Madagascar: Amaigrir pour mieux engraisser

Les boeufs récemment achetés dans le Sud ou dans l'Ouest en octobre, pour en faire des ombimifahy, sont d'abord utilisés au mois de novembre, pour le piétinement des rizières qui remplace le hersage (lire précédente Note).

H. Serres, directeur régional de l'Institut d'élevage et de médecine vétérinaire des pays tropicaux (IEMVT) à Madagascar, indiquent que les animaux effectuent ce travail, sans autre alimentation que le pâturage naturel. Ils maigrissent et se fatiguent. Les éleveurs y voient un double intérêt. D'abord, ils sont employés pour un travail qui ne se fait qu'une fois l'an, pendant une quinzaine de jours.

Ensuite, la fatigue des animaux rend leur adaptation plus facile à la claustration et va accroitre leur appétit dans les jours suivants. Car le boeuf sera mis dans une fosse où il séjournera pendant la durée de son engraissement. La fosse où cela doit se faire, est creusée au flanc d'une pente, ce qui, du côté inférieur, permet un accès pour l'entrée et la sortie du boeuf. Les fosses distribuées autour du village, sont généralement situées sur une pente orientée à l'Ouest afin que les animaux soient à l'abri de l'alizé qui souffle du Sud-Est et bien ensoleillés depuis le milieu de la matinée jusqu'au soir, alors que le soleil est chaud.

Mais, à cause de cet ensoleillement jugé nécessaire, les fosses ne sont jamais couvertes malgré les pluies. Leurs dimensions sont variables, mais souvent le boeuf dispose d'une vingtaine de mètres carrés selon un rectangle plus ou moins régulier. Il arrive que des fosses plus grandes soient divisées par une barrière et reçoivent deux boeufs. Chaque boeuf est toujours isolé pour éviter que l'un n'empêche l'autre de manger. Le sol de la fosse a une pente accusée de manière à ce que l'eau de pluie puisse s'écouler après avoir lavé la litière du zébu. Écoulement qui sera utilisé en-dessous de la fosse pour la fertilisation d'un champ de patates à proximité. Les fosses sont plus ou moins complètement bien équipées.

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Les plus raffinées disposent d'un « bloc d'alimentation » très étudié. Il est essentiellement constitué par une mangeoire en pierre située en hauteur et à laquelle l'animal ne peut accéder qu'en plaçant ses pattes antérieures sur une marche. Un cornadis fait de deux pierres plates placées verticalement isole la tête du boeuf lorsqu'il mange. Au-dessus de la mangeoire se trouve une plateforme accessible à l'éleveur par le bord supérieur de la fosse. Les aliments que l'on va distribuer par fractions y sont entreposés. Auprès de la marche donnant accès à la mangeoire, est placé un rond dans lequel l'eau est renouvelée depuis le haut abreuvoir.

L'ensemble « bloc d'alimentation » est couvert de chaume de manière à ce que les aliments ne soient pas endommagés par les intempéries. Dans toutes les fosses, la mangeoire est en position élevée pour obliger le boeuf à se nourrir tête haute.

Les raisons données par les éleveurs sont diverses. Mais en vérité, le système est parfaitement adapté à la lutte contre le gaspillage et cela favorise une musculature de l'arrière-train.

« On remarque, en effet, que les boeufs de fosse ont tous une fesse plus rebondie que les zébus d'herbe. » Le boeuf qui vient d'être enfermé, n'est pas habitué à recevoir une nourriture intensive non pâturée. Il y a une période d'adaptation qui dure environ un mois. On lui donne d'abord de la paille de riz, puis de l'herbe coupée qu'il consomme de plus en plus volontiers. Lorsqu'il y est habitué, on ne lui sert plus que de l'herbe. S'y mêlent un peu de paille de riz poussant sur les diguettes et quelques autres graminées sans importance pondérale.

À cette herbe humide (85% d'eau) on ne peut attribuer que très peu de fourrage au kilo. Par contre, sa teneur entière azotée est importante (2,4% sur produit frais soit 16% sur la matière sèche). On arrive à faire manger au boeuf 60kg de cette herbe chaque jour. « On se trouve donc en présence d'une ration abondante sur le plan énergétique, riche en matières azotées brutes ainsi qu'en carotènes. Et les animaux qui n'arrivent pas à développer leur appétit pour consommer une ration de cet ordre, sont éliminés et revendus. »

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