Mali: Référendum constitutionnel - Un «succès» ou un «fiasco»?

analyse

Les Maliens sont dans l'attente des résultats du referendum organisé dimanche sur le projet de nouvelle Constitution proposé par les autorités de transition. Ni le gouvernement, ni l'Autorité indépendante de gestion des élections n'ont encore communiqué sur ce scrutin, pas même sur le taux de participation. La Mission d'observation des élections au Mali a quant à elle annoncé une estimation de 28% de participation, et recensé une longue liste d'incidents sécuritaire qui ont empêché la tenue du vote dans de nombreuses parties du territoire. Des communes du centre ou encore à Kidal, dans le Nord, fief des ex-rebelles indépendantistes. Ce scrutin avait valeur de test pour les autorités de transition sur leur capacité à mobiliser et même à organiser le scrutin.

C'est un test largement réussi aux yeux d'Aboubacar Sidick Fomba. Soutien affiché des autorités maliennes de transition. Il est président du parti ADEPM (Alliance démocratique du peuple malien) et vice-président du Collectif pour la refondation du Mali (Corema).

« L'organisation de ce scrutin est spectaculaire. Nous n'avons jamais constaté une élection aussi bien organisée au Mali. Nous sommes vraiment satisfaits, honorés et fiers de ce qui vient de se passer au Mali. C'est plus qu'un succès, c'est une victoire. La victoire du peuple malien et de la souveraineté du Mali. Nous ne nous référons pas aux résultats des observateurs, qui sont pour la plupart restés à Bamako. Ils n'ont pas été partout. Le taux de participation sera déterminé par les organes légitimes : les résultats provisoires de l'Aige (autorité indépendante de gestion des élections, ndlr) et les résultats définitifs de la Cour constitutionnelle. Dans tous les cas, ceux que ces observateurs disent n'engagent qu'eux. »

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L'enthousiasme sans faille d'Aboubacar Sidick Fomba contraste avec la colère de Cheik Mohamed Cherif Koné. Ce magistrat est également le coordinateur général de l'Appel du 20 février, une plateforme qui rassemble de nombreux partis politiques d'opposition et qui appelait à boycotter le scrutin référendaire, jugé illégitime, car organisé par des autorités issues de deux coups d'État et non élues. Le constat qu'il tire de cette journée de vote, sans même préjuger des résultats qui doivent encore être annoncés, est radical.

« Ça a été un véritable fiasco. Le taux de participation : on n'a pas encore de chiffre officiel mais les observateurs sont unanimes pour dire que ça n'atteint pas les 30%. C'est un rejet qui a carrément caractérisé par le taux d'abstention. Et je ne sais pas par quel miracle on pourrait imposer un projet taillé sur-mesure au peuple entier. Si c'était un test, ça a été un fiasco, et les autorités de la Transition devraient en tirer les conséquences. Il y a des endroits où le vote n'a pas été possible et ça, ça veut dire que ça a vraiment été un échec. Quand on sait qu'on ne peut pas sécuriser tous les endroits du pays, on n'avait pas à s'aventurer dans une telle aventure. Donc le taux de participation est très faible, on est devant un résultat catastrophique. »

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