Les Maliens étaient appelés aux urnes dimanche 18 juin pour dire « oui » ou « non » au projet de Constitution proposé par les autorités de transition. Les résultats sont attendus dans les jours qui viennent et, à ce stade, les autorités n'ont annoncé aucun chiffré. Mais la Mission d'observation électorale parle déjà d'un taux de participation de 27 %, un chiffre en deçà de l'habituel au Mali.
Rassemblant plusieurs organisations de la société civile et qui avait déployé plus de 3 000 observateurs dans le pays, la Mission d'observation des élections au Mali a estimé la participation à 27 %. Un chiffre un peu en deçà des habitudes électorales des Maliens : un peu plus de 34 % des électeurs avaient fait le déplacement pour le deuxième tour de la dernière présidentielle en 2018, près de 36 % pour les législatives de 2020, par exemple.
Si ce taux de 27 % est confirmé par les autorités de transition, il donnera la mesure de l'engouement que suscite ou non le projet constitutionnel, en faveur duquel le gouvernement de transition et ses soutiens se sont massivement mobilisés.
Il donnerait également la mesure des difficultés auxquelles les autorités ont été confrontées pour organiser ce vote.
Le scrutin a été jugé « illégitime » par une partie de la classe politique, qui appelait à le boycotter. D'autres appelaient à voter mais pour rejeter un texte qui renforce fortement les pouvoirs du président. Les soutiens des autorités appelaient au contraire à voter massivement le nouveau texte afin d'avancer vers le retour à l'ordre constitutionnel et de doter le pays d'institutions jugées plus adaptées.
Des présidents de bureaux de vote enlevés, des urnes volées, des tirs entendus
Le vote n'a pas pu se tenir sur l'ensemble du territoire. Il n'a notamment pas eu lieu à Kidal (Nord), contrôlée par les ex-rebelles indépendantistes de la CMA, signataires de l'accord de paix de 2015 et opposés à ce projet constitutionnel.
La Mission d'observation électorale a également relevé une longue série d'empêchements dans le centre du Mali : dans les cercles de Niono et de Djenné, les présidents de plusieurs bureaux de vote et des assesseurs ont été enlevés par des hommes armés. Des urnes ont été volées dans les cercles de Nara et de Koulikouro, d'autres brûlées dans le cercle de Diema.
Plusieurs dizaines de bureaux de vote n'ont pas pu ouvrir à cause de la menace terroriste, ou ont été fermés de façon précipitée : soit à cause d'attaques, soit parce que des tirs étaient entendus à proximité. C'est ce qu'ont constaté les observateurs pour les cercles de Bankass, Bandiagara, Niono, Nara, Koro, notamment : la liste n'est pas exhaustive.
Plusieurs ministres et même le président de transition, le colonel Assimi Goïta, ont communiqué le jour du vote pour inciter la population à se rendre aux urnes et à soutenir le projet de nouvelle Constitution. Mais à ce stade, aucune communication officielle n'a eu lieu sur le déroulé du scrutin, ni de la part du gouvernement malien, ni de la part de l'Autorité indépendante de gestion des élections.