Ile Maurice: Affaire Akil Bissessur | suspects reconduits en cellule - Me Rama Valayden demande une contre-expertise

Les frères Bissesseur et Doomila Moheeputh ont comparu au tribunal de Grand-Port hier sous des charges provisoires de complot pour importation de drogue. La police ayant objecté à leur libération, ils sont retournés en cellule jusqu'au 27 juin. Leurs avocats parlent de droits bafoués...

Lors de leur comparution devant la magistrate Doorgeshnee Dinya-Mooloo au tribunal de Grand-Port hier après-midi, Me Akil Bissessur et son frère Avinash ont été inculpés provisoirement de «conspiracy to import drugs» et «d'attempt to possess». La compagne de l'avocat, Doomila Moheeputh, répond d'une charge de complot pour «aiding and abetting». La police a objecté à leur libération provisoire pour trois raisons - risque d'interférer avec des témoins, manipulation de preuves et risque de récidiver. Leurs avocats, Mes Rama Valayden, Sanjeev Teeluckdharry, José Moirt et Vimal Rajkoomar ont logé une motion pour leur remise en liberté conditionnelle qui a été fixée au lundi 26 juin.

Me Rama Valayden parle de droits constitutionnels bafoués et compte solliciter la Human Rights Commission et adresser une correspondance au commissaire de police. Akil Bissessur a fait une déclaration à la cour en revenant sur ses arrestations passées. En trois ans, il dit avoir fait l'objet d'au moins quatre accusations provisoires, toutes rayées, dont celle de trafic de drogue avec sa compagne, Doomila Moheeputh. Il dit avoir passé 18 jours en détention et sa compagne 19 jours, après que la Special Striking Team (SST) de l'ASP Ashik Jagai les avait arrêtés.

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L'avocat dit avoir été victime de «planting» et rappelle qu'il a soumis des preuves soutenues par des images CCTV au tribunal de Bambous. Son ADN n'a pas été retrouvé sur la drogue saisie par la SST lors de sa première arrestation. L'avocat a aussi souligné que la magistrate de Bambous a été très critique envers la police, qui a failli en ce qu'il s'agit d'enquêter sur sa version. Cela, d'autant que les résultats d'analyses confirment l'absence d'ADN ou d'empreintes pouvant lier le couple à la drogue.

«Lady»

Akil Bissessur a aussi mentionné l'affidavit juré par Vimen Sabapati en Cour suprême et les nouvelles preuves qui font état de conversations impliquant des membres de la SST pour piéger les opposants au régime et dit être leur cible. Il ajoute que la police a refusé d'enquêter sur sa requête lorsqu'il a fait allusion à un étrange appel téléphonique avec une «lady» lors de l'opération de la SST dans la nuit du 19 août 2022.

De plus, le constable Callychurn, autrefois affecté à la Western Division, l'avait accusé d'avoir posté sa photo sur les réseaux sociaux alors qu'il recherchait l'identité du policier qui avait agressé son client, Darren Activiste. La police l'avait arrêté mais le bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP) a stoppé les procédures contre lui et le policier sera poursuivi. Beaucoup d'éléments de la SST ont travaillé dans la même unité que ce constable.

L'homme de loi incriminé est ensuite revenu sur l'opération de mardi. Vers 9 h 30, dit-il, le vigile de son immeuble, Dreamton Park, à Sodnac, l'aurait appelé pour lui dire que le facteur était venu lui livrer un colis en provenance d'Allemagne. Akil Bissessur aurait dit au vigile qu'il n'avait passé aucune commande mais celui-ci lui a demandé de venir parler au facteur.

Il est descendu avec sa compagne car ils s'apprêtaient à partir pour Bambous. Bien qu'il ait refusé de prendre livraison du colis, des membres de la SST et l'ASP Jagai l'ont approché et ont lancé «enn control delivery sa». Des policiers sont sortis de véhicules se trouvant dans le parking souterrain et d'autres ont franchi des murs pour perquisitionner son domicile. Le mandat de perquisition, ajoute-t-il, n'était pas signé par un magistrat.

Me Rama Valayden a lui fait état d'une «saisie troublante» pendant cette perquisition, dont un téléphone cloné et des papiers à rouler. Il maintient que ces objets ont été plantés et demande que ces pièces à conviction soient gardées en lieu sûr, sous surveillance caméra et pas dans les locaux de la SST. Il demande que des prélèvements ADN soient effectués sur ces objets et sur le téléphone, l'Ipad et l'ordinateur portable d'Akil Bissessur ; que soient communiqués à la défense le parcel tracking number, sender et addressee ; que le colis soit «contre-expertisé» et de préserver l'emballage original du colis - le nom de son client n'y figurerait pas - le footage CCTV du 20 juin. Il a enfin demandé à la magistrate qu'une autre unité de la police s'occupe de l'enquête.

Téléphone clone

À sa sortie du tribunal, Me Valayden a déclaré que le planting a atteint un niveau sophistiqué. «Ou pran ek klonn telefonn ou plant li dan lakaz lot koté ou pran trwa ti-papié ou planté ou fer ladrog vini lor enn nom apré ou aret dimounn-la alor ki li pé réfizé ou fini konpran ki pé arivé dan péi.» L'avocat dit espérer que la police prendra en considération toutes ses requêtes.

Selon la SST, un colis contenant de l'ecstasy d'une valeur de plus de Rs 2 millions portait le nom d'Avinash et l'adresse d'Akil Bissessur. La SST qui a aussi perquisitionné la maison d'Avinash Bissessur aurait saisi une trentaine de pilules soupçonnées d'être des psychotropes.

Le père d'Akil Bissessur «choqué de voir des professionnels faire leur travail sans principes»

Naimduth Bissessur, revenant sur l'arrestation de ses fils, se dit profondément blessé et «choqué de voir des professionnels qui font leur travail sans principes». L'ex-douanier est revenu sur la perquisition de la maison où il vit avec son fils Avinash et la saisie de psychotropes. «SST inn vini inn dir pé vinn fer lafouy. Mo pa ti ena okenn obzeksyon, monn dir zot vid zot pos avan par prinsip ek transparans. zot dir mwa 'non nou pa pou kapav fer sa et nou pa pou fer li ou pé tard nou'. Ki ti pou kout zot fer sa si zot ti pé vinn avek bon lintansyon ? Non zot pa finn montré. Kan ariv dan enn ti lasam kot gard enn ta zafer dévan enn wardrobe, 7 dimounn dan lasam tir enn sachet dir 'hé ki été sa ?' Avinash dir li 'ki été sa, mo pa rékonet sa bann konprimé-la mwa.» Il ajoute qu'un des officiers a alors affirmé qu'il y avait 30 comprimés dans le sachet qui devra être analysé. «Kouma li koné ena 30 dan plastik-la, pann mem ouver pou konté...»

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