Madagascar: 1862, le premier drapeau américain flotte à Toamasina

Si au début, Ranavalona Ire a un préjugé favorable vis-à-vis des Américains parce qu'ils n'ont aucune prétention territoriale sur la Grande ile et leur accorde le monopole de tout le commerce sur le territoire, elle change vite de politique.

Selon l'archiviste-paléographe Jean Valette (Les relations américano-malgaches aux XVIIIe et au XIXe siècles), soit par pure xénophobie soit à cause de la contrebande, fin 1845, tout est également interdit aux Américains. Les plaintes du consul Ward, en poste à Zanzibar, à Ranavalona Ire apportent de précieux renseignements sur les activités américaines à Mahajanga : des marchandises de grande valeur sont bloquées, du moins saisies, certaines étant périssables.

Ce n'est qu'en mai 1846 que l'autorisation de commerce est de nouveau donnée aux Américains alors que pendant quelques années, les navires français et anglais sont interdits des ports malgaches. Quelques années plus tard, l'accession au trône de Radama II « libéralisa entièrement les rapports avec les puissances étrangères et ouvrait une ère nouvelle ».

Hormis quelques interventions du consul américain en poste à Zanzibar, jusqu'en 1860 les relations américano-malgaches se placent « exclusivement » sur le plan commercial où seuls interviennent des intérêts particuliers. « La politique intransigeante de la reine Ranavalona Ire qui s'opposa pendant son long règne à l'établissement à Madagascar d'agents étrangers, suffit d'ailleurs à l'expliquer. » Il faudra donc attendre qu'elle tourne le dos et que son fils accède au trône, « pour voir se dessiner l'idée d'une représentation officielle américaine à Madagascar ».

Un Bostonien, Whitemore, réside à Madagascar en juillet-août 1861 au moment où Radama II monte sur le trône. Il adresse dès son retour dans son pays, en décembre 1861, une lettre au secrétaire d'État William Seward pour attirer son attention sur la Grande ile. Il est, en effet, frappé par « l'activité des groupes français et anglais autour du jeune souverain ».

C'est pourquoi il vante les richesses du pays et insiste surtout « sur l'intérêt qu'aurait la flotte américaine à posséder un port d'attache dans l'océan Indien, à Madagascar tout particulièrement ». Une correspondance s'ensuit entre Seward et Whitemore, mais la guerre de sécession qui vient d'éclater aux Etats-Unis ne permet pas de nouvelles initiatives. Néanmoins, il est certain que c'est en 1862 que se nouent les premières relations consulaires américano-malgaches, l'initiative venant du consul américain à Maurice, Thomas Shaukland.

Ce dernier constatant que la France et l'Angleterre ouvrent des consulats à Madagascar, pense qu'il est « conforme à la grandeur des États-Unis d'en faire de même ». Le 20 septembre 1862, il désigne Jules Xaver comme agent consulaire à Toamasina, l'investit des fonctions dépendant de sa charge et l'autorise à arborer sur sa maison le drapeau américain.

Le successeur de Shaukland, Meller, confirme Xaver par une lettre du 29 juin 1863. Toutefois, très vite Meller annule la commission donnée à Xaver, « soit qu'il ait relu ses instructions, soit qu'ayant consulté un manuel, il s'aperçut qu'il avait sans doute outrepassé ses pouvoirs et il annulait la commission donnée à Xaver». Dans une lettre du 23 octobre 1863 adressée au secrétaire d'État, Xaver expose ses vicissitudes et lui explique la situation politique de la Grande île, la situation florissante des intérêts américains et les dangers qui les menacent.

« Les relations franco-malgaches sont tendues à la suite de l'annulation de la Charte Lambert et la non-ratification du traité de 1862. » Une guerre risque de s'ensuivre, qui mettra en péril les intérêts américains, « malgré le désir des autorités malgaches d'encourager en ces moments difficiles le commerce avec l'Amérique ». C'est pourquoi Xaver insiste sur la nécessité de maintenir, sinon de créer, un poste consulaire américain à Toamasina « et il demanda naturellement à en être investi ».

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