Burkina Faso: Nous n'en avons pas besoin

Une altercation dans la paisible ville de Bobo-Dioulasso a provoqué la mort d'un individu, la semaine écoulée. La nouvelle suscite la polémique, surtout que l'incident implique des éléments des forces de défense. Soucieuse de calmer un « autre front » inutile, aux yeux d'une population déjà éprouvée par les attaques terroristes, la hiérarchie militaire a non seulement condamné cette situation, mais aussi promis de diligenter une enquête pour faire la lumière sur le drame.

Ce qui s'est passé dans la ville de Sya devrait être l'exception et non la règle. Malheureusement, des cas similaires se sont déjà produits: Nangrin, Dapoya à Ouagadougou et bien d'autres cas. Il faut l'avouer, les altercations entre des civils et des éléments des forces de défense et de sécurité deviennent récurrentes. Ce qui est déplorable.

La cohésion sociale, prônée par les plus hautes autorités, doit être intégrée dans les esprits pour le bien de tous et du pays. On ne doit pas en lieu et place, vivre des scènes de violences, de nature à rajouter à la psychose, surtout dans ce contexte de lutte contre le terrorisme. Les militaires sont des civils en tenue, et les civils, des militaires en permission comme le disait le capitaine Thomas Sankara.

Alors, pourquoi en arriver là ? L'incompréhension est d'autant plus grande qu'avant d'être des hommes de tenue, les soldats sont d'abord des camarades de promotion, des amis d'enfance, des voisins, des fils, des frères ... Certains d'entre eux se retrouvent dans les « grins » de thé, quand ils tombent la tenue. Ce sont des enfants du pays, qui cohabitent donc habituellement sans souci avec leurs proches, connaissances ou amis restés dans la vie civile.

Dans ce contexte d'attaques terroristes à répétition, où les filles et fils de la nation ont plus besoin de fédérer leurs énergies que de se déchirer, faut-il encore nous endeuiller nous-mêmes dans des bagarres inutiles ? Au lieu de s'en vouloir à mort pour des futilités, nous devons trouver des solutions pacifiques à nos différends. Il nous faut chercher les armes de la paix et du dialogue pour renforcer notre vivre-ensemble face à l'hydre terroriste. La pluie nous a suffisamment battus, pour que nous nous battions encore entre nous.

De toute évidence, nos querelles inutiles font le jeu de l'ennemi commun qui exploite nos failles et nos divisions pour mieux agir. Les militaires et civils ont parfois eu des accrochages, sans que cela ne dégénère en crise profonde, le dialogue étant toujours mis à profit pour éteindre le feu. Espérons que l'incident de la ville de Sya sera le terminus de ces rixes aux conséquences regrettables. Il serait aussi judicieux que l'armée communique sur la suite des enquêtes annoncées à chaque incident pour situer l'opinion et renforcer la confiance auprès des populations.

Le Burkina est à la recherche de la paix. Cette paix ne doit pas être considérée comme une ligne d'horizon toujours proche, toujours loin. Elle est nécessaire pour faire triompher les idéaux de la nation, forte et unie. Nous n'avons pas de choix que de nous donner la main, surtout au moment où les nouvelles du front laissent entrevoir des jours meilleurs. Si nous nous trompons de cible, les conséquences pourraient être plus fâcheuses que nous le pensons. Les blessures seront immenses et le temps de la guérison, long.

Alors, des dispositions doivent être prises à tous les niveaux pour renforcer la confiance entre les différents corps de défense et de sécurité d'une part et d'autre part entre les hommes de tenue et la population civile. L'altercation de Bobo-Dioulasso doit être un fâcheux souvenir dans un pays engagé pour la reconquête de son territoire et le développement. Les chantiers sont immenses.

Le Burkina Faso a besoin de toutes ses composantes, tout en espérant qu'un jour, la lumière visite ses fils égarés, qui agressent leur propre patrie, pour un retour à la paix d'antan. Les militaires et les civils doivent ensemble dire « Plus jamais ça ! » et se donner les moyens d'éviter ce genre d'écueils à l'avenir. On n'en avans pas besoin.

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