Et l'enfer devient de plus en plus brûlant. Comme si le délestage, les lasers, les prix des biens, l'insécurité, le mauvais état des routes nationales, régionales, communales ne suffisent pas, on en rajoute avec l'embouteillage inextricable à Ampefiloha, Anosy et Mahamasina depuis hier.
Les axes principaux ont été fermés à la circulation à cause de l'installation d'un grand podium au beau milieu de la rue à Anosy. Il fallait y penser. C'est un antistress infaillible. Il fallait vraiment puiser au fond des imaginations pour trouver le meilleur moyen de déranger davantage une population exténuée par tant de soucis au quotidien et qui arrive à tenir le coup de façon miraculeuse. Il faut saluer l'exceptionnelle faculté de résilience des Malgaches à moins qu'il s'agisse plutôt de la résignation face à la fatalité, au lahatra. Mais à force de tirer sur la corde, elle risque de sortir de ses gonds.
Comment peut-on rester au niveau des raisonnements des années 60? On veut bien un podium, on comprend que pour une année électorale, il faut tout laisser faire, tout autoriser sauf les meetings politiques, donner des Jeux à défaut de pain... mais le faire au beau milieu de la chaussée à Anosy est pour le moins anachronique. C'était possible en 1960 avec une population estimée à cinq cent mille âmes et une centaine de voitures.
Avec un nombre d'habitants multiplié par huit, cinq millions de voitures en circulation, un podium et les marchés hebdomadaires n'ont plus leur place dans la ville. Le stade Barea peut très bien accueillir le podium comme il a hébergé le concert de Gims et l'accueil des Barea Chan. Le Coliseum d'Antsonjombe peut également accueillir tout ce que la ville compte de fêtards.
Ces édifices ont été justement construits pour absorber les amateurs de manifestations à grande foule. Cela arrangerait tout le monde et ne dérangerait personne. Sans podium, la circulation est déjà compliquée à Anosy et ses alentours. Depuis quelques années, on n'organisait plus de podium ni à Anosy ni à Analakely. Il a été décentralisé dans les firaisana. Une excellente idée anéantie aujourd'hui par ce retour en arrière.
Il n'est pas encore trop tard pour le déplacer. On sait très bien que la musique est le podium (l'opium) du peuple comme le disait l'Ayatollah Khomeiny, mais un peu d'intelligence et de bon sens ne serait pas de trop en cette période où les nerfs sont à vif.