À l'heure de la montée des extrêmes et de la manipulation par l'exécutif de l'ethnicité au Cameroun, l'Etat du Cameroun est tourmenté par des scènes d'insurrection semblables à une guerre civile.
Nous assistons ces derniers temps au Cameroun, à la résurgence des revendications sur des points essentiels tels que la représentativité des ethnies dans les Institutions de l'Etat, la remise en cause du régime foncier, la mise en cause du décret de 1977 concernant les chefferies traditionnelles, revendications qui confirment si besoin en était, de l'état d'effondrement des derniers mythes du modèle de la gouvernance occidentale et de la prééminence, primauté éternelle de la réalité africaine, qu'on chercherait à vouloir toujours ignorer.
Le processus d'expropriation ILLEGAL du peuple AUTOCHTONE DUALA du domaine de Dikolo-Bali concernant la déclaration d'utilité publique (DUP) n°000033/MINDCAF/A10 du 14 mars 2019 a mis en lumière les limites de la démocratie occidentale et de la colonisation basées sur la corruption et l'exploitation des minorités entre autres.
L'exercice vertical du pouvoir a terni l'image du fonctionnement de nos chefferies. Les peuples autochtones exigent maintenant un système plus participatif et la reconnaissance de nos valeurs coutumières et la participation de nos chefferies.
Le déploiement spectaculaire des forces de l'ordre ne sont pas des réponses acceptables face à un problème de fond, comme le foncier au Cameroun qui perdure depuis la colonisation. La fermeté et la répression risquent d'aggraver la fracture entre les groupes autochtones, en général et le groupe autochtone sawa en particulier et l'État camerounais.
La violence est toujours condamnable, de quel camp qu'elle vienne. Elle doit cependant alerter sur la désespérance de groupes ethniques qui pensent ne plus rien avoir à perdre.
L'arbre à palabres à l'africain
La loi constitutionnelle du 18 janvier 1996 consacrant les régions et les communes comme des collectivités territoriales décentralisées, jouissant d'une autonomie administrative et financière pour la gestion de leurs intérêts n'est pas la solution qui s'impose parce qu'elle n'offre pas réellement aux groupes ethniques la possibilité d'un développement endogène économique, social et chefferal.
C'est pourquoi l'Union Coutumière et Solidaire de la Résistance, un mouvement politique, propose une Assemblée Constituante, l'ARBRE A PALABRES à l'africain autour du FEDERALISME ETHNIQUE comme forme de l'Etat pour sortir de l'adversité, de la fatalité de la colonisation occidentale.
Mieux adapté pour nos pays africains, surtout en s'appuyant sur des valeurs sociétales sûres. Ces valeurs qui fondent encore aujourd'hui l'organisation sociale de la chefferie, selon des principes d'autonomie, de coopération, d'hospitalité, de générosité et de solidarité, surtout simplicité, clarté et efficacité.
Pour rappel, la colonisation va ériger les nouvelles façons d'organisation sociale des chefferies aux antipodes dont la population sera désormais juridiquement et artificiellement séparée. La violence de la colonisation a frappé la totalité des chefferies du Cameroun, voire africaines. Les traumatismes de ces violences ont marqué durablement les structures coutumières et les Hommes qui les habitent.
Les valeurs de toute République : dignité, liberté, justice, égalité et solidarité ne resteront que paroles vaines et beaux discours si elles ne sont pas garanties par le respect des identités coutumières, de la diversité ethnique et de l'intelligence ethnique des peuples autochtones.
L'arbre à palabres sur le fédéralisme ethnique, oui, le mot est « lâché » avec tout son envoûtement, son charme et sa fascination de passions, pourrait-être cette instance solennelle, un retour aux sources. Cette fois-ci, personne, nous l'espérons, ne se précipitera, pour déclarer «SANS OBJET».
L'arbre à palabres sur le fédéralisme ethnique permettra à toutes les composantes de la société camerounaise (Gouvernement, Chefs coutumiers, Elus, Elites, société civile) de discuter librement des problèmes tels que la préservation des identités coutumières, la reconnaissance des peuples autochtones et des minorités, de la forme de l'Etat, aux questions foncières.et les conditions de cohabitation des Ethnies en termes de responsabilité au sein du futur Etat.
La question du pouvoir sera un centre d'intérêt capital ; il s'agira non seulement de déterminer les conditions de la gestion du dit pouvoir, mais aussi de quantifier la part de contributions effectives de chaque groupe ethnique au développement et à la prospérité collective du Cameroun.
L'arbre à palabres sur le fédéralisme ethnique, instance normative et incontestable par excellence des peuples souverains, devrait contribuer face aux blocages, à l'enlisement et au risque de dérapage, à sauver le Cameroun de la dérive de guerre civile entre tribus programmé malheureusement, par les partisans du tout ou rien, par les défenseurs inconditionnels de l'État central et du jacobinisme. Surtout que, les représentants des pays occidentaux sont encore très organisés et qu'ils ont des réseaux importants.
Le Cameroun des contradictions, des incompatibilités ! Mais que n'entend-on pas dire depuis quelque temps au Cameroun ? Tribalisme, ethnies irréconciliables, tribaliste, guerre civile, voleurs des terres, peuples autochtones, peuples allogènes, etc.
Mais a-t-on seulement pour une seule fois posé sans passion et sans préjugé, aux fins d'une plus grande compréhension, la problématique de la réalité camerounaise en général et de la cohabitation ethnique en particulier ?
Ainsi, depuis le traité GERMANO-DUALA de 1884, mais surtout, la colonisation du Cameroun après la première guerre mondiale, l'ethnie-Cameroun n'est devenue que la résultante d'une série de montages et fictions juxtaposés de manière anarchique, irrationnelle, mais intentionnelle les unes, les autres. Assis sur une idéologie savamment bâtie par les colons français et anglais, bien qu'en contradiction avec les exigences des réalités coutumières africaines.
Mr Aimé CESAIRE, discours sur le colonialisme (1950), disait à propos : « je parle de millions d'hommes à qui on a inculqué savamment la peur, le complexe d'infériorité, le tremblement, l'agenouillement, le désespoir, le larbinisme ».
Pour Mr Frantz FANON, comment guérir le colonisé de son aliénation ? Telle est la question à laquelle n'aura de cesse de répondre le psychiatre martiniquais Frantz FANON. Dans « Peau noire, masques blancs », il analyse « l'aliénation » du colonisé, « Le colonialisme exerce une violence psychique, son discours : le colonisé est "laid", "bête", "paresseux", et pour FANON, le colonisé finit par intégrer ces discours de stigmatisation, le sentiment d'être inférieur, il finit par mépriser sa culture, sa langue, son peuple, il ne veut plus alors qu'imiter, ressembler au colonisateur. »
Ces derniers ont intériorisé ce système colonial qui place le Blanc tout en haut de l'échelle des races. Ainsi « le Noir n'est pas un homme », « le Noir est un homme noir » qui « veut être blanc », et c'est bien là le signe de son aliénation. Pour FANON, le Noir ne sera pleinement homme que lorsqu'il sera débarrassé de cette aliénation qui le déshumanise.
L'objectif visé ne fait pas mystère ; ce sont : l'infantilisation et la culpabilisation du peuple « NOIR » face à son destin. Ce n'est donc pas étonnant par exemple que la version originale de l'Hymne nationale du Cameroun comportait le refrain :
« Autrefois tu vécu dans la barbarie... et, peu à peu tu sors de ta sauvagerie... ! »
Les contradictions générées par la colonisation
Au Cameroun et c'est valable pour toute l'Afrique, le concept de l'Etat-nation entraîne mécaniquement la fictivité de la société et de la nation. Les termes « unité nationale », « intégration nationale », « intérêt supérieur de la nation », s'ils ne constituent pas un abus de langage, ne sont d'autres que des termes de pure commodité utilisés par le COLONISATEUR pour exploiter les matières premières et le sous-sol du continent africain.
L'ethnie-Cameroun est constituée de plusieurs groupes ethniques, donc, on peut partir de ce principe que le Camerounais ne se reconnaît qu'en son Ethnie et non aux concepts importés comme Etat-nation, République, etc.
Et c'est notamment au niveau de la Gouvernance que se cristallisent toutes les contradictions générées par cette superposition de structure occidentale et africaine.
C'est ainsi que quand on entend les discours de nos Gouvernants au Cameroun, on entend des mots comme, « intérêt supérieur de la nation », « l'intérêt supérieur de l'Etat », « la reconnaissance des autochtones », « les chefs traditionnels ». Il en est de même de la notion de « bien public », de « chose publique », mais de quel public s'agit-il ?
Voilà autant de manipulation, d'ambigüité, de stupidité qui donnent le sentiment que le Cameroun, voire l'Afrique toute entière, tourne en rond.
Exemple de la Loi n°96/06 du 18 janvier 1996 Portant révision de la Constitution du 02 juin 1972, modifiée et complétée par la loi n°2008/001 du 14 avril 2008.
Ainsi, à titre d'illustration, les grandes articulations de cette Constitution se sont voulues modernes et conformes à la demande de l'Ethnie-nation. Cependant, certains articles et sous-entendus introduisent en filigrane dans la même Constitution, la rendant quasi-inapplicable, parce que contradictoires. Ce qui explique en fait la gestion impossible d'une double réalité sociétale qui se voudrait en même temps une force. Nous sommes là face à ce qui existe et qui a toujours existé, c'est-à-dire, cette lutte farouche qui oppose le vécu africain au modèle importé de l'occident :
Préambule
Le Peuple Camerounais,
Fier de sa diversité linguistique et culturelle, élément de sa personnalité nationale qu'elle contribue à enrichir, mais profondément conscient de la nécessité impérieuse de parfaire son unité, proclame solennellement qu'il constitue une seule et même nation, engagée dans le même destin et affirme sa volonté inébranlable de construire la patrie camerounaise sur la base de l'idéal de fraternité, de justice et de progrès ;
- L'Etat assure la protection des minorités et préserve les droits des populations autochtones conformément à la loi ;
- Tout homme a le droit de se fixer en tout lieu et de se déplacer librement, sous réserve des prescriptions légales relatives à l'ordre, à la sécurité et à la tranquillité publics ;
TITRE PREMIER : De l'Etat et de la Souveraineté
ARTICLE PREMIER :
(2) La République du Cameroun est un Etat unitaire décentralisé.
Elle est une et indivisible, laïque, démocratique et sociale.
Elle reconnaît et protège les valeurs traditionnelles conformes aux principes démocratiques, aux droits de l'homme et à la loi.
Elle assure l'égalité de tous les citoyens devant la loi
LOI N° 2019/024 DU 24 DEC 2019 PORTANT CODE GENERAL DES COLLECTIVITES TERRITORIALES DECENTRALISEES
ARTICLE 246.
Le Maire de la Ville, conseiller municipal d'une Commune d'Arrondissement de ladite Communauté Urbaine, est une personnalité autochtone de la Région de rattachement de la Communauté Urbaine.
(2) Le Maire de la Ville et ses Adjoints sont élus par un collège constitué de l'ensemble des Conseillers Municipaux des Communes d'Arrondissement de la Ville.
SECTION I DE L'ELECTION DU PRESIDENT ET DU BUREAU REGIONAL ARTICLE 307.
(1) Le Conseil Régional élit en son sein, au cours de sa première session, un président assisté d'un bureau composé d'un premier vice-président, d'un vice-président, de deux questeurs et de deux secrétaires.
(2) Le président du Conseil Régional est une personnalité autochtone de la Région, élue en son sein pour la durée du mandat du Conseil.
Conclusion
Nous rappelons que le Camerounais, voire l'Africain, est toujours et même d'abord ressortissant, dépendant de son groupe ethnique, de sa tribu, de son clan et subsidiairement pour des besoins de commodité internationale, de nationalité de l'air géographique issu de la conférence de Berlin de 1885 qui divise le continent africain.
Les peuples camerounais, Africains, se reconnaissent difficilement dans les lois, difficilement dans les institutions importées voire même les personnes qui les incarnent. Nous observons de plus en plus au Cameroun, par exemple, des Ministres et autres Personnalités de la « République », originaires d'une certaine ethnie, prendre publiquement fait et cause pour leur ethnie au détriment de la République. On aurait souhaité qu'ils représentent et défendent beaucoup plus l'Ethnie-Nation, surtout ce pour quoi ils sont nommés que leurs propres intérêts.
Nous, Membres de l'Union Coutumière et Solidaire de la Résistance, ne cherchons pas à créer une espèce de « terrorisme politique » au Cameroun, voire en Afrique.
Mais, le Cameroun, voire l'Afrique tout entière, connaît des agitations, troubles et revendications qui impliquent des solutions plus structurelles que conjoncturelles.
Aujourd'hui, au Cameroun, sans aucune exagération, les risques de dérapage sont importants et sérieux, il ne serait pas pessimiste d'affirmer que certaines ethnies ne sont pas loin de se rentrer dedans.
Depuis des lustres, les dénonciations, les appels à la tolérance des uns et des autres sont restés pratiquement sans effet. Devant cette impasse, n'est-on pas en droit de s'interroger sur la pertinence du constat et partant de la réponse proposée ?
Pourquoi donc avoir peur des mots ? Pourquoi ne pas l'appeler par son nom ? Tout en rassurant les uns et les autres, ne pensez-vous pas que le temps est enfin venu ? Le temps de nous asseoir et de discuter sereinement de nos problèmes ?
Les Peuples du Cameroun, pour la PRESIDENTIELLE DE 2025, doivent prendre leur propre destin, incontestablement et évidemment commun ?
Nous appelons de nos voeux pour la revalorisation de nos valeurs coutumière, de nos chefferies, autant que pour les groupes ethniques. La capacité à agir localement pour tenir compte des particularités de chaque région, chaque groupe ethnique, doit devenir la règle commune.
Avoir raison mais être seul à le penser est insuffisant. Dans les valeurs coutumières africaines, on n'impose pas une décision, aussi sensée qu'elle puisse paraître, sans le consentement de la population, du Peuple. De nombreux élus, partis politiques et société civile réclament un cadre moins contraint et plus de compétences et de moyens pour répondre aux besoins des région, des territoires. Il est temps de répondre à ces attentes.
Une réforme globale de la forme de l'Etat est plus que jamais nécessaire. une réforme Institutionnelle claire et précise. Cette réforme, réclamée depuis des décennies par plusieurs partis politiques et la société civile, ne doit être une énième page de la décentralisation, ou pire un renforcement de la déconcentration, mais un virage qui doit aboutir à la création de régions cohérentes qui répondent aux aspirations des peuples autochtones, respectueuses du groupe ethnique, des valeurs coutumières des territoires et tournées vers l'avenir. Surtout qui nous mènera à une organisation fédérale ethnique de la Nation-Cameroun.
Les partis politiques fédéralistes, comme le M.P, le SDF, l'UPC, le PCNR et d'autres, doivent peser de tout leur poids pour faire entendre leur voix.
Comment se faire entendre dans un système médiatique et institutionnel largement ancré dans la promotion des pays occidentaux ? La réponse est : l'Union Coutumière et Solidaire de la Résistance, en abrégé UCSR, doit devenir une caisse de résonance pour toutes les ethnies du Cameroun, voire de l'Afrique toute entière.
LE FEREDERALISME ETHNIQUE, ce n'est pas l'indépendance - LE FEREDERALISME ETHNIQUE, c'est la non-dépendance !