Burkina Faso: Organisation des examens scolaires - Ils s'amusent avec l'avenir de vos enfants

« Le Bac va-t-il présenter une meilleure copie ? » Ce titre interrogatif dans notre précédente édition en disait suffisamment long sur les inquiétudes qui entouraient l'organisation du baccalauréat, session de juin 2023, qui a commencé hier mardi 20 juin.

Inquiétude de certains maillons de la chaîne organisationnelle comme les présidents de jury et de centre, les correcteurs, les surveillants dans la mesure où jusqu'à la veille de l'examen il y en avait qui n'avaient pas encore reçu leur convocation ou qui ne connaissaient même pas le fichier de leurs candidats ; inquiétude aussi des parents d'élèves, en raison des précédents fâcheux du Certificat d'études primaires (CEP) et du Brevet d'études du premier cycle (BEPC).

La faute, dit-on, à un logiciel expérimental à la maîtrise duquel les responsables ont été sommairement formés, à moins que ce soit l'outil lui-même le problème. Résultat des courses, ce méli-mélo informatique pour le second tour du BEPC, avec des candidats ajournés comme admis dont la faible note n'a pas été remplacée par la plus forte, des notes qui sont retenues, même si elles étaient inférieures à celles du premier tour, et bien d'autres bizarreries. Tant et si bien que les délibérations qui avaient commencé le 13 juin dans de nombreux jurys ont dû être interrompues pour reprendre le lendemain, le temps pour les organisateurs de démêler cet imbroglio. Quelle est l'étendue du désastre et quel impact cela a-t-il pu avoir sur les résultats ? On ne le sait encore.

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Mais alors qu'on pensait que les imperfections, voire les errements, qui ont entaché le CEP et le BEPC allaient être corrigées concernant le bachot, les nouvelles, là non plus ne sont pas du tout rassurantes. Les mêmes problèmes de convocation à temps et jusqu'à la nuit du lundi 19 au mardi 20, des présidents de jury qui n'avaient toujours pas leur fichier ; autrement dit, qui ne savaient toujours pas qui composait ou pas chez eux.

Et alors que les épreuves étaient censées débuter à 7h 30 « sur toute l'étendue du territoire » pour des questions d'équité, jusqu'à 8h, des présidents de jury étaient absents, ce qui a obligé les responsables à trouver des solutions palliatives pour lancer les opérations et a ajouté, de ce fait un surcroît de stress à des candidats qui n'en menaient déjà pas large après neuf mois de dur labeur. Si dans des circonscriptions normales comme Ouaga ou Bobo on assiste à ce joyeux désordre, on imagine ce qui peut être le cas à l'intérieur du pays, notamment dans des zones à haut déficit sécuritaire. QUEL DESASTRE !

De mémoire de Burkinabè, rarement examens scolaires auront été aussi mal organisés. Certes, pressentant la bouillie qu'elles étaient en train de préparer, les autorités éducatives ont demandé aux examinateurs de maintenir le traitement manuel des données pour pouvoir, le cas échéant, comparer. C'est dire combien ils avaient confiance eux-mêmes en leur machin.

Comment peut-on s'amuser ainsi avec l'avenir des enfants ? Et ce sont les mêmes qui, du haut de leur chaire, nous pompent quotidiennement l'air avec des discours convenus sur « les enfants qui sont l'avenir et le fer de lance de la nation » ou sur « l'éducation qui est la base de tout développement ». Une éducation qui est, hélas, pourtant, le lieu depuis des lustres d'expérimentations parfois hasardeuses dans notre pays. Et ce qu'on nous sert actuellement en est une preuve supplémentaire. Sinon peut-on imaginer que des changements aussi importants soient opérés au pied levé là où il aurait fallu sans doute plus de temps et de méthode pour des essais-pilotes avant la vulgarisation à grande échelle ? Nos sachants et autres pédagogues ont oublié, pour reprendre Mandela, que « l'éducation est l'arme la plus puissante que vous puissiez utiliser pour changer le monde ».

Ce qui se passe est suffisamment grave pour ne pas interpeller. On peut toujours incriminer le logiciel à problèmes mais derrière le jdk8 ou le jdk11 qui donnent des insomnies aux enseignants, il y a des hommes et des femmes qui ont mal fait leur boulot. Et il faudra bien que des enquêtes administratives rigoureuses soient menées pour situer les responsabilités et que des têtes tombent si nécessaire.

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