Le président national du parti «Engagement pour la Citoyenneté et le Développement, (Ecidé), Martin Fayulu, vient de jeter, en principe, l'éponge pour les élections générales de décembre prochain, pour lesquelles il s'était pourtant candidat à la présidentielle!
Il a fait cette annonce qui a surpris l'opinion en général, et ses partisans en particulier, au cours d'une conférence de presse qu'il a animée hier lundi 19 juin en début d'après-midi.
Martin Fayulu a vivement critiqué la Centrale électorale en fustigeant son fichier qui, d'après lui, n'offrirait pas de garantie de transparence, pour justifier sa décision de ne pas participer aux élections du décembre 2023. Cependant, l'orateur n'a pas pu épingler avec précision les reproches qu'il fait à la Commission Electorale Nationale Indépendante, (CENI).
Il s'est perdu dans des généralités, sans préciser les «péchés» de la Ceni. Ce qui laisse perplexe l'opinion publique, qui éprouve du mal à comprendre les raisons profondes ayant poussé le leader de l'Ecidé à se désister de la course, lui dont personne n'ignore son attachement au «fauteuil» présidentiel.
Fayulu : Les raisons sont ailleurs
Si la décision de Martin Fayulu de jeter l'éponge, non seulement pour la présidentielle mais pour l'ensemble des scrutins prévus en décembre prochain, a surpris certains compatriotes et particulièrement ses partisans, cela n'est pas le cas pour de nombreux observateurs de la scène politique congolaise.
Pour cette dernière catégories, la décision du président de l'Ecidé n'est plus ni moins qu'une fuite en avant, laquelle confirme la peur des élections qu'affichent la plupart des opposants congolais.
Plusieurs raisons peuvent expliquer cette décision de Martin Fayulu, l'un des quatre membres du quatuor de l'opposition, qui s'illustre depuis quelque temps par des manifestations de rue. Surtout la volonté délibérée de créer des incidents les mettrait en exergue face à la communauté internationale.
Première raison : la loi électorale définit le seuil de représentativité d'au moins 60% des sièges à pourvoir pour un parti ou regroupement politique. En clair, pour la députation nationale, il faut aligner au moins 300 candidatures sur les 500 sièges que compte l'Assemblée nationale.
Comme on peut le constater, cette disposition de la loi électorale met automatiquement hors course tous les partis et regroupements politiques qui n'ont pas d'assises au plan national, communément appelés «partis de mallette».
Visiblement, l'Ecidé de Martin Fayulu, qui n'a jamais réussi son implantation à travers le pays, devrait logiquement se retrouver dans cette catégorie des partis politiques incapables d'atteindre le seuil de représentativité fixé par la loi.
En plus, son leader est dans une coalition où tout le monde s'est déclaré candidat à la magistrature suprême du pays. Donc, entre Moïse Katumbi, Augustin Matata, Delly Sesanga et lui-même, personne n'a déclaré jusqu'ici vouloir désister en faveur de tel ou tel autre. Tout le monde se veut leader et croit pouvoir renverser le pouvoir en place.
Deuxième raison: la caution à payer est lourde, soit l'équivalent de 100.000 dollars américains pour la présidentielle, 1.600.000 francs congolais pour la députation nationale. Pour le seuil fixé à un minimum de 300 candidatures, un parti ou un regroupement politique devrait débourser 480.000.000 de francs congolais. Ce, en attendant qu'on détermine le montant pour la députation provinciale.
Réunir toutes ces sommes n'est pas une blague pour un parti politique qui n'est pas bien implanté sur le territoire national, autrement un parti qui n'a pas assez de membres.
Troisième raison: l'élection étant basée sur la loi du nombre, pour s'y engager il faut disposer d'un véritable ancrage, surtout pour la présidentielle, qui n'a qu'une seule circonscription, à savoir le territoire national.
Toutes ces raisons réunies, ce n'est pas n'importe quel parti ou regroupement politique qui peut s'aventurer aux élections. N'est-ce pas là les vraies raisons ayant contraint Martin Fayulu de jeter l'éponge, dès qu'il a entendu la Ceni convoquer l'électorat pour la députation nationale?
L'agenda caché se confirme
Comme nous l'avions soutenu dans l'une de nos éditions précédentes, ceux qui se livrent à des manifestations publiques en multipliant des dénonciations en vue de charger le gouvernement et la Ceni, ne veulent pas en réalité aller aux élections. Leur préoccupation, c'est de créer le chaos afin de justifier la non tenue des élections selon le délai constitutionnel.
Plus le temps passe, et plus les choses se précisent et la thèse de l'agenda caché se confirme. Hier, ils étaient les premiers à menacer et crier sur tous les toits qu'ils ne donneraient pas un seul jour au gouvernement de dépasser le délai légal sans organiser les élections. Curieusement, une fois que la Ceni s'est mise au travail et est en train de respecter le calendrier électoral qu'elle avait rendu public en novembre 2022, les opposants semblent faire marche arrière avec des déclarations vides de contenu.
Après le succès récolté à l'enrôlement des électeurs, la Ceni a organisé des journées portes ouvertes dans le but de permettre à toutes les catégories de la population d'émettre leurs avis, suggestions et critiques sur d'éventuelles faiblesses ou erreurs en vue de leur correction. Puis, un appel d'offres de recrutement d'experts pour assister au nettoyage du fichier fichier électoral a été lancé. Et le nettoyage a effectivement eu lieu en présence des experts aussi bien congolais qu'étrangers.
Voyant que les choses sérieuses commencent et que rien ne peut arrêter la tenue des élections à la date prévue, des opposants multiplient des subterfuges pour ne pas aller aux élections.
Aujourd'hui, l'un des quatre leaders qui font plus des bruits vient de se déclarer non partant, y compris son parti. A qui le prochain tour?