Lettre ouverte
- A son Excellence Félix Tshisekedi Tshilombo
Président de la République Démocratique du Congo.
Copies pour information :
- A l'Honorable président du Sénat;
- A son Excellence Monsieur le Premier Ministre ;
- A l'Honorable président de l'Assemblée Nationale ;
- Aux membres du bureau la CENI ;
- Aux autres dirigeants congolais.
Excellence Monsieur le Président de la République,
Après la détérioration du climat sécuritaire à l'Est du pays, avec le M23 soutenu par le Rwanda, et à l'Ouest du pays, avec le phénomène Mobondo soutenu par des mains noires non autrement identifiées, le climat politique se délétère à son tour causant des sérieuses préoccupations aux seins de la population, particulièrement dans les deux plus grandes villes: Kinshasa et Lubumbashi.
En effet, la répression de la marche de l'opposition du 20 mai, les arrestations de certains membres de l'opposition, les arrestations arbitraires au sein de la classe politique (y compris des membres de l'Union sacrée) et des autorités traditionnelles, l'activisme à Kinshasa et à Lubumbashi de la milice pro-UDPS (force du progrès) qui terrorisent les paisibles citoyens, tout cela suscite des grandes inquiétudes au sein de la population. Cette dernière redoute la dérive dictatoriale du régime caractérisé par son attitude liberticide à l'égard de l'opposition politique pacifique, l'intolérance et la tentative de musellement de la population.
Par ailleurs, la fracture sociale causée par les privilèges que le régime accorde à ses proches au détriment des autres congolais est de plus en plus perceptible. La crise socio-économique qui s'accompagne des plusieurs promesses non tenues du Gouvernement (accord de Bibwa entre le Gouvernement et les professeurs des universités, accord de Bibwa entre le Gouvernement et les médecins, les infirmiers et les autres professionnels de santé). Tout ceci a créé un climat désagréable qui lamine tous les efforts de recherche de la cohésion.
Cependant, c'est dans ce contexte que la CENI veut organiser les élections avec un fichier dont l'audit bâclé dénoncé par plusieurs organisations de la société civile et une partie importante de la classe politique.
La population doute déjà de la transparence des élections. Par ailleurs, la loi électorale injuste empêche les citoyens de la classe moyenne d'exercer leur droit constitutionnel de postuler comme candidat aux élections, faute des moyens financiers pour les dépôts des candidatures. Ceci consacre l'établissement dans notre pays d'un régime oligarchique où seulement les riches (dont la majorité ont détourné l'argent de l'Etat) peuvent payer des cautions pour des candidats qui vont défendre leurs intérêts (et non ceux de la population).
En outre, cette loi contient des germes des conflits post-électoraux (nous avons eu à le stigmatiser à plusieurs reprises déjà). Le processus électoral est déjà décrié par beaucoup des congolais, à travers les médias et les réseaux sociaux, cela présage des sérieux conflits post-électoraux susceptibles de mettre gravement en péril la paix déjà sérieusement éprouvée.
Malgré tout cela, les dirigeants de notre pays ne semblent pas s'en préoccuper. Ils semblent vouloir à tout prix organiser dans un contexte chaotique dont d'aucuns savent que les élections dont d'aucuns savent que les résultats seront contestés. Ce qui risque de causer des troubles à travers le pays.
Cette attitude des autorités n'est pas de nature à rassurer la population sur la paix et la stabilité. Les congolais redoutent les troubles post-électoraux qui risquent d'entraîner le pays dans la guerre civile et la balkanisation.
Raison pour laquelle, Monsieur le Président de la République, nous lançons un appel solennel à votre endroit, afin que vous preniez vos responsabilités, en tant que garant de la paix et de la cohésion nationale, pour convoquer le plus tôt possible les congolais, toutes tendances confondues, autour d'une table dans un forum national au cours duquel nous allons discuter de l'avenir de notre pays qui semble être sérieusement en danger.
Ce forum va permettre de trouver des solutions idoines qui privilégient la paix et l'unité de notre pays.
Monsieur le Président de la République, nous vous prions de ne pas écouter les opportunistes et les irresponsables qui ne voient que leurs intérêts immédiats et vous poussent d'aller à tout prix aux élections qui leur permettrons de garder leurs postes politiques et privilèges.
Ne jouons pas avec le feu en voulant à tout prix un processus électoral, germe des contestations, déjà décrié par une grande partie de la population. Vous êtes le seul à avoir prêté serment devant la nation toute entière comme garant de la paix, de la sécurité des congolais et de l'unité nationale.
Vous seul êtes redevable devant cette population au premier plan.
Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République, l'expression de notre sentiment patriotique.