60 ans marquent la relation diplomatique entre le Sénégal et le Saint-Siège. Pour commémorer cette occasion, l'ambassade du Sénégal près le Saint-Siège a organisé sous le Haut Patronage du dicastère pour la Culture et l'Éducation, mercredi 14 juin, un symposium au Centre de Congrès Augustinianum à Rome. Ce fut l'occasion de rendre hommage à Léopold Sédar Senghor, poète, écrivain et père de l'indépendance du Sénégal.
Organisé autour du thème « civilisation universelle et fraternité humaine », ce symposium a été une occasion de mettre en lumière sur les pensées du poète et écrivain sénégalais Léopold Sédar Senghor. De l'actualité de Senghor et son message aux jeunes à sa figure culturelle, sociale et politique, du dialogue et la promotion de la paix dans les relations internationales, à la rencontre du donner et du recevoir, la figure du combattant pour la dignité des noirs reste emblématique.
Le Sénégal, l'un des premiers pays africains signataire de l'accord-cadre avec le Vatican
C'était « le 17 novembre 1961, le Sénégal étant l'un des premiers pays africains après dépendance à établir ses relations diplomatiques avec le Saint-Siège », a rappelé Pascal Martin Tine, ambassadeur du Sénégal près le Saint-Siège dans une interviews accordée à Radio Vatican. C'est pourquoi ce symposium a «été pensé autour du président Léopold Sédar Senghor qui, par sa vie et son oeuvre a pu symboliser le génie du peuple sénégalais pour l'ouvrir vers l'universel» a expliqué Tine. Cette occasion avait également pour but d'offrir au Vatican la possibilité de «rendre hommage à Senghor pour avoir pensé et soutenu l'idée d'un conseil pontifical de la culture», a-t-il poursuivi.
Parlant des héritages du président Senghor, l'ambassadeur du Sénégal près le Saint-Siège a rappelé que Senghor a été un grand combattant pour la valorisation de la dignité humaine et cela se concrétise par ses écrits à l'exemple de l'un de ses textes, décrivant que «son seul but tout au long de sa vie politique était l'émancipation de la jeune femme sénégalaise». L'un des héritages de ce combattant, c'est «la persévérance dans l'effort».
Au-delà de tout, le premier président sénégalais a été un grand promoteur de la fraternité humaine. Raison pour laquelle se prononçant sur les récents évènements du pays, Pascal Martin Tine a regretté des «choses très nouvelles qui arrivent» au Sénégal, s'inclinant devant «la mémoire des victimes». Il a invité par ailleurs les Sénégalais à retrouver le sens de la fraternité légué par Léopold Sédar Senghor, se considérant tous avant tout comme frères sénégalais, mettant de côté toutes les différences, «religieuses ou ethniques». C'est aussi à cela que le Pape François appelle l'humanité à construire la paix. Un appel réitéré par les évêques du Sénégal dans leur message à la fin de leur session ordinaire invitant à dire «Non à la violence! Oui à la paix!».
Les hommages du Saint-Siège à Léopold Sédar Senghor
Le symposium sur la «civilisation universelle et fraternité humaine» organisé par l'ambassade du Sénégal près le Saint-Siège a été clôturé par les mots du cardinal Pietro Parolin, secrétaire d'État du Saint-Siège, lu par son représentant. Dans ce message, le cardinal Parolin a rendu hommage à « l'une des figures les plus significatives de l'Afrique du XXe siècle, qui a su se présenter comme un homme d'État, un homme de culture, un poète et un croyant ». Le secrétaire d'État du Saint-Siège a rappelé que « Léopold Sédar Senghor, a conduit son pays à travers une transition pas facile de la phase coloniale à celle d'une indépendance réelle pour son peuple, pendant des années contraint à la domination extérieure, à des formes d'esclavage personnel et au contrôle des ressources présentes dans cette grande terre ».
Outre ces lourdes charges de mener la transition entre colonisation et indépendance, Senghor a « mené une action éducative, également en matière de responsabilité politique, en donnant la priorité aux conditions préalables du développement, du progrès et de la pacification ». Toutes ces actions a-t-il poursuivi, a été « non seulement pour le Sénégal, mais en le projetant à l'extérieur, vers les objectifs d'intégration du continent africain ».
La lutte du président Senghor était de « combiner et rapprocher les sentiments religieux traditionnels présents dans le pays avec la vision chrétienne de l'amour de Dieu et de l'amour du prochain ». C'est ce qui a fait l'authenticité de ce grand homme qui a voulu par ses oeuvres unifier et converger tout vers Dieu. Car, a dit le cardinal Parolin dans son message, « tout processus authentique de développement trouve son accomplissement en Dieu, dans son oeuvre de Créateur et dans sa bienveillance de Père qui nous permet de découvrir chaque jour le sens et le contenu de la Vérité ».
Pour le président Senghor, créer une société sans limites et sans exclure les peuples et les pays des processus de développement signifiait l'effort de rechercher la Vérité, en combinant ses qualités d'homme d'État avec l'expérience de la foi et de l'amour pour les autres. Cette démarche «lui a permis de poursuivre la recherche de la justice et de s'engager dans la transformation de la réalité humaine et sociale dans laquelle il évoluait». Le choix de cette méthode, a conclu le secrétaire d'État du Saint-Siège « nous permet aussi aujourd'hui de viser la libération du sous-développement des peuples, des communautés et des personnes, à partir de la reconnaissance de leur dignité d'enfants de Dieu parce qu'ils ont été créés à son image ».