Elle porte sur le décaissement d'une forte somme d'argent public, 50 milions de FCFA (76 000 euros) au profit du directeur de cabinet du ministère des Sports, Héritier Doneng, par ailleurs figure centrale de la mobilisation en faveur du réferendum constitutionnel.
Tous les Centrafricains auront ce samedi après-midi l'oeil rivé sur la télévision ou l'oreille colée à la radio pour suivre l'évolution du match opposant les Fauves centrafricains aux Palancas Negras d'Angola. Le match se déroule à Douala, au Cameroun, faute de stade aux normes à Bangui. En cas de succès, les Centrafricains valideront une première qualification pour une Coupe d'Afrique des Nations, en janvier 2024 en Côte d'Ivoire.
La partie est donc potentiellement historique. Mais cela s'arrêterait au sport si une polémique n'entachait pas la rencontre.
C'est par une lettre de décharge que le directeur de cabinet du ministère de la Jeunesse, des Sports et de l'Éducation civique débloque à son profit la somme de 50 millions de FCFA pour « l'environnement du match » Centrafrique-Angola.
Le document signé fin mai par Héritier Doneng a fuité cette semaine sur les réseaux sociaux et provoqué railleries et critiques sur la gestion de l'argent public dans un pays au budget exsangue.
« Diffamation », selon Héritier Doneng
Le porte-parole de la plateforme de la société civile G-16, Ben Wilson N'Guassan, estime ainsi l'affaire « révélatrice de l'opacité dans la gestion des ressources de l'État » : « Il n'y aura aucune reddition de comptes », commente-t-il.
Héritier Doneng se défend : selon lui, cet argent est utilisé pour faciliter le déplacement de quelque 2000 supporters à Douala, dont des officiels, dans le cadre de la « politique sportive du gouvernement ».
La somme vient s'ajouter aux 132 millions décaissés pour ce match au profit de l'équipe nationale, et sa gestion est vérifiée par un administrateur dédié, précise celui qui s'estime victime de « diffamation ».
Il pointe aussi du doigt les dirigeants de la Fédération centrafricaine de football, qui ne répondraient pas selon lui aux demandes des joueurs, notamment dans la gestion des primes, et qui auraient fait fuiter le document pour lui nuire.
Héritier Doneng, chef du parti Front républicain, assure enfin que cet argent n'a rien à voir avec les activités de soutien au réferendum constitutionnel, dont il est un des principaux promoteurs.