Le calme, c'est ce qu'ils souhaitent car ils ont vu leurs frères mourir, leurs oncles emprisonnés, leurs mères pleurer, leurs nièces et leurs neveux passer deux fois les examens.

Si c'était à refaire, ils ont choisi de rester dans leurs maisons, les portes closes et bien sécurisées ! Le peuple craint ce qu'il entend. Les manifestations ici et là semblent inquiéter les habitants de la ville du Pain de sucre. « Nous avons assez souffert durant les trois années de crise causées par la pandémie. Descendre dans la rue serait une erreur. Alors, nous préférons travailler pour nourrir nos familles », atteste un conducteur de tuk-tuk.

En effet, sur 100 personnes interrogées, 92 disent carrément « non» aux grèves et manifestations. « Je suis né en 1980, j'avais 11 ans lors des trouble de 1991, je commencais à travailler, lors de la crise post-électorale de 2002, ma femme a mis au monde notre premier né en 2009. Je connais les méfaits qu'engendrent le désordre et les désaccords politiques. Je n'y ai pas participé, mais j'en ai été victime », se confie Mahatana, un conducteur de taxi-brousse.

De 1972 à 2009, Antsiranana s'est fortement impliquée dans la vie politique du pays, en suivant le tempo des politicards. Actuellement, elle est épuisée, fatiguée de suivre le rythme qui l'a conduite dans la dépression et la déception. Les habitants veulent une croissance économique, car une autre période de trouble chasserait les touristes. Diego-Suarez désire revivre la belle époque, le sourire aux lèvres qui irradie le visage. « Diego tsara patry, Antsiranana mila vôla», « Diego bien habillée, Antsiranana dans l'opulence. »