maritime et des commodités enregistrent une baisse.

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La décision du MPC de maintenir le taux directeur à son niveau actuel ne repose pas que sur ce qui se passe sur le plan global, mais également sur la situation locale. «L'économie locale, indique le gouverneur de la BoM,«a pris son envol depuis 2022. Les secteurs clés ont retrouvé leur dynamisme. Une croissance de 8,7 % a été enregistré en 2022, conformément aux prévisions de la Banque centrale et bien au-dessus des prévisions des organisations internationales. Le secteur du tourisme a très bien fait en 2022 en s'offrant un taux de croissance de 200 % après deux années de contraction».

Qu'en est-il de l'inflation ? Sur ce plan, le gouverneur de la Banque de Maurice affiche la satisfaction. «La dynamique des prix», a-t-il indiqué, «caractérisée par l'ajustement des prix aux variations de la demande a démontré qu'il y a eu un assouplissement des pressions inflationnistes dû tant au retour graduel à la normale de la chaîne de distribution à l'échelle mondiale et la baisse du prix des commodités. Le taux d'inflation globale en mai était de 10,6 % comparés aux 11,3 % enregistrés en février 2023. Le taux de l'inflation annuelle était constamment en baisse pour se stabiliser à 7,9 % en mai.»

Harvesh Seegolam a indiqué que le nouveau mécanisme mis en place pour éponger le surplus roupies sur le marché monétaire a eu les effets escomptés. Entre le 16 janvier et le 31 mai 2023, la récupération de roupies en excès sur le marché monétaire se chiffrait en moyenne à Rs 2,4 Mds par jour. Entre le 16 janvier et le 31 mai 2023, la BoM a procédé à l'émission d'obligations assorties d'un taux d'intérêt de 4,50 % par an (7-day BoM Bills) pour une moyenne de Rs 62,6 Mds par semaine.

Pas de souci à se faire au niveau des réserves de la BoM en devises. À la fin de mai, le montant des réserves était de USD 6,4 Mds, soit l'équivalent de dix mois d'importations. Pour le gouverneur de la banque centrale, il n'y a aucun signe que le pays est confronté à un risque d'instabilité financière. «La situation des banques est robuste. Elles disposent d'un capital confortable et de suffisamment de liquidités pour faire face à toute épreuve sur ce plan.»

Autant d'éléments qui ont poussé les membres du MPC à opter à l'unanimité pour le maintien du taux directeur à 4,5 %, un élément incontournable dans la gestion de la politique monétaire, qui est une des principales fonctions d'une banque centrale.

Jayen CHELLUM, secrétaire général de l'Association des consommateurs de l'île Maurice (ACIM)

«Pourquoi n'y a-t-il pas eu de baisse ?» «Il est démontré que l'augmentation du taux directeur n'a pas eu l'effet désiré sur l'inflation. Car elle est passée de 6 % en mars 2022 à 11,1 % en mars 2023. Presque tous les produits ont augmenté, que ce soit la viande, les légumes, le lait ou encore l'électricité. Si l'on voit que l'augmentation du taux directeur n'a pas eu les résultats attendus, n'aurait-il pas fallu qu'il y ait une baisse pour soulager ceux qui ont contracté des emprunts auprès des banques ? Quand on sait à quel point les petits commerces en souffrent.»

Suttyhudeo TENGUR, président de l'Association de la protection de l'environnement et des consommateurs

«Difficile de baisser le taux directeur» «Il n'est pas étonnant que le taux directeur reste inchangé car, si l'on se base sur la tendance internationale, il est très difficile de le baisser si on veut combattre l'inflation.»

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