Alors que les opérations militaires contre les jihadistes shebabs ont connu quelques revers dernièrement, le chef de l'armée somalienne a été limogé lundi 20 juin par le président Hassan Cheikh Mohamoud. Ce remplacement surprise survient sur fond de fortes tensions politiques dans la région qui était, depuis un an, l'épicentre des combats contre le groupe terroriste.
Malgré un effort sans précédent de l'État somalien depuis un an, les shebabs ne désarment pas. Après avoir mené le 26 mai un raid extrêmement meurtrier contre des soldats ougandais de la Mission de Transition de l'Union africaine en Somalie (Atmis) ils ont multiplié les opérations, jusqu'en territoire kényan. Trois soldats ont ainsi été tués dimanche et dix autres ont été blessés quand leur convoi a été touché par un engin explosif, dans le comté de Lamu, quelques jours après la mort de huit soldats dans une attaque similaire, dans le comté de Garissa.
Dans les États du centre de la Somalie, le Hirshabelle et le Galmudug, les shebabs ont certes été réduits à se replier hors des villes en 2022, au terme d'une offensive des forces armées somaliennes appuyée par l'Atmis. Mais un autre problème a surgi, ces derniers jours : samedi 17 juin, le populaire gouverneur de la région de Hiran, Ali Jeyte Osman, a été limogé par le président de l'État fédéral du Hirshabelle dont il dépendait.
Un journaliste somalien explique que le gouverneur était depuis des mois en conflit avec l'administration sur la question de la collecte des impôts et qu'il accusait l'État du Hirshabelle d'affaiblir ainsi ses forces engagées dans la lutte antiterroriste, en privant ses forces de ressources importantes.
L'homme s'était fait connaître en 2022 pour ses succès militaires dans cet ancien fief des shebabs, en s'appuyant sur des miliciens locaux, les « Ma'awisley », lesquels ont joué un rôle crucial sur le terrain. Ces derniers ont d'ailleurs aussitôt protesté dans les rues de la capitale de l'État, en érigeant des barricades et en dénonçant le limogeage de leur gouverneur. Ce dernier a par ailleurs annoncé rejeter son limogeage et même déclarer l'autonomie de sa région de Hiran, l'une des deux composantes du Hirshabelle, avec la Moyenne-Shabelle.
C'est donc dans ce contexte, et alors que les forces armées somaliennes s'apprêtent à pallier, fin juin et au mois de septembre prochain, le retrait annoncé de milliers de soldats des forces de l'Atmis, que le chef de l'armée nationale, le général Odowaa Yusuf Rageh, a été tout bonnement limogé lundi par le gouvernement et remplacé par le commandant de la garde présidentielle, le général Ibrahim Cheikh Muhyadin Addow.