Les efforts du Programme Alimentaire Mondial (PAM) pour renforcer la résilience aux chocs climatiques et aux facteurs de stress d'origine humaine ont permis de stimuler la sécurité alimentaire, tout en renforçant la cohésion sociale et en améliorant les perspectives de paix au Burkina Faso et au Niger, a indiqué l'agence onusienne mercredi, citant une nouvelle étude.
« Les conflits - l'un des principaux facteurs de la faim au Sahel - ont connu une escalade spectaculaire ces dernières années. Ce rapport révèle que les actions de renforcement de la résilience constituent une protection efficace contre l'augmentation de la faim et l'instabilité croissantes dans la région », a déclaré la Directrice Régionale adjointe du PAM pour l'Afrique de l'Ouest, Margot Van Der Velden.
L'agence onusienne a considérablement renforcé ses efforts en matière de résilience depuis 2018, en étroite collaboration avec les gouvernements nationaux, les communautés locales et les organisations à travers le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad.
En seulement quatre ans, les initiatives de résilience du PAM ont bénéficié à plus de trois millions de femmes, d'hommes et d'enfants dans plus de 2.800 villages. De plus, ces initiatives ont permis de restaurer 220.000 hectares de terres, ce qui équivaut à la superficie de 308.500 terrains de football.
L'exemple avéré du Burkina Faso et du Niger
Selon le rapport conjoint intitulé « Recherche sur la cohésion sociale au Sahel au Burkina Faso et au Niger », le soutien du PAM à la réhabilitation des terres pour la production de cultures et de fourrage contribue à renforcer le dialogue et la coexistence pacifique au sein et entre différents groupes identitaires, ainsi qu'entre les communautés et leurs dirigeants au Burkina Faso et au Niger.
Ces deux pays sont parmi les plus vulnérables structurellement et les plus touchés par l'insécurité alimentaire en Afrique de l'Ouest.
Ils font partie d'un programme régional de renforcement de la résilience promu par le PAM, qui couvre ces pays du Sahel ainsi que le Mali, la Mauritanie et Tchad.
Les conflits, moteurs de l'insécurité alimentaire au Sahel
La région du Sahel est confrontée à une insécurité alimentaire aiguë, à la malnutrition, à un accès limité aux services sociaux, à des niveaux élevés de conflits et de déplacements, à l'instabilité politique, aux chocs économiques et aux menaces environnementales telles que la dégradation des sols et l'impact de la crise climatique, indique le PAM.
Les conflits restent l'un des principaux moteurs de l'insécurité alimentaire dans la région, avec une augmentation alarmante des événements violents et des conflits armés au cours des dernières années.
Plus de 10,2 millions de personnes dans les pays du Sahel - soit une personne sur dix dans la région - auront un accès irrégulier à des aliments sains et nutritifs pendant la période de soudure de juin-août 2023, selon la dernière analyse de la sécurité alimentaire du Cadre Harmonisé de mars 2023.
Pour autant, en collaboration avec ses partenaires, le PAM encourage l'adoption de pratiques agricoles durables et la construction d'infrastructures résistantes au climat afin de résoudre les problèmes de dégradation des terres, de déforestation, de diminution des pâturages et d'épuisement des sources d'eau. Des problèmes engendrent une compétition pour les ressources et entraînent la migration des personnes et du bétail vers des zones plus favorables.
Rapprocher les communautés
L'étude, réalisée par le PAM, l'Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI) et l'Institut pour la paix et le développement (IPD), souligne l'impact des interventions du PAM sur le renforcement de la résilience des communautés vulnérables face à divers chocs et facteurs de stress, tout en favorisant la cohésion sociale et la paix au sein des communautés participantes et entre elles.
Elle démontre comment la planification et la gestion participatives des activités du programme ont créé des espaces de dialogues et ont permis de développer une vision commune au sein des communautés, entre elles, avec les chefs communautaires, les chefs traditionnels, ainsi qu'avec et les services gouvernementaux infranationaux.
« Il est urgent de créer une approche plus holistique et à long terme des réponses aux crises alimentaires en s'appuyant sur les innovations existantes et en explorant de nouvelles solutions. Les réponses traditionnelles se sont concentrées sur l'aide humanitaire et l'aide alimentaire d'urgence, mais les crises plus fréquentes, aggravées et prolongées nécessitent des solutions plus durables et à long terme », a affirmé le Directeur adjoint du bureau régional pour l'Afrique de l'IFPRI, Samuel Benin.
Selon M. Benin, l'étude met en évidence que « la structuration des programmes de renforcement de la résilience peut favoriser la cohésion sociale, contribuant ainsi à réduire les cycles de conflit ».
Favoriser le dialogue
Entre autres, les activités de résilience du PAM ont favorisé une interaction continue entre des individus et des groupes d'identités diverses, contribuant ainsi à réduire les stéréotypes et les suspicions tout en renforçant les liens au sein des communautés et entre elles.
« Cette approche collective a renforcé la confiance entre les différents groupes ethniques, religieux, socio-économiques, de genre et d'âge, ainsi qu'entre les communautés d'accueil et les communautés déplacées », a fait valoir le PAM, ajoutant que ces efforts témoignent de l'engagement du PAM « à promouvoir la confiance, le respect, la tolérance, la solidarité et l'égalité des opportunités au sein des communautés vulnérables ».
Amélioration des relations entre agriculteurs et éleveurs
Par exemple, les initiatives de résilience du PAM ont contribué à améliorer les relations entre les agriculteurs et les éleveurs.
Les activités de création d'actifs axées sur la restauration des environnements dégradés ont permis une meilleure gestion et un meilleur approvisionnement des ressources naturelles, réduisant les conflits entre ces deux groupes. Cela a favorisé l'établissement de relations symbiotiques bénéfiques pour les agriculteurs et les éleveurs.
De même, les engagements conjoints dans des activités de résilience ont renforcé l'intégration des populations déplacées au sein des communautés d'accueil, « en soutenant les tendances préexistantes d'entraide envers les nouveaux arrivants et en favorisant un sentiment d'appartenance ».
Autonomisation accrue des femmes
Les femmes participant à des activités de subsistance et de nutrition ont exprimé un sentiment d'autonomisation et des liens plus étroits avec les chefs de la communauté, signale également le rapport.
Leur implication accrue aux processus décisionnels et à la vie économique a fait prendre conscience du rôle essentiel des femmes dans le développement de la communauté, ce qui a conduit à une plus grande acceptation, un plus grand respect et une plus grande inclusion.
Enfin, l'étude souligne que les initiatives de résilience ont ouvert de nouvelles opportunités économiques, réduisant l'émigration, augmentant l'implication des jeunes dans la vie de la communauté et renforçant la confiance entre les générations.