La BBC a consacré, mardi soir, une émission à la découverte de jeunes créateurs marocains qui s'inspirent des traditions pour exprimer des idées nouvelles et participer au renforcement des liens du Maroc avec ses racines africaines.
Pour le premier épisode de l'émission "Africa Rising" consacré au Maroc, "la destination touristique la plus populaire d'Afrique", la journaliste Afua Hirsch est allée à la rencontre de jeunes qui réinventent et s'approprient la culture de leur pays .
Une approche audacieuse et novatrice qui remodèle la perception de l'Afrique
L'émission débute à Marrakech avec le photographe de renommée internationale Hassan Hajjaj, qui aide la présentatrice du programme à mieux saisir les nuances de ce mélange d'ancien et de nouveau.
Présenté comme l'Andy Warhol de l'Afrique, Hassan Hajjaj prend des photographies qui "canalisent l'essence du Maroc moderne" pour des magazines et des expositions dans le monde entier, attirant des musiciens et des acteurs internationaux et façonnant la façon dont le Maroc est perçu à l'étranger.
L'artiste s'approprie les stéréotypes et les idées reçues pour effectuer une sorte de "recadrage ludique" qui change la manière dont sa culture est perçue à l'étranger, commente la journaliste qui écrit des chroniques régulières pour le quotidien britannique The Guardian.
Par la suite, Afua se dirige vers un studio musical où elle rencontre le rappeur Sigou Marouane. Ce dernier mélange des influences hip-hop américaines avec des sons traditionnels marocains, le tout avec des paroles en dialecte marocain "darija" donnant lieu à une "fusion unique". Dans une brève entrevue, Sigou explique son cheminement artistique et l'évolution du rap au Maroc depuis les années 90.
En s'offrant une balade dans les rues animées de la médina de Marrakech, la journaliste observe l'ancrage des origines africaines dans la culture marocaine, tant au niveau culinaire, vestimentaire, qu'artisanal.
Une donne qu'elle confirme en traversant les montagnes de l'Atlas en direction de l'est du Royaume, pour aller à la rencontre d'une jeune entrepreneuse qui s'est donnée pour mission de maintenir en vie la fabrication traditionnelle de tapis amazighs.
Une influence croissante des femmes sur le paysage culturel
Avec la jeune Sara Allaoui, elle va à la découverte du souk hebdomadaire de Tazenakht où elle se familiarise avec le regain d'intérêt pour les tapis amazighs et le savoir-faire des tisseuses qui maîtrisent un art ancestral "imité partout dans le monde".
Pour Afua, "il est inspirant de voir des jeunes militer pour garder leur héritage culturel en vie". Et pour ne pas s'arrêter en si bon chemin, elle va à la rencontre de la "reine de la Tbourida" Amal Ahamri. La jeune femme raconte l'histoire passionnante qui a permis à la première équipe féminine de cet art hippique de voir le jour.
"Réussir à s'imposer en tant que femme dans une tradition séculaire dominée par les hommes demande beaucoup de résilience et c'est quelque chose qu'Amal a réussi à faire grâce à son amour pour sa culture", réagit Afua, conquise, après avoir essayé d'imiter les cavalières chevronnées.
Dans sa quête de Marocains qui font preuve de créativité, elle rallie ensuite la ville côtière d'Essaouira, berceau des Gnaoua au Maroc. Elle y rencontre le jeune maître gnaoui Rabii Harnoune et découvre un héritage musical inédit qui témoigne parfaitement des échanges culturels entre le Maroc et l'Afrique subsaharienne.
Fascinée par les rythmes entraînants de cette musique, elle découvre également une combinaison assez inattendue grâce à Rabii qui lui présente son travail avec un producteur allemand mixant les rythmes de son répertoire gnaoui de plus de 200 chansons avec de la musique électronique.
Par la suite, la présentatrice de l'émission échange avec Majida Khattari, Zainab Fasiki et Yasmine Hatimi sur l'utilisation de leur art en faveur de l'émancipation des femmes et de la lutte contre les stéréotypes. Avant de conclure son voyage "inspirant" vers ce "nouveau Maroc" avec Rym Fikri, une jeune chanteuse et compositrice dont le succès a dépassé toutes les attentes.