Sénégal: Cinéfemfest se veut un espace de transmission (coordinatrice)

Dakar — La première édition du Festival africain du film et de la recherche féministes, ouverte vendredi sur l'île de Gorée, se veut un espace de transmission et de partage entre l'ancienne génération de réalisatrices et la nouvelle génération, d'une part, et le public, d'autre part, a déclaré la directrice dudit festival, Rama Salla Dieng.

"On a voulu remettre à l'ordre du jour les oeuvres des cinéastes Safi Faye, décédée en février dernier et Khady Sylla, partie en 2013, sous le thème de l'héritage, parce qu'elles ne sont plus là. Au-delà de l'héritage, Il s'agit aujourd'hui de transmission dans ce sens qu'on a avec nous des réalisatrices de la jeune génération", a-t-elle expliqué.

L'universitaire Rama Salla Dieng, chercheuse en féminismes africains, souligne que l'idée du Cinéfemfest qui se poursuit jusqu'à dimanche, est née d'une "passion" entre elle et deux autres initiatrices : Tabara Korka Ndiaye et Ndèye Débo Seck.

"Tabara Korka Ndiaye a eu l'idée en premier et son projet s'appelait +Souli danan+ (exhumez de grandes dames du cinéma), car Safi Faye, première africaine à réaliser un film commercial, et Khady Sylla ont été de grandes dames qu'on a souvent oubliées", a-t-elle regretté.

Tout a commencé, dit Rama Salla Dieng, par les critiques des films vus et partagés à travers une revue.

"Les retours qu'on avait souvent étaient du genre, c'est beau de nous parler de ces films, mais on ne les a pas vus. Ce que vous décrivez est beau, mais il est préférable de montrer les films et d'en discuter ensemble et c'est comme cela que l'initiative est née", raconte-t-elle.

Aujourd'hui, le Cinéfemfest réunit 30 femmes, en majorité des "féministes" de professions différentes dans le cadre d'un symposium pour discuter autour du travail de ces réalisatrices, et surtout, "libérer la parole des femmes".

Cette rencontre organisée sous la forme d'une retraite de trois jours, va leur permettre de décortiquer le contenu des films proposés.

Elles ont eu à voir le documentaire "Les mamans de l'indépendance" (2012) en présence de la réalisatrice Diabou Bessane, qui exhume l'apport et le rôle joué par les femmes pour l'accession du Sénégal à l'indépendance.

"Aujourd'hui, on parle beaucoup de sororité entre femmes, mais il faut que les femmes prennent conscience qu'elles sont une véritable force de la nature. Il faut qu'elles comprennent que c'est ensemble qu'elles pourront avancer. Ce n'est pas pour rien que le film commence par Yacine Boubou, la reine du Walo. On veut nous donner une image de la femme qui n'existe pas parce que la réalité historique est autre", martèle la réalisatrice, enseignante en genre au Centre d'études des sciences et techniques de l'information (CESTI).

Les participants ont salué le film, surtout pour ce qu'il suscite en elles. "Le film ressuscite quelque chose en nous et nous donne de la force et c'est le rôle de l'art. (...) Le film montre une volonté manifeste d'éteindre la voix des femmes", commente l'enseignante et romancière Fatimata Diallo Ba.

Trois autres films ont été projetés : "Mère Bi" de Ousmane William Mbaye, qui dresse le portrait et le parcours élogieux de la première journaliste sénégalaise, Annette Mbaye d'Erneville.

Il s'en est suivi de la projection de "La monologue de la muette", de Khady Sylla.

La réalisatrice Mariama Sylla a salué "l'immense talent" de sa soeur Khady, qui a toujours voulu transmettre des choses, partager. "On n'est pas dans un cinéma féministe, mais on a voulu montrer notre vision de vie", lance-t-elle.

Le film "Mossane", de Safi Faye a clôturé la journée tard dans la soirée. Ce film porte sur un drame social avec comme toile de fond le mariage forcé et aussi les croyances et les mythes en pays sereer.

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