Congo-Kinshasa: Est-ce que le Gouvernement congolais peut-il consacrer le peu de moyens à sa disposition pour mettre fin à l'agression et organiser les élections, en même temps ?

Tout se passe comme si la campagne électorale en faveur du candidat Felix Tshisekedi a déjà commencé. Gentiny Ngobila, gouverneur de la Ville Province de Kinshasa vient de convier tous les chefs des rues de sa juridiction (estimés à près de 3000) dans une grande réunion aux allures d'une campagne électorale. Au cours de cette rencontre, le premier citoyen de la ville a invité les chefs des rues « à soutenir le Président de la République Félix Tshisekedi dans sa vision de développer la RDC en ramenant la paix sur toute l'étendue du territoire national. Aussi, à l'accompagnement pour sa réélection pour un second mandat ».

Steve Mbikayi, initiateur du Front Patriotique 2023, a quant à lui prédit que l'Union Sacrée raflera tous les sièges à l'Assemblée Nationale à 90%. Il a écrit dans un Tweet et nous citons : «L'opposition doit se ressaisir. A quelques jours du dépôt des candidatures, la majorité se prépare. Du côté de l'opposition, loin de la population, on continue à réclamer inopportunément la recomposition de la CENI et de la Cour Constitutionnelle (CC).

En dépit d'une victoire prévisible à la présidentielle, l'Assemblée Nationale de la 3eme Législature pourrait être acquise à 90% à l'Union Sacrée. Rester à l'écart jusqu'en 2028 mettra fin à la carrière de plusieurs politiciens suivistes. Réveillez-vous. » - Fin de citation.

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Premièrement, Monsieur Steve Mbikayi ne nous dit pas comment cette majorité a été acquise : pratiquement par la corruption. Par conséquent, nous sommes convaincus que le trucage des élections de 2023 déjà en marche a été inauguré par le changement de la majorité au cours d'une législature.

C'était ça le premier acte précurseur de la fraude électorale qui se planifie déjà et que l'opposition redoute si nous allons aux échéances sans la recomposition de la CENI et de la Cour Constitutionnelle, toutes les deux acquises au pouvoir. La loi sur la répartition des sièges adoptée au Parlement et sûre d'être promulguée par le Président de la République est contestée par l'opposition.

Deuxièmement, Monsieur Steve Mbikayi estime que rester à l'écart jusqu'en 2028 mettra fin à la carrière de plusieurs politiciens suivistes. Mais nous, nous disons que nous ne sommes pas des carriéristes politiques à la recherche des postes. Nous nous battons pour un Grand Congo Démocratique, uni, fort, prospère, respecté et respectable, à commencer par les pays voisins.

C'est ce Congo là que nous voulons léguer à nos enfants, conformément à la vision de Patrice Lumumba et de Mzee Kabila ; et contrairement à la culture de la jouissance, le retour du mobutisme et de la démagogie que nous observons actuellement au sommet de l'Etat et que nous sommes en train de déplorer.

Troisièmement, les prédicteurs de la victoire écrasante de Felix Tshisekedi aux élections de 2023 vont du postulat selon lequel, en Afrique, un Chef de l'Etat ne fait jamais un seul mandat. Il faut deux ou plus ! Ils vous diront que la France c'est la France (cas Hollande et Sarkozy), les Etats-Unis sont les Etats-Unis (cas de Donald Trump), même si ces pays et leurs dirigeants demeurent les modèles et les maitres à penser des dirigeants Africains. Et c'est pourquoi, sur base de ce postulat, nous voyons que les vieux routiers qui nous entourent - comme Sassou,

Museveni, Kagame, ect., ont brigué plus de 3 mandats et veulent se faire remplacer par leurs propres fils biologiques. Mais cette fois-ci, nous lançons un appel au vaillant peuple Congolais de réserver une surprise à l'Afrique toute entière en ne reconduisant pas Felix Tshisekedi parce que ça se voit déjà qu'il n'est pas à la hauteur de la tâche.

Son seul objectif c'est de privatiser le trésor public à son profit et au profit des membres de sa tribu et de sa coalition politique (voir procès de 100 jours et d'autres détournements bien documentés sans oublier le vol du RAM) ; même si « la politique-commerce », nous l'avons vécue depuis le 24 novembre 1965 à nos jours.

Cependant, en 4 ans seulement, la dette nationale sous Félix Tshisekedi dépasse déjà $10 milliards. Même Mobutu le kleptocrate nous a légués une dette de $14 milliards après 32 ans. Kabila le Père et Kabila le fils ont laissé le pays sans dettes.

Felix Tshisekedi peut beau chercher à se taper un deuxième mandat « par tous les moyens nécessaires » mais les problèmes du Congo auxquels il a fait face pendant son premier mandat resteront intacts et par conséquent la répression (dérive dictatorial, Etat policier) ne fera qu'augmenter face à la contestation populaire. Dans un tel climat, nous ne voyons pas les investisseurs étrangers venir légalement au Congo. Même nos amis Chinois réfléchiront deux fois avant de s'engager encore davantage.

Quatrièmement, le Président de la République a déclaré, lui-même clairement, devant Macron qu'il est « obligé d'arrêter les programmes de 145 territoires, la gratuité de l'enseignement et de la couverture santé universelle pour consacrer le peu de moyens dont le pays dispose aux renforcement des capacités de notre armée et mettre fin à l'agression rwandaise ».

Si tel est le cas, qu'il arrête aussi avec le processus électoral alors, n'est-ce pas ? Est-ce que le gouvernement congolais peut-il consacrer le peu de moyens à sa disposition pour mettre fin à l'agression et organiser les élections et en même temps ? Sauf si un miracle se produit : que le train de vie soit réduit et l'argent détourné depuis le procès de 100 jours soit restitué au Trésor Public.

Dans le cas contraire, suspendons le processus électoral, mettons fin à l'agression rwandaise d'abord car c'est ça la priorité pour le moment. Entretemps, adressons les préoccupations de l'opposition relatives à la recomposition de la CENI et de la Cour Constitutionnelle, la non-promulgation sur la loi portant le partage des sièges.

Comme ça, nous repartirons sur des bases nouvelles qui arrangeront tout le monde. Si nous forçons les choses, le pays risque de connaitre pire que nous le vivons. Et qui sera cet investisseur qui va s'aventurer à venir légalement au Congo ? La guerre ne demeurera -t-elle pas la seule stratégie par laquelle notre coltan, notre cobalt,...dont aucun pays du monde ne peut s'en passer, seront gratuitement pillés ?

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