Madagascar: Prohiber l'importation des alcools pour des objets plus utiles

À partir de 1867, les relations américano-malgaches sont au beau fixe. Trois ans plus tard, le consul Finkelmeier est remplacé par William Robinson. L'archiviste-paléographe Jean Valette donne une conférence sur « les relations américano-malgaches aux XVIIIe et XIXe siècles », en 1966.

Il qualifie de « plus sérieuses » les correspondances entre le consulat américain et les autorités malgaches surtout après Ranavalona Ire (lire précédentes Notes). Il cite ainsi la lettre de Robinson à Rainimaharavo du 7 avril 1878, où il essaie de convaincre le ministre malgache « d'interdire les importations de rhum à Madagascar», lui décrit les méfaits de l'alcoolisme et les moyens d'y remédier. Puis, quittant le « plan moral » pour celui plus économique, il lui expose que « la prohibition du rhum ne diminuerait en rien les revenus des douanes, car l'argent maintenant dépensé à acheter du rhum serait utilisé à acheter des objets plus nécessaires ».

À remarquer la précision apportée par Jean Valette sur le commerce du rhum qui est un monopole des négociants français et anglais. En décembre 1881, Robinson saisit Rainilaiarivony de la création d'un hôpital à Toamasina et demande à Ranavalona II de concéder à cette institution un terrain « qui serait laissé à son entière disposition et ne pourrait jamais être distrait de sa destination première ». Mais le projet ne semble pas se concrétiser. Cependant, le consul américain apporte quelques précisions.

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« La nécessité d'une telle institution à Tamatave ne peut être niée par quiconque. Si l'on sent le besoin d'hôpitaux à Tananarive, ce besoin est encore impérieux à Tamatave où nous avons plus de malades en proportion de la population. » Il est alors prévu de confier la direction de l'établissement à un Français, le Dr Peneaud, sous la responsabilité d'un conseil d'administration formé d'Américains, de Français, d'Anglais et d'Allemands.

Dans le cadre de ces relations américano-malgaches, on commence aussi à s'occuper de politique ou d'armes. Jean Valette parle d'une autre lettre, de Rainilaiarivony cette fois-ci, en date du 7 septembre 1881. Le Premier ministre saisit Robinson de son désir d'établir des postes militaires et douaniers sur la côte occidentale. Le 15 septembre, le consul américain lui fait parvenir « d'utiles conseils et des suggestions pleines d'intérêts ».

Il assure que la meilleure façon d'envisager cette expédition est d'éviter la voie terrestre à travers le pays sakalava et d'utiliser des navires pour transporter les troupes de Toamasina à la côte Ouest. Robinson propose même diverses solutions qui renseignent sur les navires assurant, en 1881, le service de Madagascar. D'abord, un trois-mâts barque américain de 300 tonneaux, récemment arrivé des États-Unis dans le but de créer une ligne régulière Toamasina-Nosy Be-Mahajanga-Zanzibar. Ensuite, un navire à vapeur appartenant à la maison Porter et Aitkin, de 150 tonneaux, affecté également à la ligne régulière Toamasina-Nosy Be-Mahajanga-Zanzibar. Enfin, un steamer de la maison Procter, à Toamasina.

« Après avoir expliqué au Premier ministre l'avantage qu'il retirerait de la location de ces divers navires, Robinson lui laissait le choix. » Il est aussi question d'armes. Le 10 août 1878, le consul américain annonce à Rainilaiarivony qu'il lui offre, de la part de la Whitney Arms Company of Connecticut, trois fusils du dernier modèle pour infanterie et une carabine pour cavalerie. Il lui vante « la qualité de ces armes, les services qu'elles rendraient à l'armée malgache, la modicité de leurs prix », avant de lui proposer de négocier « un marché de cinq mille à dix mille armes à feu, ainsi qu'une quantité de cartouches en rapport ».

Deux ans plus tard, le 25 septembre 1880, on annonce un nouvel envoi, de la maison Remington cette fois, qui vient de mettre au point « un fusil simple et robuste, de prix avantageux ». Mais la plus grande question en 1880 est la révision du traité de 1867 que Rainilaiarivony propose dès 1876 et dont Washington admet le principe en décembre 1879. Révision dans un sens plus libéral pour en faire « une bénédiction pour nos deux pays... en nouant plus fortement les liens d'amitié actuellement existants ».

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