Ile Maurice: Fouille de la SST, gifles et vol présumé - Des DJs internationaux ne savent plus sur quel pied danser

«L'express» vous en parlait dans son édition du 20 mai. L'affaire a été évoquée dans l'émission «Radar Lepep» sut Top FM mercredi, et qui avait pour invité principal le patron de la SST Ashik Jagai. Qu'en est-il exactement ?

Son nom : Ashik Fulena. Le directeur de Selectro Ltd, compagnie engagée dans l'organisation de soirées privées - avec des DJs internationaux - avait été arrêté le 28 avril par la Special Sriking Team (SST) à son domicile à Flic-en-Flac pour possession de 25 grammes d'héroïne et d'un gramme de drogue synthétique (https://lexpress.mu/article/422595/ashik-fulena-jai-ete-piege-pour-avoirrefuse-lacces-ma-soiree-un-groupe-proche).

L'homme d'affaires affirme avoir été piégé pour avoir refusé l'accès de sa soirée à un groupe proche du pouvoir qui le menaçait de faire intervenir la SST chez lui. Presque deux mois après son arrestation, les artistes internationaux présents à Maurice à ce moment-là reviennent sur les événements qui ont précédéson arrestation.

Rewind. La police avait effectué une perquisition à l'appartement où les DJs séjournaient à Flic-en-Flac et les a maintenus en détention pendant six heures. Dans une missive envoyée au consulat d'Allemagne à Maurice, Tim Beste, l'un des DJs, un Allemand donc, relate la descente de police et la perquisition, qualifiant cet épisode de «traumatisant». Il raconte qu'il a quitté l'appartement tôt le 28 avril car il avait prévu une sortie en mer. «J'ai passé la journée au milieu des eaux turquoise, nous sommes partis voir les dauphins et visiter l'Îleaux-Bénitiers. À mon retour à l'appartement, Riewert (NdlR, l'autre DJ connu sous le nom de Carbon) était dans la piscine avec un autre ami. Quelques minutes plus tard, cinq personnes en civil ont fait irruption en criant : 'Qui est Tim Taste et 'Carbon' ?» explique le DJ dans sa lettre. «Nous nous demandions s'ils étaient réellement des policiers ou des malfrats venus nous cambrioler. Pris de peur, j'ai demandé à Riewert d'envoyer un message à Ashik (NdlR, Fulena pas Jagai), ce qu'il a pu faire pour être remarqué par les policiers», poursuit Tim Beste. «Ces personnes, dit-il, ne nous connaissaient évidemment pas car elles continuaient de demander, 'Qui est Tim Beste, qui est Carbon'.»

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Le DJ allemand allègue que ces cinq officiers ont commencé à fouiller l'appartement - sans mandat de perquisition selon ses dires -, répétant à plusieurs reprises : «Où est la cocaïne ? Où est la marchandise ?» Selon le DJ, sous prétexte de chercher de la drogue, ils cherchaient surtout à piéger Ashik Fulena. «Une fois que tout était sens dessus dessous, ils ont stoppé la fouille, et nous sommes redescendus.

Entre-temps, d'autres personnes étaient arrivées à l'appartement - environ 10 au total. Peu après, Clyde, notre ami mauricien, est également arrivé et semblait très stressé. Sans raison apparente, certains des hommes l'ont giflé. Ils nous ont demandé de mettre tous nos téléphones portables au milieu de la table et ont commencé à les vérifier», relate Tim Beste dans sa lettre. I

l souligne que lors de la vérification des portables, les officiers ont vu que son ami Riewert avait envoyé un message à Ashik Fulena, ce qui lui a valu une gifle. Ils ont ensuite été menottés pendant que la perquisition se poursuivait. «L'agressivité dans la pièce a augmenté. L'un des hommes est sorti et est revenu quelques minutes plus tard avec une batte de baseball et une matraque télescopique. Il a refermé la porte derrière lui, tiré tous les rideaux et a recommencé à crier : 'Où est la marchandise ?' Nous savons que vous l'avez !' Il a frappé les pieds de nos chaises avec sa batte. À partir de ce moment-là, j'étais mort de peur», confie Tim Beste.

Le DJ allemand explique que les officiers ont trouvé une enveloppe contenant de l'argent destiné à son séjour et qu'après leur départ, il a remarqué qu'ils avaient volé 300 euros. Cette situation a duré six heures avant l'arrivée d'Ashik Fulena. Les officiers ont alors arrêté les recherches, car finalement, c'était Ashik Fulena qu'ils voulaient interroger. Celui-ci a été arrêté une demi-heure plus tard à son domicile à Flic-en-Flac, bien qu'il se soit présenté volontairement.

Les DJs ont dû signer une déclaration affirmant que rien n'avait été trouvé, ni endommagé lors de la perquisition et qu'il n'y avait pas eu d'agression... «Pendant tout ce temps, j'étais mort de peur et je me suis dit que je ne voudrais plus jamais vivre une situation comme celle-ci», déclare-t-il.

Ashik Fulena affirme pour sa part qu'il a été victime d'un règlement de comptes et que la drogue a été «plantée» chez lui. Le directeur de Selectro Ltd devait organiser une autre soirée le 29 avril, mais il a été arrêté la veille. Les deux DJs allemands censés animer cette soirée étaient déjà à Maurice et logeaient dans un appartement à Flic-en-Flac, donc. Ashik Fulena avait d'ailleurs déjà commencé à promouvoir l'événement. La police s'est rendue chez eux avant l'arrestation d'Ashik Fulena et les a maintenus en détention pendant six heures pour trouver «la marchandise», confirme-t-il, et ce, selon lui, sans mandat de perquisition.

Traumatisé par cet épisode, Tim Beste a ainsi écrit au consulat allemand ainsi qu'à la National Human Rights Commission pour dénoncer les agissements des policiers de la SST ce jour-là.

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