New York — Alors que le conflit au Soudan entre dans son troisième mois, l'UNFPA, l'agence des Nations Unies pour la santé sexuelle et reproductive, lance un appel de 106,7 millions de dollars pour fournir des services vitaux de santé reproductive et de protection aux femmes et aux filles au Soudan et dans les pays voisins.
Depuis que la violence a éclaté en avril, près de 70 % des établissements de santé dans les zones touchées par les combats au Soudan ont été contraints de fermer, laissant les femmes avec peu d'accès à la contraception ou aux soins de santé maternelle, y compris les quelques 1,12 million de femmes actuellement enceintes dans le pays.
Les services de protection se sont également dégradés au moment même où la crise a exposé davantage de femmes et de filles - plus de 4 millions - à la violence basée sur le genre. De plus en plus d'informations font état de femmes et de jeunes filles violées et victimes d'abus sexuels chez elles et lorsqu'elles cherchent à se mettre à l'abri à travers le Soudan et à l'extérieur du pays. De nombreuses femmes et filles déplacées sont contraintes de dormir en plein air ou dans des abris de fortune, avec peu ou pas de moyens de protection, et sans accès à la nourriture ou à l'eau, les exposant ainsi à un risque accru de violence.
"Le conflit au Soudan est une tragédie qui porte atteinte aux droits et à la dignité de millions de femmes et de filles dans toute la région", a déclaré la directrice exécutive de l'UNFPA, Dr Natalia Kanem. "L'UNFPA appelle la communauté internationale à renforcer son soutien à la santé reproductive et aux services de protection contre la violence basée sur le genre, qui sont au coeur de la réponse humanitaire".
Face à des besoins croissants, il y a des pénuries critiques de matériel pour la prise en charge clinique des viols et des urgences obstétriques, car les stocks restent inaccessibles dans les entrepôts de Khartoum, du Sud et de l'Ouest du Darfour. Les établissements de santé de plusieurs États ont signalé qu'ils étaient confrontés à des ruptures de stock de ces médicaments.
L'appel de fonds de l'UNFPA pour le Soudan, d'un montant de 90,5 millions de dollars, n'est actuellement financé qu'à hauteur de 6 %, tandis que les plans d'intervention humanitaire dans les pays voisins manquent également de ressources. Ces déficits de financement entravent la réponse de l'UNFPA face aux besoins critiques, et des ressources supplémentaires sont requises d'urgence pour étendre les services de reproduction et de protection, déployer davantage de sages-femmes et de conseillers et acheter des fournitures et du matériel médical vitaux.
Les femmes et les jeunes filles qui ont fui vers les pays voisins ne sont pas mieux loties. Bon nombre des pays qui accueillent la vague de nouveaux arrivants - la République centrafricaine (RCA), le Tchad, l'Éthiopie et le Sud-Soudan - sont confrontés à leurs propres crises. Les zones frontalières sont isolées et manquent d'infrastructures, et les services existants sont à la limite de leurs capacités. Au Tchad, par exemple, des femmes soudanaises en quête d'asile ont accouché à l'extérieur sans abri, sans assistance ni équipement pour elles-mêmes ou pour leurs nouveau-nés.
Malgré les difficultés, l'UNFPA soutient les services de santé existants et les espaces sécurisés au Soudan et dans les pays voisins - République centrafricaine, Tchad, Égypte, Éthiopie et Sud-Soudan - en fournissant des produits essentiels de santé reproductive et d'hygiène, ainsi que du personnel supplémentaire, notamment des sages-femmes, des conseillers et des assistants sociaux.
Le représentant de l'UNFPA au Soudan, Mohamed Lemine, a déclaré : "Chaque jour, nos partenaires bravent de grands dangers pour venir en aide aux femmes et aux filles dans le besoin. Aujourd'hui, nous devons nous engager à financer entièrement notre réponse afin que ces héros méconnus puissent continuer à sauver des vies et à apporter de l'espoir aux populations du Soudan."