Des habitants d'Antohomadinika tapent du poing sur la table. Ils revendiquent un titre foncier des terres qu'ils ont occupées depuis des années.
La circulation aux 67 Ha a été bloquée par des manifestants, hier matin. Il s'agit des habitants d'Antohomadinika Sud. C'est la deuxième fois qu'ils manifestent dans la rue, cette semaine. Ils demandent le soutien de l'État pour éviter leur expulsion de « chez eux », des suites d'une décision rendue par le tribunal. « Nous avons entretenu et occupé ce terrain, pendant 51 ans. Nous avons payé toutes les charges de ce terrain. Donnez-nous un titre foncier ! Ne nous délaissez-pas pour l'intérêt d'une seule personne. », inscrivent-ils sur leurs banderoles qu'ils brandissent un peu partout, dans ce quartier.
Le tribunal a tranché sur le litige qui les oppose au « propriétaire ». « C'est notre adversaire, qui l'a remporté. Ce litige a commencé depuis plusieurs années. Il a gagné le premier procès. Nous avons gagné en Cour d'appel, en présentant les justificatifs de paiement des taxes foncières et des taxes sur le logement. La Cour de cassation a rejeté ce verdict. Aux dernières nouvelles, nous avons perdu. », raconte Lalao Yolande Rasoanjanahary, porte-parole des habitants.
Compte tenu de cette décision, plus de deux cents maisons sont construites illégalement, sur une « propriété privée » d'une superficie de près de 3 hectares. « Cent neuf maisons ont été recensées ici, en 1992. Les maisons ont plus que doublé, trente ans plus tard. », indique le président du Fokontany, Mandresy Tsilavo Rafaliarisoa. Il affirme que presque la totalité de ces maisons n'ont pas de permis de construire. Mais que leurs occupants paient les impôts fonciers sur les propriétés bâties. Ce président du fokontany appréhende les dégâts des éventuelles expulsions et démolitions de maisons. « Ce sera tragique. Des personnes vont en mourir. », alerte-il.
50 ans passés
Les manifestants affirment qu'ils ont cherché à acheter ces terrains à la Société d'équipement immobilier de Madagascar (Seimad), en 1986. « Ces terrains ont été des marécages et des rizières, il y a 50 ans passés. Puis, en 1986, nos parents les ont remblayé et y ont construit ces maisons. Mais on a refusé notre offre. », enchaîne Yolande Lalao Rasoanjanahary. D'autres sources, des anciens du quartier, affirment que ce terrain appartient bel et bien à l'autre partie, celle qui a gagné le litige, depuis toujours. Nous n'avons pas pu avoir sa version des faits. Les concernés directs ne seraient pas sur place.