A moins de cinq mois d'un scrutin présidentiel dont les dates n'ont toujours pas été officiellement validées, la communauté des défenseurs de l'environnement à Madagascar s'est réunie hier, mardi 20 juin, pour débattre avec le public de l'importance de recentrer les programmes des futurs candidats sur les enjeux écologiques dans le pays. Capital naturel de l'île, crimes environnementaux, développement durable : autant de thématiques abordées par les panélistes pour inviter les citoyens à ne pas se laisser leurrer par des discours électoralistes mais aussi pour faire passer quelques messages à ceux qui voudraient entrer dans la course à la présidentielle.
En 2014, la richesse totale de Madagascar a été estimée à 6 500 dollars par habitant. Plus du tiers de celle-ci provenait du capital naturel, c'est-à-dire les ressources renouvelables ou non, offertes par la nature. Pourtant, comme le constatent les panélistes, la carte « protection de l'environnement » est souvent brandie à des fins électoralistes.
« Aux personnalités politiques, aux futurs candidats, je leur dirai qu'ils arrêtent de berner la population malgache avec des promesses ni rentables ni réalisables, et qui ne serviront qu'à créer d'autres problèmes, avertit Ny Aro Andriamiarosoa, Présidente de Climates Madagascar, une association qui lutte contre les effets du changement climatique. Je pense notamment au projet de construction du téléphérique dans la capitale (rendu possible suite à l'octroi par la France d'un prêt critiqué de 152 millions d'euros en 2021). On n'est pas contre le développement mais était-ce la priorité ? Nous faisons face à plusieurs problèmes en même temps. Est-ce qu'on n'aurait pas dû se concentrer sur d'autres sujets au lieu d'investir dans ce téléphérique ? »
Pour la nouvelle génération militante, comme Lucky Andrianirina, membre fondateur d'Aika, la première Alliance nationale des jeunes pour la biodiversité, le climat et la lutte contre la désertification, l'attitude laxiste des dirigeants - actuels et passés - à l'égard de la protection de l'environnement et du droit en vigueur ne passe plus.
« Il y a des programmes qui sont produits par les techniciens des ministères, des objectifs qui sont définis dans les programme nationaux d'adaptation, des positions déjà préparées lorsqu'on va à la COP, mais il arrive que les personnes qui montent à la tribune, disent autre chose. Ça montre à quel point les dirigeants ne sont pas aussi investis qu'ils le disent dans les sujets environnementaux et le capital naturel en particulier. »
Les défenseurs de l'environnement recommandent aux dirigeants de mieux dialoguer avec les organisations de la société civile et de cesser de les considérer comme des opposants. « Nous sommes pour le développement. Oui nous sommes des contrepouvoirs, mais nous n'avons pas l'intention de prendre votre place, alors écoutez-nous ! » a rappelé, non sans humour, l'un des intervenants du débat..