Dans le cadre du programme « Up courts métrages » de la structure Cinekap, vingt étudiants ont reçu, hier, leur diplôme, au cours d'une cérémonie au Canal Olympia de Dakar. Ces récipiendaires, issus du Sénégal et d'autres pays d'Afrique, ont été formés, durant dix mois, aux compétences techniques de la production audiovisuelle et cinématographique.
Toute joyeuse, Habiba Ouédraogo vient de décrocher son sésame sanctionnant dix mois d'une intense formation à la structure de production indépendante Cinekap de Dakar. À l'image de ces 19 autres camarades, elle voit désormais les portes du milieu du cinéma grandement ouvertes. D'ici les prochaines années, la jeune Burkinabè fera probablement partie de la crème du cinéma du continent. Le programme « Up courts métrages », soutient-elle, lui a permis, au même titre que tous les récipiendaires, de mieux connaître l'univers et le langage cinématographiques, mais aussi d'enrichir l'esthétique du cinéma africain. Avec la cérémonie de remise des diplômes de son programme « Up courts métrages », Cinekap confirme son engagement, depuis quelques années, au service du septième art du continent.
Au-delà du travail fait sur la production, il s'agit d'un investissement pour une ressource humaine de qualité au service de presque tous les pays d'Afrique. Cela se traduit par la composition des nationalités de cette cinquième promotion du « Up courts métrages », dont le Gabon, le Burkina Faso et le Togo.
Pour le directeur de la Cinématographie, cette structure panafricaine de production réalise un travail « remarquable » dans l'employabilité des jeunes. Cinekap, avance Germain Coly, contribue à l'industrialisation du milieu du cinéma, grâce surtout à un encadrement et à un savoir-faire d'un niveau qui fait autorité au Sénégal.
Il a invité les partenaires à mettre davantage de moyens pour soutenir toute la chaîne. Si notre pays veut continuer à être un hub du cinéma, il doit, a avancé M. Coly, investir sur les ressources humaines nécessaires. Durant dix mois, Cinekap a mobilisé des professionnels du métier du cinéma du Sénégal et du reste du monde pour offrir une formation à des jeunes venus d'horizons divers.
Le critique de cinéma Baba Diop, qui fait partie des formateurs, a relevé le caractère de la solidarité panafricaine de ce programme, mais aussi la liberté laissée à chaque étudiant de choisir son propre style cinématographique. À ses yeux, le cinéma est une affaire de « passion » et « d'abnégation » permettant de partager « notre » histoire.
Le directeur de l'Agence française de développement (Afd), partenaire de Cinekap pour le renforcement de la formation aux métiers de la production audiovisuelle et cinématographique, a magnifié le travail de cette structure dirigée par Oumar Sall. Pour Mihoub Mezouaghi, il s'agit d'une structure de « référence » qui se singularise par sa capacité à aller chercher des talents un peu partout. Parlant du cinéma, il a soutenu qu'aujourd'hui, « l'écosystème est en train de construire », et pour les producteurs de contenus, les « opportunités sont ouvertes ». Aux récipiendaires, M. Mezouaghi a rappelé cette obligation de témoigner, de s'inspirer de l'Afrique et de son histoire.
La cérémonie de remise des diplômes de la promotion 2022-2023 du programme « Up courts métrages » a été aussi une occasion de lancer celle de 2023-2024. Celle-ci, en plus du Sénégal, se compose d'étudiants venus du Cameroun, de Djibouti, du Togo et du Niger. Cette année, une formation en ligne est prévue pour ce qui est de la production.
Ibrahima BA
PROGRAMME « UP-COURTS MÉTRAGES »
16 films disponibles et 10 en état de développement
Le directeur de la structure « Cinekap » a fait le bilan du programme « Up-courts métrages » qui, depuis sa création, a fait l'objet d'un « catalogue riche de 16 films disponibles et 10 en état de développement assez avancé ». Selon Oumar Sall, qui s'est exprimé au cours de la cérémonie de remise des diplômes de la cinquième promotion de « Up courts métrages », plusieurs emplois ont été également générés.
La structure « Cinekap » continue d'imprimer son empreinte dans l'univers cinématographique sénégalais et africain. Aujourd'hui, explique son directeur et fondateur, près de 65 candidatures sont reçues chaque année, de toute l'Afrique, soit en moyenne un total de 390 demandes d'intégration (de jeunes filles et garçons) en six ans d'existence. « À ce jour, l'incubateur « Up court métrages » a formé 67 auteurs-réalisateurs, 25 producteurs, 165 professionnels dans le cadre de « Up Courts + de Masters Class » et « Up Courts Métrages-Les Pôles régionaux », 44 experts formateurs ont intervenu, dont 28 Sénégalais et 16 autres venus d'horizons divers », a expliqué Oumar Sall durant la cérémonie de remise des diplômes à la cinquième promotion de « Up courts métrages ». Ce programme fait aussi l'objet d'un « catalogue riche de 16 films disponibles et 10 en état de développement assez avancé dont 04 en cours de production ».
En outre, a informé M. Sall, le nombre d'emplois générés par les six films de la session 2021-2022 est de 140 techniciens, 640 figurants et silhouettes, 190 acteurs comédiens. Dans un continent où plus de la moitié de la population est constituée de jeunes, « Cinekap » a choisi d'investir sur la jeunesse, sur l'avenir. « Dans une Afrique où plus de 75 % de la population est composée de jeunes, il nous faut un accord général sur le devenir de cette génération », a indiqué Oumar Sall. Selon lui, « les bénéficiaires sont entièrement pris en charge et, à la clé, une bourse et un film produit dans les standards du cinéma pour les meilleurs scénarios ».
GAFAM du numérique
Sa structure a choisi l'innovation pour se coller aux urgences et aux besoins de l'époque. « Dans un écosystème que nous savons tous encore très fragile, « Cinekap » s'y invente en permanence et s'offre les moyens de ses ambitions. Parce que, quand, grâce au seul travail, nous avons réussi à engranger des performances cinématographiques jamais égalées durant cette décennie, à gagner la confiance d'une jeunesse de tout un continent, nous en arrivons, malgré notre statut d'entreprise privée, à nous retrouver à être d'utilité publique, alors nous n'allons pas nous dérober. Au contraire ! », a dit Oumar Sall pour qui faire du cinéma aujourd'hui, c'est créer un pont entre la créativité, le numérique, la transformation économique, sociale et le développement durable.
« Cinekap » a aussi décidé de travailler à la démocratisation du savoir cinématographique. Cela, en lançant des programmes comme le « Up Courts + de Master Class (à Dakar) » et « Up courts » des pôles régionaux, rendant les formations plus démocratiques, en collaboration avec les centres culturels dans les régions ».
Par ailleurs, le fondateur de « Cinekap » a insisté sur la nécessité pour l'État de mettre les géants (Gafam) du numérique en face de leur responsabilité sociétale d'entreprise. « Si nous, opérateurs privés, nous investissons pour une qualité toujours meilleure de la production et à former des techniciens de valeur, une grande urgence vous interpelle, État du Sénégal et partenaires au développement : Monsieur le Ministre, nous sollicitons plus d'Éat dans un champ pour lequel toutes nos énergies présentes et futures seront engagées : nos relations avec les Gafam ; et il y va des questions de souveraineté ! et surtout d'éducation d'une jeunesse qui aura à amener sa contribution au rendez-vous du donner et du recevoir », a-t-il avancé, invitant à s'inspirer de l'expérience européenne. De son point de vue, « ce chantier est politique et demande le leadership du Sénégal pour un engagement sous-régional, voire continental ».