Togo: « Le pays a besoin d'un régime parlementaire pour avancer », d'après Dr Spieker

La Conférence des évêques du Togo,

Le problème que subit l'Afrique aujourd'hui ne date pas d'aujourd'hui mais il n'y a pas des leaders sérieux pour mettre fin à cela. Des vrais bâtisseurs de l'Afrique, il n'y en a pas.

Ceux qui ont lutté pour l'indépendance de leur pays, sont ceux qui ont fait le vrai travail. Mais parmi eux, il y a des leaders dont la liberté de l'Afrique n'était pas leur souci premier ou priorité première. Aujourd'hui encore, cette catégorie d'hommes politiques, on en trouve parmi les leaders politiques dans chaque pays africain. Tant que la population laisse ceux-là venir au pouvoir, l'Afrique ne peut jamais avancer. Le problème est que les populations n'arrivent pas souvent à déceler leurs idées, leurs vraies motivations en politique quand ils étaient dans l'opposition.

Prenons le cas de Macky Sall au Sénégal qui est en train de brouiller ses intentions concernant le 3è mandat alors que la Constitution sénégalaise ne le lui permet pas. Les Africains et leur rapport avec le pouvoir sont pareils. Il n'y en a pas de bons ou de mauvais. Ils ont tous grandi dans le même milieu et voient comment fonctionne le pouvoir en Afrique avec la corruption érigée en règle.

Quelqu'un qui a grandi dans un milieu agira de la même manière que ses aînés dans ce milieu s'il prendra aussi le pouvoir. Les sociologues le savent. C'est ce qu'on doit s'efforcer de changer, cette mentalité, cette culture qui nuit à l'Afrique et freine son avancement.

Moi, je ne fais confiance à aucun leader politique africain même dans mon propre pays ici au Togo et je le dis à qui veut l'entendre. Regardez ce qui se passe au Sénégal. Qui pensera que Macky Sall agirait de la sorte en cherchant le 3è le mandat ? Quand Faure Gnassingbé quitte le pouvoir aujourd'hui, celui qui le succédera, si c'est parmi ces opposants que je vois au Togo, rien ne changera d'une manière notable dans ce pays. Il faut un homme de la diaspora qui a la culture de la rigueur dans sa tête pour changer ce pays et changer aussi la mentalité des gens pour éradiquer la corruption au Togo surtout dans les services administratifs.

Au départ s'il veut accéder au pouvoir, l'homme politique africain fait croire qu'il est le vrai démocrate et qu'il pense aux intérêts de son pays. Une fois qu'il accède au pouvoir, il se comportera de la même manière que son prédeceseur et des fois même pire que lui. Prenons le cas d'Alpha Condé de Guinée qui a longtemps combattu ses prédécesseurs et pourtant a fini par changer la Constitution pour se maintenir au pouvoir.

Le système politique français dont on a hérité est le mal qu'il faut combattre, contre lequel il faut lutter. C'est un mal gravé dans les têtes mais qui est difficilement effaçable. On peut toutefois l'effacer à condition que des vrais hommes politiques, soucieux de l'avenir de leur pays, accèdent au pouvoir à la place des mange-mil comme ces oiseaux de ce nom qui causent beaucoup de dégâts aux récoltes dans les champs en Afrique, qu'ils soient de l'opposition ou du pouvoir, tous sont pareils. À mon avis et je ne me trompe pas, c'est le système sur lequel repose le pouvoir politique en Afrique qu'il faut refonder

Quand on pose un diagnostic il faut trouver le remède pour guérir le mal dont on souffre, sinon rien ne sert de diagnostiquer. Ce mal africain est le régime présidentiel ou semi-présidentiel sur lesquels sont fondés nos pouvoirs politiques. Le mot président est un mot maléfique pour nous en Afrique. L'africain adore tellement ce mot qu'il n'arrive pas à s'en défaire, à le lâcher si l'occasion se présentait à lui. C'est tout. Et comment s'en défaire ? C'est simple et je le dis depuis 2015 pour le cas de notre pays. Il faut changer notre système politique sur lequel est reposé le pouvoir exécutif. Il faut remplacer ce système par le régime parlementaire. Je l'ai dit hier, je le dis aujourd'hui et je le dirai demain. C'est ma vision politique.

Il faut diluer le rapport de l'homme politique avec le pouvoir. Regardez comment le pouvoir politique est exercé en France, en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis et en Allemagne, En France c'est le régime semi-présidentiel, en Grande-Bretagne le régime parlementaire classique, aux Etats-Unis le régime présidentiel pur car il n'a jamais existé de Premier ministre à côté du président dans ce pays, enfin en Allemagne le régime parlementaire rationalisé, c'est-à-dire moderne car elle n'est pas une monarchie mais une République.

Ce qui sera frappant aussi dans ces quatre pays pris pour exemples, le statut de celui qui dirige le pays n'est pas le même. En Grande-Bretagne comme en Allemagne le Premier ministre ou le Chancelier sont proches des représentants du peuple, c'est-à-dire des députés. Ils sont assis parmi les députés à chaque séance au parlement. Est-ce que vous verrez ça en France ou aux Etats-Unis ? Jamais ! Le statut du dirigeant est très fort dans ces deux pays. Cependant s'il n'y a pas de problème démocratique dans ces deux pays, c'est parce que ce sont des pays du droit. Or en Afrique les pays qui adoptent ce système semi-présidentiel ou présidentiel ne sont pas des pays du droit.

C'est la force qui prime le droit. Voilà pourquoi ni le régime semi-présidentiel à l'instar de la France ni le régime présidentiel à l'instar des Etats-Unis ne correspondent pas à notre culture du pouvoir dans la société africaine et il faut obligatoirement changer notre système politique en régime parlementaire car dans ce régime, le pouvoir de celui qu détient l'autorité politique est modéré. C'est l'image qui correspond à l'Afrique si on veut vraiment mettre fin à nos problèmes politiques et ethniques. L'autre vertu incontestable du régime parlementaire pour l'Afrique, est l'obligation des partis politiques à collaborer pour diriger le pays car un seul parti atteint difficilement le seuiil de majorité qu'il faut pour pouvoir gouverner seul. Il est obligé de faire alliance avec un parti de proximité pour former le gouvernement et diriger le pays. Dans le système présidentiel ou semi-présidentiel il n'y a pas ça.

Même si un parti soutient un autre parti au second tour des élections présidentielles, le candidat élu président n'est pas obligé de respecter l'accord qu'il a passé avec ce parti qui l'a pourtant aidé à gagner au second tour. On a vu le cas du président Patrice Talon au Bénin. À son premier mandat il a été soutenu au second tour des élections présidentielles par un candidat qui est arrivé en 3e position, contre Monsieur Lionel ZINSOU, l'Ex- Premier Ministre de Yayi Boni. Mieux encore le président Talon s'est montré non reconnaissant vis-à-vis de celui qui l'a aidé à gagner face à Lionel Zinsou à son premier mandat présidentiel. Il l'a même politiquement pourchassé pour le détruire et l'anéantir. Voilà la dangerosité du régime présidentiel ou semi-présidentiel en Afrique. Ce cas on peut le trouver aussi chez nous au Togo mais pas au même stade car le Presient Faure Gnassingbé n'a jamais pourchassé Gilchrist Olympio de UFC mais il faut le dire aussi qu'en 2010 quand Gilchrist a passé les accords avec UNIR dans l'intention de parvenir à obtenir le changement, UNIR n'a pas respecté cet engagement à la lettre. Mais UFC ne pouvait rien faire.

Elle est politiquement démunie du pouvoir de pression pour amener UNIR à collaborer avec elle et à respecter les termes de leurs accords. Si c'était en régime parlementaire, UFC pourrait faire tomber le pouvoir de Faure Gnassingbé ou l'amener à bien collaborer. Conformément à leurs accords qui les lient.

Troisième vertu du régime parlementaire est purement économique. Au lieu qu'on fasse deux élections : présidentielle et législative, on organise une élection législative. On fait l'économie des dépenses qu'on aurait pu consacrer pour organiser des élections présidentielles.

Voilà toutes les vertus de ce régime parlementaire rationalisé à l'instar du régime parlementaire allemand avec un président honorifique sans pouvoir politique et le Chancelier à la commande du pays avec tous les pouvoirs : politique, économique et militaire en mains. Vous verrez que le Togo deviendra subitement un très beau pays qui reviendra de très loin avec cette réforme et surtout à sa tête un homme politique de rigueur, digne, sincère et honnête politiquement parlant, qui veut vraiment du bien pour le Togo. Ça, ce n'est que la fondation. Maintenant ce qui sera construit, viendra après quand la fondation faite, sera solide. Le projet phare qui me tient beaucoup à coeur après cette grande réforme du système politique constitutionnelle sont les chemins ferroviaires de Lomé jusqu'à Dapaong et la route principale à deux voies. Je suis le seul qui peut moderniser ce pays car mon ambition est grande et je compte beaucoup sur l'Allemagne pour faire du Togo un pays modèle.

Il faut être vraiment de mauvaise foi pour ne pas comprendre les vertus du régime parlementaire dont le Togo a besoin pour avancer.

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