Burkina Faso: Affaire appel à incendier le palais du Mogho Naaba - Marcel Tankoano et Désiré Guinko plaident non coupables

Le procès sur l'affaire d'appel à incendier le palais du Moogho Naaba a repris, le mercredi 21 juin 2023 au Tribunal de grande instance de Ouaga I deux semaines après sa suspension. Dix personnes sont poursuivies dans cette affaire. Elles ont toutes répondu présent à l'appel. Deux prévenus ont été déjà entendus par le Tribunal. Ils ont plaidé non coupables.

Le procès sur l'affaire d'appel à incendier le palais du Moogho Naaba, débuté le 7 juin dernier et suspendu pour deux semaines a repris, ce mercredi 21 juin 2023 au Tribunal de grande instance de Ouaga I. L'absence d'un des prévenus qui était la raison invoquée pour la suspension du procès a été levée. En effet les dix prévenus dans cette affaire ont cette fois-ci répondu tous présents.

Il s'agit des membres des organisations de la société civile Marcel Tankoano, Pascal Zaïda, Karim Koné, Désiré Guinko, Boukaré Konombo, Abdoul Karim Baguian dit Lota, Boukaré Tapsoba, Souleymane Belem, de l'animateur du groupe Oméga Alain Traoré dit Alain Alain et du journaliste Loukman Sawadogo. Deux prévenus et quatre témoins ont pu être auditionnés entre 9 heures à 17 heures 30 hier. C'est l'accusé Marcel Tankoano qui a été le premier à être appelé à la barre.

Née le 31 décembre 1979, célibataire père de 4 enfants, il est poursuivi entre autres pour des faits d'incitation à la commission de délit de divulgation de fausses informations, de délit de dégradation de biens et d'avoir mis en danger la vie d'autrui. L'accusé a plaidé non coupable pour l'ensemble des faits qui lui sont reprochés et parle plutôt d'un complot politique.

Alors que, selon le parquet, au cours de son audition pendant sa garde à vue, le prévenu avait reconnu partiellement les faits et même demandé pardon en ce qui concerne notamment les faits d'incitation à un attroupement. Invité par le Tribunal pour s'expliquer, M. Tankoano a remis en cause ces déclarations devant le procureur en évoquant un problème de santé. Il a soutenu avoir été auditionné de 7 heures à 20 heures.

« Je n'étais pas normal au regard de mon état de santé. J'ai été arrêté par la police alors que j'étais malade. J'ai signalé mon mal à la police et j'ai présenté mes médicaments », a-t-il argumenté. Lors des auditions à la police, M. Tankoano a par ailleurs reconnu n'avoir pas été torturé, mais il a confié avoir eu des pressions physique et morale. « Deux policiers armés de kalachnikov et de pistolets automatiques sont venus me chercher.

Ils m'ont dit qu'ils vont m'envoyer quelque part. Avec le contexte de mobilisation générale, je pensais qu'ils voulaient me tuer. Ils m'ont envoyé à la direction générale de la police nationale où j'ai été auditionné jusqu'à 19 heures.

Je n'étais pas normal », a-t-il déclaré. Le parquet a remis en cause les arguments avancés par le prévenu. Il a dit être convaincu que si l'accusé voulait bénéficier de soins avant toute audition, il avait la possibilité de se faire soigner.« Pourquoi ne pas en faire la demande alors que la loi l'a prévue », s'est interrogé le procureur avant de poursuivre que c'est le droit du prévenu de dire qu'il est malade et qui l'affecte.

Zakaria Tagnan le judas

Le deuxième prévenu Désiré Guinko né le 27 janvier 1983 père de 4 enfants, appelé à la barre est accusé d'avoir pris part à une rencontre du Front uni pour le Faso (FUF) à laquelle l'enregistrement des audios en question a été évoqué. L'accusé a nié en bloc les faits qu'ils jugent gravissimes.

« J'ai dit dans mes auditions que le FUF et moi n'avons été ni de près ni de loin mêlés à cette affaire », a-t-il martelé. Puis de préciser qu'il s'agit d'un procès pénal. Par conséquent, il a voulu connaitre les preuves des témoins Zakaria Tagnan et Mamadou Zigui qui soutiennent que la décision a été prise au cours d'une réunion à laquelle il a participée.

C'est ainsi que les quatre témoins que sont Moustapha Koutougomdé, Zakaria Tagnan, karim Koanda et Mamadou Zigui passeront à tour de rôle pour expliquer au Tribunal ce qu'ils savent dans cette affaire. Tous ont parlé le même langage sur les audios. Ils ont avoué avoir été contactés par Marcel Tankoano pour produire deux audios. Selon les explications, le premier audio vise à faire croire que ce sont les pro-Russes qui veulent incendier le palais. Le deuxième va appeler la population à sortir pour protéger le palais.

Ainsi devant le fait accompli, le groupe de Marcel Tankoano pourra par la suite demander à la police de déloger les pro-Russes. Selon M. Koutougomdé, le 30 avril dernier vers 14 H 30, M. Tankoano a demandé à le voir. « ...il m'a demandé de faire le 1er audio pour inciter les gens de venir brûler le palais. J'ai dit que je ne pouvais pas et il m'a demandé si je ne connais pas quelqu'un qui pouvait le faire... », a-t-il dévoilé.

Marcel Tankoano, appelé à se prononcer à la suite de ces témoignages, est resté constant. Pour lui, ce sont de fausses déclarations, c'est un complot savamment orchestré contre sa personne. « M. Tagnan est le Judas qui a trahi et c'est lui qui tire sur les ficelles. Les trois autres témoins sont dans un système qu'ils ne maitrisent pas », a-t-il déclaré avant d'expliquer que l'audio dont il est question à la rencontre du 23 avril est différent.

Il s'agit d'une vidéo d'une conférence de presse que nous avons organisée dans le cadre des activités du FUF. Le procès qui a débuté à 8 heures 30 a été suspendu à 17 heures 30 et se poursuit, ce jeudi 22 juin 2023 à partir de 8 heures avec les auditions des témoins par les avocats de la défense.

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