Ile Maurice: Décès de sir Bhinod Bacha - Défilé de personnalités et témoignages

La dépouille de «Sir Bhinod» vivait encore de tous les hommages rendus au funérarium de Moura, à Petite-Rivière, hier le dimanche 18 juin. Les funérailles de cet ex-«Senior Adviser» au bureau du Premier ministre, mais toujours aussi présent, ont lieu ce lundi 19 juin. Lady Joyce Castellano-Bacha a été la plus éloquente...

Ministres, connaissances, proches et anciens collaborateurs. Ils étaient nombreux à s'être rendus au funérarium Moura, à Petite-Rivière, pour rendre un dernier hommage à sir Bhinod Bacha. Un hard-worker, un gestionnaire hors-pair, un homme intelligent ou encore un «chacha» avec un excellent sens de l'humour. Les témoignages ne manquent pas alors que les funérailles auront lieu ce lundi 19 juin à 12h30, avec le convoi mortuaire qui quittera Petite-Rivière pour se rendre au crématoire de Solferino, à Vacoas.

Joyce Castellano-Bacha est arrivée au funérarium, hier, visiblement éprouvée. Elle n'a pas manqué de rappeler les derniers moments de l'homme avec lequel il a vécu ces dernières vingt-cinq années. «Je pense être vraiment la seule à le connaître. Nous avons vécu ensemble pendant plus de 25 ans. Nous sommes passés par des épreuves. Cela a été un choc car il me disait hier (NdlR, samedi) : je veux vivre jusqu'à 100 ans pour vous emmerder», se remémore-t-elle (voir témoignage). D'une voix douce et calme, elle défend l'ancien haut fonctionnaire face à ceux qui disent qu'il a été rattrapé par le karma. «Son heure de mourir était arrivée. Il a bien vécu. Il a tout fait. C'est ridicule de parler du karma», maintient-elle.

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Une autre lady s'est également déplacée pour rendre hommage à un sir. Lady Sarojini Jugnauth a bien connu l'ancien chef de la fonction publique quand sir Anerood Jugnauth était le Premier ministre. Elle parle de bons souvenirs et le considère comme un homme qui a été très efficace. Le président du Mouvement socialiste militant et ministre de l'Énergie, Joe Lesjongard, a également fait le déplacement, un bouquet de fleurs à la main. L'ancien conseiller auprès du bureau du Premier ministre travaillait avec son leader, Pravind Jugnauth, quelques heures avant l'accident fatal.

«Il était connu à Maurice et à l'étranger car c'était un homme de rigueur et discipliné.» Kavy Ramano, ministre et également député de la circonscription de Quatre- Bornes, parle d'une très grande perte pour le pays. «C'était un grand humaniste, ayant un grand attachement au pays. C'était connu à Quatre-Bornes. Il se rendait au marché pour s'entretenir avec les maraîchers», se remémore-t-il. Le ministre Bobby Hurreeram était aussi présent.

Nombreux sont ceux qui se souviennent que Bhinod Bacha a côtoyé différents chefs du gouvernement issus des différents partis politiques. C'est probablement pour cette raison que d'anciens ministres du Parti travailliste se sont rendus à Petite-Rivière. Mireille Martin, ancienne ministre des Droits de la femme, maintient qu'elle a connu Bhinod Bacha avant même qu'elle ait entamé sa carrière en politique. «Il était dévoué à son travail.» La présence de Rashid Beebeejaun, l'ancien Premier ministre adjoint, n'est pas passée inaperçue.

Il n'y avait pas que de personnalités politiques. Des proches et des amis ont également défilé devant la dépouille de l'ancien fonctionnaire. Prem Jodha, ancien président de la Mauritius Football Association, se souvient de lui comme d'un homme de parole. Falken Bacha, son petit frère, regrette son départ. «C'était un bon frère. Sa fin est tragique. C'est la vie», se console-t-il. La députée du Mouvement militant mauricien et nièce du défunt, Karen Foo Kune-Bacha, se souvient de lui comme d'un bon «chacha».

Joyce Castellano-Bacha «Vivre jusqu'à 100 ans pour vous emmerder»

Je pense être vraiment la seule à le connaître. Nous avons vécu ensemble pendant plus de 25 ans. Nous sommes passés par des épreuves. Son départ est un choc. Il me disait: «Je veux vivre jusqu'à 100 ans pour vous emmerder.» Il a travaillé jusqu'à minuit, vendredi, avec le Premier ministre, pour repartir le lendemain, samedi. J'étais à Grand-Baie et il m'a dit qu'il allait m'envoyer quelque chose à manger, disant qu'il allait prendre la voiture pour aller travailler. Je croyais qu'il avait eu un accident de la route en voiture, mais l'accident est survenu lorsqu'il est descendu de chez nous.

Une voiture ne s'est pas arrêtée dans le parking. Il a fait trois arrêts cardiaques dans l'ambulance. Il a eu une fracture du crâne. Vu son état, le médecin nous a fait comprendre que les blessés comme lui ne survivent pas. Nous avons compris que c'était une question d'heures. C'était un choc. Je tiens à le dire. Il y a beaucoup de gens qui parlent de karma. Il avait 80 ans, mais il était plein de dynamisme. Il a bien vécu. Il a travaillé. Le travail était son plaisir. Il a voyagé dans le monde entier. Il a côtoyé tous les Premiers ministres et ministres.

Il a tout fait. Son heure de mourir était arrivée. Quand les gens parlent de karma, c'est ridicule. C'était un homme qui avait tout accompli dans sa vie. Tout le monde doit mourir. Lady Diana est morte dans un accident de voiture à 30 ans. Nous sommes très tristes. Il avait son caractère, mais il ne vous disait pas les choses pour ensuite les regretter.

Karen Foo Kune-Bacha, nièce du défunt et députée du MMM: «Nous sommes très bouleversés»

J'ai toujours entendu parler de sir Bhinod Bacha comme d'un homme brillant. Mais en rejoignant la famille Bacha, j'ai découvert une autre facette de chacha Bhinod. Dès notre première rencontre, nos personnalités ont accroché. Je l'ai toujours apprécié, avec sa bonne humeur et sa joie de vivre. Tout cela nous manquera. Je l'ai connu comme un éloquent orateur, et il avait fait un discours pour mon mariage tout comme pour l'anniversaire de mon enfant.

D'ailleurs, lors de mon mariage et à chaque occasion qu'il prenait la parole en ma présence, il disait avec humour : «Il y a un Bacha qui pose des questions au Parlement, mais c'est un autre Bacha qui prépare les réponses.» Son départ nous affecte et nous en sommes très bouleversés. C'est très difficile à gérer. Malgré son âge, il était aussi en meilleure forme que vous et moi. C'est pour cette raison qu'il était toujours conseiller au bureau du Premier ministre.

Suresh Seebaluck, ancien chef de la Fonction publique: «Un hard worker»

J'ai appris la nouvelle avec tristesse. Il est rentré dans la fonction publique juste après l'Indépendance. Il était enseignant et le gouvernement cherchait des Mauriciens pour diriger l'administration du pays. C'est dans les années 80 que j'ai commencé à le côtoyer. Il est un des meilleurs fonctionnaires que le pays ait eus après l'Indépendance. Il avait ses faiblesses comme n'importe qui ; mais il dirigeait la Fonction publique d'une main de fer. Il était l'homme fort. J'ai été témoin quand il chapeautait l'organisation de grands événements à Maurice. J'ai en mémoire la visite du Pape Jean-Paul II. Il était très intelligent et c'était un hard worker.

Sarojini Jugnauth: «C'est bien triste»

C'est bien triste. Je présente mes sympathies à la famille. Il était une personnalité qui a travaillé avec sir Anerood Jugnauth. Il a toujours été à ses côtés pour les conférences et pendant les prises de décision. C'est ainsi que je l'ai connu, comme un gentil homme et un fonctionnaire exemplaire. Il était très efficace. Nous avons de bons souvenirs ensemble.

Jaya Veerapen, ex «Senior Chief Executive» au ministère de la Santé: «J'ai beaucoup appris de lui»

Alors que j'etais assistant secrétaire, j'ai travaillé pendant cinq ans, de 1986 à 1991, au bureau du Premier Ministre sous sir Bhinod Bacha qui était alors comme Secretary for Home Affairs. Sir Bhinod était sans conteste un grand bosseur. Il ne rechignait jamais quand il devait travailler durant de longues heures, même pendant la nuit quand les circonstances l'exigeaient. J'ai beaucoup appris de lui. Il se dégageait en sa présence une ambiance qui inspirait son personnel à oeuvrer efficacement.

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