La sortie du gouvernement sur le sujet a été soigneusement organisée. Vendredi, devant le Conseil de sécurité de l'ONU à New York, le ministre malien des Affaires étrangères a demandé le retrait sans délai de la mission de l'ONU au Mali. Quelques heures après, c'est un communiqué officiel qui fait la même demande. Comment réagit-on à Bamako et dans le Nord au sein de la classe politique et dans les associations ?
Pour les partisans du pouvoir, le départ de la Minusma s'impose. Leur argument : en dix ans de présence, la mission de l'ONU au Mali n'a rien réglé. Elle constitue désormais le problème et non la solution...
Ce n'est pas du tout le point de vue de plusieurs associations dans le nord du Mali. À Gao et à Tombouctou par exemple, une frange de la population réclame le maintien de la Minusma et critique durement la décision des autorités de la transition.
« La mission de l'ONU au Mali est le premier fournisseur d'emploi dans le nord, elle investit dans le développement, ce que le gouvernement ne fait pas », explique par exemple un élu malien de la localité de Tombouctou. La Minusma est quand même utile, un sentiment partagé par plusieurs autres interlocuteurs : même si elle n'a pas rempli son objectif de ramener la sécurité aux populations, la Minusma, a soutenu l'emploi et les services de base dans le nord du pays, estimait en mai un représentant de la société civile de Gao sur l'antenne de RFI.
D'autres voix, au sein de la classe politique locale, n'hésitent pas à lier cette annonce au référendum constitutionnel de ce dimanche. Les autorités de la Transition prennent une décision fracassante pour encourager un vote massif lors du scrutin référendaire de ce dimanche, entend-on. Plus pessimistes, des Bamakois s'interrogent : le gouvernement ne demande-t-il pas le départ de la Minusma pour en découdre avec les groupes armés qui contrôlent la région de Kidal ?