L'ONU a apporté un « un soutien multiforme » au Mali avant le référendum constitutionnel qui doit se dérouler ce week-end, a déclaré vendredi le chef de sa mission de maintien de la paix dans le pays, la MINUSMA, lors d'un exposé devant le Conseil de sécurité.
« Le moment est évidemment particulier pour la Mission, coïncidant avec les discussions sur le renouvellement de son mandat, ainsi que pour le Mali, qui continue de faire face à de complexes défis sécuritaires et autres », a déclaré le Représentant spécial de l'ONU pour le Mali, El-Ghassim Wane, aux ambassadeurs.
Le vote tant attendu de dimanche marque « la première étape du processus devant aboutir à la restauration de l'ordre constitutionnel » et vers les élections présidentielles qui doivent se tenir l'année prochaine à la suite d'un coup d'État en mai 2021. Les citoyens de ce pays d'Afrique de l'Ouest choisiront de soutenir ou non un projet de constitution.
La MINUSMA a été créée à la suite d'un coup d'État et d'une rébellion armée dans le nord du pays en 2012, ce qui a conduit à la signature d'un accord de paix en Algérie trois ans plus tard. Son mandat doit être renouvelé à la fin du mois.
Le lien avec le processus de paix
M. Wane a déclaré que la Mission et l'équipe de pays de l'ONU ont apporté leur soutien à la tenue du référendum, qui était initialement prévu pour le mois de mars.
Elles ont transporté le matériel et le personnel nécessaires, contribué à la formation des membres de l'Autorité indépendante de gestion des élections et diffusé le projet de constitution.
« Les débats qui ont eu lieu au sujet du projet de Constitution auront montré, s'il en était besoin, les liens étroits qui existent entre le processus de transition et le processus de paix. », a-t-il déclaré.
Combler les différences
En ce qui concerne l'Accord de paix, M. Wane a noté que si certains mouvements signataires ont déclaré que leurs intérêts n'étaient pas suffisamment pris en compte dans le projet de constitution, d'autres « appellent à voter 'oui' au référendum ».
La MINUSMA et l'Algérie ont travaillé pour aider les parties à surmonter leurs divergences et « commettant une expertise international pour faciliter une compréhension commune de la relation entre ce dernier texte et l'Accord de paix ».
« Il est ressorti de cet exercice que rien dans le projet de Constitution ne s'oppose à la mise en oeuvre de l'Accord, y compris la prise des dispositions législatives et réglementaires relatives au cadre institutionnel et à la réorganisation territoriale », a précisé le Représentant.
L'insécurité reste un défi
Il a signalé que « la reprise du cours normal du processus de paix permettra de s'attaquer plus efficacement à la situation sécuritaire ».
Celle-ci reste préoccupante a estimé M. Wane pointant « la pression que continue d'exercer l'Etat islamique dans le Nord Est du Mali, dans les régions de Gao et de Menaka, et ses actes incessants de violence contre les populations civiles ».
Les opérations meurtrières des groupes armés dans certaines régions du Mali, affectent les citoyens, les forces de sécurité et les soldats de la paix de l'ONU. Cinq Casques bleus ont été tués et 31 blessés depuis janvier, dans des actes hostiles.
L'insécurité persistante a également un impact sur les activités humanitaires dans un pays où près de neuf millions de personnes auront besoin d'aide cette année.
Une présence stabilisatrice
A l'approche de la fin de son mandat, M. Wane a dressé le bilan du travail de la MINUSMA au cours de l'année écoulée, soulignant les indéniables avantages comparatifs « qui peuvent et doivent » être mis plus effectivement à contribution pour appuyer l'État malien, et plaidant pour un engagement encore plus soutenu du Gouvernement malien à travers un dialogue régulier avec la Mission « pour élargir le champ des possibilités et saisir les multiples opportunités qui existent, au bénéfice des populations »
« En dépit de l'environnement complexe dans lequel elle opère » y compris les restrictions à sa liberté de mouvement, la MINUSMA s'est employée à mettre en oeuvre son mandat « de la manière la plus efficace qui soit », a salue le chef de la Mission et Représentant spécial du Secrétaire général pour la Mali, évoquant son soutien au processus de transition en cours, son rôle dans le cadre de la Médiation internationale dirigée par l'Algérie pour faciliter la relance du processus de paix ; et l'action conduite en appui aux parties pour le maintien du cessez-le-feu.
Il a également salué « l'action stabilisatrice de la présence de la Mission dans les centres urbains et les efforts orientés vers la protection de populations civiles ; l'aide multiforme apportée aux initiatives de l'Etat malien pour la restauration et l'extension de son autorité ; les projets multiples conduits au profit de populations civiles tant dans le Centre que dans le Nord ; et la contribution au développement d'infrastructures ».
Une réponse « résolument multidimensionnelle » de la Mission pour prendre en charge les différentes facettes de la crise que traverse le Mali, s'est félicité le chef de Mission.
Mais si ces efforts sont « cruciaux et constituent pour de nombreux civils un soutien précieux », le Représentant spécial a estimé « que nous pouvons et devons faire plus et mieux, beaucoup mieux, pour que nous puissions nous hisser à la hauteur des besoins, et que notre action réponde mieux aux exigences de l'heure, à la demande de sécurité des populations, qui est certainement la chose la mieux partagée au Mali ».
« Après dix années de présence, je voudrais souligner que la MINUSMA, comme toutes les autres opérations de maintien de la paix des Nations unies, a vocation à créer les conditions de son départ en aidant le Mali à assurer la sécurité de sa population et de son territoire, ainsi qu'à poser les jalons d'une stabilité durable.
« C'est à cette tâche qu'il importe plus que jamais de s'atteler de façon volontariste et dans un esprit de concertation, de coopération et de complémentarité », a conclu M. Wane.
Le Mali demande le retrait « sans délai » de la MINUSMA
Prenant la parole devant le Conseil, le Ministre des affaires étrangères du Mali a pour sa part demandé vendredi le retrait « sans délai » de la MINUSMA, citant une crise de confiance entre les autorités maliennes et la Mission.
« Le réalisme impose de constater l'échec de la MINUSMA, dont le mandat n'est plus à la hauteur des défis sécuritaires du pays », a déclaré le Ministre.
En outre, « la MINUSMA semble être devenue une partie du problème en alimentant les tensions intercommunautaires exacerbées par des allégations d'une extrême gravité qui sont extrêmement préjudiciables à la paix, à la réconciliation et à la cohésion nationale », a-t-il ajouté.
« Cette situation engendre la méfiance de la population malienne et provoque également une crise de confiance entre les autorités maliennes et la MINUSMA ».
S'adressant aux journalistes après la réunion, M. Wane a été interrogé sur la demande du ministre.
Il a répondu que la Mission de l'ONU était mandatée par le Conseil de sécurité et que « nous sommes guidés par la décision que le Conseil pourrait prendre ».