Du départ de la MONUSCO
« A quand le départ de la MONUSCO de la République Démocratique du Congo (RDC) ? C'est la question que se pose souvent la population congolaise. Elle revient de façon récurrente dans les milieux publics et alimente les débats sur les médias tant traditionnels que sur les réseaux sociaux.
La Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies en RDC, Bintou Keita et le porte-parole du gouvernement congolais Patrick Muyaya y ont répondu lundi 19 juillet au cours d'une conférence de presse conjointe, devant les professionnels des médias nationaux et internationaux.
En direct sur la chaine de télévision nationale congolaise RTNC, la cheffe de la MONUSCO a clairement expliqué que la MONUSCO est déjà sur le départ : « Le départ de la MONUSCO est déjà enclenché », a-t-elle soutenu, tout en ajoutant qu'il faut que ce retrait soit digne et pacifique. « On ne démantèle pas une mission en un jour, moins encore par un claquement des doigts. »
Madame Keita a indiqué qu'en accord avec le gouvernement, un plan de transition conjoint et graduel axé sur 18 jalons avait déjà été établi. Elle a rappelé que depuis décembre 2022, et sur demande du gouvernement, il a été convenu de le réévaluer en se focalisant prioritairement sur quatre jalons, notamment : la réduction sensible des menaces liées aux groupes armés, le renforcement des capacités à répondre aux menaces, à la protection des civils, et résoudre efficacement les conflits inter-ethniques, la mise en oeuvre du plan opérationnel du Programme de Désarmement, Démobilisation, Relèvement communautaire et Stabilisation ainsi que l'organisation des élections crédibles, transparentes, inclusives dans les délais constitutionnels.
Répondant à la question de savoir si la MONUSCO pourrait revenir en RDC, après son départ, la cheffe de la MONUSCO a précisé : « J'espère qu'une fois que nous serons partis, que nous partirons pour ne plus revenir, parce que l'autorité de l'Etat aura été complètement rétablie. Nous travaillons déjà à notre propre disparition. » Et pour ce faire, « dès fin juillet, sur demande du Secrétaire général des Nations Unies, nous enverrons un rapport qui permettra de donner une nouvelle configuration de la Mission en #RDC », a-t-elle ajouté.
Patrick Muyaya, Porte-parole du gouvernement et ministre de la Communication et Médias a abondé dans le même sens que Bintou Keita. Il est lui aussi revenu sur la question « du quand » la MONUSCO partira du sol congolais. Monsieur Muyaya était clair : « Il faut éviter de tomber dans les pièges des fixations de dates, on doit organiser un départ structuré et civilisé pour permettre un transfert des compétences entre la MONUSCO et le gouvernement de la RDC ».
Le ministre de la Communication et médias a cependant insisté sur le fait que le gouvernement a déjà pris en compte la demande de la population qui souhaite le départ de la MONUSCO.
Situation sécuritaire
La situation sécuritaire à l'Est du pays a aussi fait partie des questions à l'ordre du jour, avec notamment la question des groupes armés du M23 et des ADF.
Interrogée sur le lien qui existerait entre les ADF et le groupe terroriste Daesh, la cheffe de la MONUSCO a indiqué que : « nous avons des informations qui confirment non seulement le recrutement dans d'autres pays mais aussi les sources de financement qui transitent par d'autres pays et parviennent aux ADF ». Bintou Keita a révélé qu'il y a une bonne collaboration et échange d'informations sur cette question entre la MONUSCO, l'ANR (Agence Nationale des Renseignements) et les FARDC.
A l'insinuation selon laquelle la MONUSCO serait alliée du M23, Bintou Keita a été ferme : « nous avons déjà été attaqués par ce groupe, je ne comprends pas pourquoi vous pensez que nous avons un cadre d'échange avec eux. Nous ne sommes pas alliés au M23 »
Appui aux élections
Répondant à une question sur la nature de l'appui de la MONUSCO au processus électoral en cours en RDC, la cheffe de la mission onusienne a précisé que la MONUSCO joue un rôle de bons offices, et que la Mission travaille pour l'inclusivité de toutes les parties prenantes. « Notre rôle, c'est aussi de veiller à un processus apaisé. », a-t-elle indiqué.
Elle a cependant souligné que la Mission onusienne a le devoir de s'assurer de la crédibilité et la transparence de ce processus et a félicité la CENI pour le respect jusqu'à ce jour du calendrier électoral. « Au départ, personne n'y croyait. », a-t-elle rappelé.