Tunisie: L'année sans carnet

16 Juin 2023

L'année scolaire s'est terminée. Elle sera inscrite, quelle qu'en soit l'issue tardive de la crise, sous le slogan: rétention des notes, encore et toujours. Les syndicalistes ont sorti cette année l'artillerie lourde en privant les élèves de leurs notes, d'être évalués et de se rattraper si besoin. Ils ont interdit aux parents de prendre les dispositions nécessaires pour mener à bien la scolarité de leurs enfants, une année durant.

Ce fonctionnement réglementé de l'école qui relève d'un service public essentiel, jadis source de fierté nationale, a été distordu par le fait de l'action syndicale. L'histoire retiendra qu'en 2022-2023,les élèves tunisiens, que l'on désignera par la génération des sans-carnets, ont été confrontés très tôt à une réalité amère de la vie; être sanctionnés sans avoir commis la moindre faute et pris en étau à leurs (petits) corps défendant.

A la manière des coureurs, empêchés de découvrir leurs scores et leurs classements à l'arrivée, nos jeunes compatriotes ont vécu ce traumatisme du néant, à l'impact dévastateur et démotivant.

Qu'importe, répliquent les syndicats, vent debout contre le ministère de tutelle !Or, leurs revendications dépassent, et de loin, le domaine réservé du ministère de l'Education qu'ils invitent sans cesse à retourner à la table des négociations, pour soi-disant montrer leur bonne foi. Alors qu'ils ne font que marteler les mêmes exigences sans bouger d'un iota. Les recrutements des enseignants par milliers et des augmentations salariales rétroactives qui engagent directement la présidence du gouvernement et le ministère des Finances et sollicitent des comptes publics à plat, comme c'est connu de tous.

%

Ces mêmes syndicats restent muets face aux dépassements de leurs adhérents qui vont de l'absentéisme récurrent, aux niveaux de compétences lacunaires, parfois carrément insuffisants, en passant par le manque de discipline pour tout ce qui a rapport à l'application des méthodes, et, de rigueur dans l'exécution des tâches. L'on peut juger sur pièce des niveaux d'apprentissage des jeunes générations tunisiennes, invariablement au bas du classement dans toutes les évaluations internationales.

Si le militantisme syndical représente un gage de bonne santé d'un système politique, ses dérives et excès coûtent cher à la communauté nationale et génèrent un rejet populaire de plus en plus prononcé. Le syndicalisme, tel qu'il est pratiqué aujourd'hui en Tunisie, faute de réformes, lui aussi, fait partie de l'ancien monde.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.