Ile Maurice: Viol d'une Indienne de 11 ans - Les dessous d'un verdict express

Arrêté le 7 juin pour le viol d'une touriste indienne âgée de 11 ans, à l'île-aux-Cerfs, le skipper Tarun Khuttur a été fixé sur son sort seulement neuf jours après que l'enquête policière a démarré.

Le 16 juin, l'homme de 21 ans a écopé de 18 ans de prison devant la Children's Court. Si la poursuite est venue de l'avant avec un procès dans un très court délai et que la cour n'a pas non tardé à rendre un verdict, nous avons tenté de connaître la raison pour laquelle, dans ce cas précis, le dossier a été bouclé et envoyé au bureau du Directeur des poursuites publiques à la vitesse grand V.

La condamnation de l'habitant de Quatre-Cocos, Tarun Khuttur, fait suite à une agression sexuelle survenue à l'île-aux-Cerfs sur une fillette de 11 ans. La petite touriste indienne avait expliqué dans sa déposition qu'elle s'était égarée et qu'elle avait été accostée par le suspect.

Le skipper - qui a été condamné à 18 ans de prison le 16 juin rappelons-le - avait abordé la conversation pour lui demander si elle était venue à l'île-aux-Cerfs à bord d'un catamaran ou d'un hors-bord et si elle savait où prendre le bateau pour le retour. Comme la petite a répondu par la négative, l'accusé a proposé de l'y conduire. Il l'a alors conduite dans «la brousse», où selon l'enfant, le suspect l'a violée.

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À chacune de ses tentatives d'appel à l'aide, le suspect l'a giflée. Son forfait accompli, Tarun Khuttur a pris la fuite. Entretemps, le père de la victime s'est mis à la chercher et c'est dans un état lamentable qu'il a retrouvé sa fille. Elle lui a raconté l'agression, tout en pointant le doigt en direction du suspect qui s'enfuyait. Une déposition avait été faite à la police et Tarun Khuttur avait été arrêté le 7 juin.

À l'audience, le rapport médico-légal du 8 juin, établi par le Dr Chamane, a été produit. Celui-ci a révélé que lors de l'examen de la victime le jour du viol, des ecchymoses ont été décelées sur sa joue droite, sur le coin droit de sa paupière droite, sur l'angle droit de sa bouche, sur le côté gauche de son cou et sur l'épaule gauche, ainsi que sur sa cuisse droite en avant.

La victime, devant le tribunal, a expliqué que lors de l'incident, l'accusé lui avait mordu les lèvres notamment. Le rapport fait mention d'une «fissure» au niveau des organes génitaux... Si cette affaire nous plonge dans l'atrocité d'un acte barbare, nombreux sont ceux - dont des internautes - qui se demandent comment le verdict est tombé aussi tôt, alors que dans d'autres cas, même concernant des viols d'enfants, l'affaire peut traîner en longueur ?

Le fait est qu'en cour, l'accusé a plaidé coupable dès la première instance. Dans des cas de «timely guilty-plea», un jugement de culpabilité est rendu le même jour avant que le couperet ne tombe, expliquent des hommes de loi. Toutefois, selon nos indications, les enquêteurs ont donné priorité à ce dossier, menant à la déposition d'une accusation formelle, soit un procès dans la même semaine. Cela, en dépit du fait que certains suspects arrêtés font l'objet d'une prolongation d'accusation provisoire pendant des mois voire des années.

«C'est vrai que cette affaire de viol a été traitée très, très rapidement. Cela, premièrement parce que la victime est une étrangère qui était en vacances à Maurice. Comme après ce drame, sa famille et elle étaient pressées de rentrer en Inde, il a fallu entamer un procès au plus vite afin qu'elle puisse témoigner en cour.

Même si la police a recueilli la déclaration de la victime, son témoignage en direct devant la cour est crucial et a plus de poids qu'en son absence», confie un enquêteur, qui est d'avis que tout est aussi fait pour éviter que la réputation de Maurice ne soit ternie. «Il fallait envoyer un signal fort afin que notre industrie touristique ne soit pas affectée. La condamnation démontre que justice a été rendue et que tout est fait pour la protection de nos visiteurs», poursuit notre interlocuteur.

Idem pour la cour qui a gardé à l'esprit que la victime est une jeune Indienne de 11 ans qui était en vacances à l'île Maurice. «Sans aucun doute devaitelle envisager avec enthousiasme, comme le feraient normalement les enfants de cet âge, ces vacances sur une île paradisiaque. Nous ne doutons pas qu'une fois de retour dans son pays, elle aurait été impatiente de partager les souvenirs de son séjour avec ses amis. Mais malheureusement, les seuls qu'elle emportera avec elle sont liés à ce terrible viol.»

«Nous voudrions souligner que Maurice est une destination bien connue et que le tourisme joue un rôle majeur dans l'économie. Des cas comme celui-ci ne favorisent certainement pas l'image du pays en tant que destination sûre pour les touristes. La peine à prononcer doit donc également faire écho au niveau international pour qu'un tel comportement ne soit pas toléré», soutiennent les magistrates Reshnu Gowry-Bhurrut et Bhavna Sawock.

Elles ajoutent qu'elles avaient devant elles une enfant qui a été violée environ deux jours avant l'audience. «La cour est consciente du plaidoyer de culpabilité opportun de l'accusé et du fait qu'il n'a pas nié l'accusation lors de l'enregistrement de sa déclaration, ce qui constitue un facteur atténuant important», ont-elles conclu.

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