Sénégal: Une évaluation des pertes causées par les pillages en cours pour une assistance des victimes, selon Amadou Ba

Dakar — Les pouvoirs publics ont entamé une évaluation des pertes matérielles causées par les violences survenues au Sénégal du 1er au 3 juin, pour connaître "les mesures à prendre au profit des entreprises" et apporter leur "soutien" à "l'ensemble des victimes", a déclaré le Premier ministre, jeudi, à Dakar.

"Une évaluation est en cours pour estimer l'ampleur des pertes matérielles, afin de déterminer les mesures à prendre au profit des entreprises et les mécanismes de soutien appropriés pour l'ensemble des victimes de ces événements", a assuré Amadou Ba lors d'une conférence de presse du gouvernement.

Les auteurs des pillages survenus à Dakar et dans d'autres villes du pays seront traduits en justice, selon le Premier ministre. "Le gouvernement est déterminé à faire la lumière sur les événements récents et à traduire en justice tous ceux qui ont commis des actes répréhensibles. Nous nous engageons résolument à ce que toutes les personnes impliquées dans ces violences répondent de leurs actions", a-t-il promis.

"Des enquêtes sont ouvertes pour déterminer les causes des décès et situer les responsabilités", a insisté Amadou Ba.

Il estime que "les violences notées, les destructions de biens publics et privés ont des répercussions négatives et un coût considérable, qui mettent en péril les emplois, les entreprises locales, tout comme les partenaires de pays amis et l'activité économique en général".

"Le préjudice économique, financier, émotionnel et réputationnel subi par la nation est inestimable", a fait remarquer M. Ba.

Selon le ministère de l'Intérieur, 16 personnes ont trouvé la mort dans les manifestations survenues après la condamnation de l'opposant Ousmane Sonko à deux ans de prison ferme pour "corruption de la jeunesse".

Amnesty International, dont le bureau pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre est basé à Dakar, a annoncé la mort de 23 personnes dans les violences.

La peine requise contre M. Sonko, qui était jugé pour viol et menaces de mort sur la demoiselle Adji Sarr, est susceptible d'empêcher le maire de Ziguinchor (sud) de se présenter à l'élection présidentielle de 2024, affirment ses avocats en se basant sur le Code électoral.

Des services de l'Administration publique, des banques, des infrastructures routières et universitaires, des mairies, des voitures et d'autres biens publics ou privés ont été saccagés ou incendiés.

"Des centaines de milliards de francs CFA perdus"

"Nous condamnons sans réserve, toute forme de violence, de vandalisme et de destruction. Ces actes ne peuvent en aucun cas être justifiés. Ils ne font qu'aggraver les tensions et peuvent engendrer des divisions au sein de notre société", a souligné Amadou Ba.

Il soutient que "les manifestations violentes observées traduisent une entreprise de déstabilisation qui a commencé avec une cyberattaque et s'est poursuivie par des tentatives malveillantes de destruction et de sabotage d'infrastructures vitales et essentielles pour notre pays".

"Aussi voudrais-je rappeler que le gouvernement reste encore [...] engagé pour la recherche de la paix et de la concorde nationale", a déclaré M. Ba.

Le parquet de Dakar a annoncé mardi l'interpellation de 410 personnes soupçonnées d'avoir pris part à des "faits à caractère criminel", faisant allusion aux violences survenues entre le 1er et le 3 juin.

Selon de nombreux médias, plus de 300 personnes ont été arrêtées dans les départements de Keur Massar et de Pikine (ouest) pour leur participation présumée aux violentes manifestations.

Le Conseil national du patronat, l'une des principales organisations d'employeurs au Sénégal, estime que "des centaines de milliards de francs CFA ont été perdus en investissements et en chiffre d'affaires" à cause des violences.

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