Présidente du Conseil d'administration de Madagascar Airlines, Rinah Rakotomanga révèle les dernières informations de cette compagnie.
Quelle est aujourd'hui la situation de Madagascar Airlines sur le plan du nombre des vols?
Madagascar Airlines aujourd'hui est en phase finale de préparation au décollage pour imager ou décrire la situation. Nous sommes en plein embarquement des passagers et bien entendu nous en avons en inad, comme on dit, donc nous allons essayer de les débarquer et chercher à remédier à la situation.
Sur le nombre de vols, pour les vols intérieurs, nous essaierons de satisfaire autant qu'on peut la demande avec les moyens du bord mais sur ce point, je reste optimiste. D'ici mi-juillet nous aurons quatre ATR de disponibles pour assurer les vols intérieurs et d'ici fin juillet le cinquième entrera en service pour pouvoir desservir l'ensemble du territoire. L'objectif étant de le desservir deux fois par jour chaque destination.
Nous étions partis de loin, nous avons commencé avec un ATR, nous en avons fait voler trois, rendu un qui était en fin de contrat et nous ferons voler les autres d'ici peu avec l'aide et la bonne volonté de tous les acteurs concernés. Et pendant la haute saison pour le long courrier Europe, nous allons opérer deux à trois vols par semaine pour rester mobile sur le marché européen.
Nous allons travailler encore plus dur pour conclure dans les meilleurs délais possibles les avions en dry lease pour le long courrier car l'ACMI est trop coûteux pour nous. C'est une solution temporaire qui n'a que trop duré mais toujours est-il que les financiers nous suivent. Ceci est une autre paire de manche et un autre défi.
Où en êtes-vous avec le plan de redressement?
Vous voulez parler du redressement d'Air Madagascar et de sa filiale Tsaradia? Les actions y afférentes suivent leur cours normal. Le Tribunal va bientôt proposer la tenue de l'assemblée concordataire pour décider du sort des dettes de ces compagnies après la vérification faite par la Cour des Comptes sur les créances douteuses. Après cela, les deux structures auront la décision de justice les concernant incessamment. Sachant qu'il n'est pas question de liquider ces entreprises, il faut les sauver et les mettre sur les rails en réajustant leurs activités.
Concernant Air Madagascar, elle deviendra un holding pour gérer ses placements dans ses cinq filiales et pour Tsaradia nous avons un projet pour la faire travailler avec les compagnies privées et pourquoi pas reprendre le centre de maintenance qui devrait être un centre de profit en réorientant ses activités. Vous savez, tout est assez sensible dans le monde aérien et il faut savoir s'adapter au changement qui risque d'arriver à tout moment.
Qu'en est-il de l'avenir d'Air Madagascar et de ses employés?
Concernant les employés d'Air Madagascar et de Tsaradia, ceux qui souhaitent continuer après l'adoption du concordat, vont aller chez Madagascar Airlines avec toutes les obligations que cela incombe. Ceux qui veulent partir en rajout au départ volontaire et mise en retraite et démission, pourront partir vers d'autres horizons. C'est la liberté totale pour les salariés après.
Sachant qu'à ce jour, ils n'ont plus de créances envers la compagnie car ils ont eu le statut de créanciers super privilégiés et donc leurs dus ont été régularisés au mois d'avril dernier comme promis. La règle au sein de Madagascar Airlines est claire, une obligation de résultats suivant le poste et la compétence requise.
Quand l'Embraer e2 190 va-t-il débarquer?
Je sais que cet avion est très attendu aussi bien du public que de nos personnels. C'est une grande bouffée d'oxygène pour nous. L'Embraer 190 E2 devrait venir avant la fin du mois de juin. C'était la promesse du Président et nous en avons fait la nôtre mais malheureusement cela accuse quelque retard en termes de livraison. Des contraintes techniques et financières nous obligent à revoir notre calendrier et on s'y attèle.
C'est important pour nous son arrivée afin d'assurer la liaison inter îles et les liaisons comme Diégo - Tana, Fort Dauphin Tanà, Tuléar-Tanà qu'on fait habituellement en deux heures, ce serait en une heure dès la mise en service de cet avion. Il en est de même pour les vols régionaux avec une capacité plus grande et un confort très intéressant pour les passagers. Vous savez, les aléas de la vie existent mais la façon dont on se relève après des sabotages c'est l'essentiel. Nous y arriverons coûte que coûte, vaille que vaille. Nous devons en tant que compagnie nationale assurer le désenclavement de notre île et la liaison interne afin de contribuer au développement économique du pays.
Votre avis sur le nombre des vols qui viennent et partent de Madagascar?
L'objectif du gouvernement au début était d'avoir 500 000 touristes en 2023. Après le lockdown de deux ans, tous les spécialistes de l'aviation civile prévoyaient une reprise du flux de voyageurs mondiaux en 2024. Mais la réalité du terrain a tout changé et a chamboulé le monde aéronautique comme à l'arrivée de la Covid, la guerre en Ukraine, les donnes ont changé car il y a la déclaration de zone de paix pour la zone océan Indien et de ce fait, le trafic reprend comme à son statut de 2019 voire à plus de 50% que cette année pour la zone océan Indien.
Et mine de rien, la promotion de Madagascar faite par le ministère du Tourisme et le groupement d'hôteliers à Madagascar ont porté ses fruits. Donc progressivement, ici à Madagascar nous avons atteint le niveau de 2019. Les compagnies desservant Madagascar augmentent leurs fréquences et plusieurs ont déjà repris leur niveau de 2019. Nous n'avons aucun droit de les empêcher d'opérer car les secteurs du tourisme et du transport, à eux deux, constituent un levier de développement économique et social important.
Les compagnies sont les bienvenues mais nous souhaitons un open-sky maîtrisé afin de préserver quand même notre compagnie nationale. Sachant qu'à l'horizon 2025, l'Etat prévoit 1 000 000 de touristes, donc la compagnie nationale à elle seule ne sera pas capable d'assurer cela donc la coopération avec toutes les compagnies de desserte Madagascar est vivement recommandée et appréciée à sa juste valeur sans mettre en péril la situation de la nôtre.