Sénégal: Cheikh Yérim Seck et sa solution «démocratique»

Il a réajusté son propos au détour d'une émission sur la 7tv dont il était l'invité de Maïmouna Ndour. Mais dans une précédente émission sur la Sen Tv, Cheikh Yérim Seck a bel et bien soutenu que cela ne le gênerait pas que 90% de la population sénégalaise soit tué pour que survive la démocratie avec les 10% restants. D'une conviction affirmée et assumée, M. Seck bascule vers une éventualité. Mais qu'importe.

L'idée en soi est problématique. Elle est même extrêmement dangereuse, en témoignent les nombreuses réactions légitimes, outrées et dépitées, qui se déversent en flots continus sur les réseaux sociaux notamment. Cheikh Yérim Seck y est dépeint comme un sycophante, un homme aux propos scabreux, et doublement atteint de logorrhée et d'hypophrénie. Mais qui ne peut s'empêcher de tenir le crachoir.

Les Sénégalais sont choqués par les propos du journaliste, mais il est bon de rappeler que le «cas CYS» est symptomatique d'un type d'esprit qui s'est invité dans le débat public et qui, hélas, pollue l'atmosphère. En réalité, tout le problème du Sénégal actuel est là: c'est que, généralement, les imbéciles et les fanatiques, toujours si sûrs d'eux, ont occupé l'espace public, renvoyant à l'arrière-plan ceux qui ont réellement autorité à dire.

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Le plus extraordinaire dans tout cela, c'est que ces catégories de personnes affichent une bêtise fière de soi qui fait passer la vulgarité pour la vertu. Doit-on toutefois laisser le bruit de certaines opinions étouffer nos voix ? Clairement et absolument pas !

La grande masse des Sénégalais est mécontente de sa justice ; mécontente de ses références (si bien entendu elles existent encore). Elle a discrédité sa presse et désavoué ses autorités en tous genres. Il sied, en l'occurrence, de chercher le «pourquoi» afin d'envisager le «comment» se reconnecter avec les dynamiques sociales en prenant en compte les inquiétudes et les peurs légitimes des populations.

Au lieu de cela, ce sont des appels au meurtre et à l'effectivité d'une «solution finale» qui consisteraient à éliminer tous ceux et toutes celles dont les voix pour un nouveau pacte social et politique se font entendre.

Au fond, je ne pense pas que CYS et Cie soient des gens maléfiques. Je pense qu'ils se trompent sur ce qu'est le bien. Notamment en s'imaginant que le bien consiste dans le pouvoir, la fortune et la réussite du clan auquel ils appartiennent et dont ils sont les idéologues.

Ils sont, à mon avis, tout simplement ignorants. Parce que lorsqu'on a compris ce qui est le bien, quand on le sait vraiment, absolument, on agit pour. Surtout en ces temps de graves dangers qui assombrissent toutes les perspectives pour notre cher pays.

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