Congo-Brazzaville: Processus électoral - Les dessous du retrait de Martin Fayulu

Le leader de l'Ecidé, Martin Fayulu, vient de lancer un pavé dans la mare en se retirant du processus électoral actuel qu'il estime corrompu.

Martin Fayulu a annoncé, le 19 juin, devant la presse sa décision de se mettre en marge du processus électoral, à ses yeux, biaisé et peu crédible. Par voie de conséquence, son parti, l'Ecidé, ne présentera pas des candidats à tous les niveaux des scrutins. Il récuse le fichier électoral de près de 42 millions d'électeurs tel qu'élaboré avec le concours de cinq experts comptables internationaux recrutés par la Centrale électorale. Tant que ce fichier ne sera pas audité par un cabinet indépendant, le leader de l'Ecidé restera figé dans sa position. "Je suis pour les élections, mais à condition que le fichier soit revu », a-t-il indiqué tout en précisant que sa décision n'est pas à confondre avec un quelconque boycott.

À l'opposé d'Étienne Tshisekedi d'heureuse mémoire, qui en son temps avait interdit aux membres de l'Union pour la démocratie et le progrès social de ne pas s'enrôler, lui estime que l'Ecide est bel et bien partie prenante au processus électoral. Ce qui lui a permis de découvrir que le fichier concocté par la Commission électorale nationale indépendante (Céni) était corrompu.

Une chose est vraie, c'est que la décision de Martin Fayulu ne surprend outre mesure, étant entendu qu'il ne donnait pas les signes d'un engagement sincère à accompagner la dynamique électorale jusqu'à son terme. Nonobstant les stratégies montées par ses officines pour saper le processus électoral et décrédibiliser la Céni dans sa composition, le fichier électoral a été élaboré et validé par un audit externe. "Le fait de voir le processus électoral cheminer vers son aboutissement ne fait pas l'affaire de Martin Fayulu qui n'y a pas cru", commente un analyste politique sous le sceau de l'anonymat.

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Au-delà de l'impréparation aux élections, le leader de l'Ecidé, désormais sans pourvoyeur des fonds - Moïse Katumbi et Adolphe Muzito ayant déjà fait part de leurs ambitions de candidater à la présidentielle -, sait qu'il n'y a plus rien à espérer. D'après maints analystes, ses soutiens d'hier qui ont compris sa stratégie refuseraient de lui servir à nouveau de marchepied, l'obligeant ainsi à faire cavalier seul dans une opposition qui fait de plus en plus preuve de discordance tant dans le discours que dans la stratégie politique.

En tout cas, les membres et sympathisants de l'Ecidé sont loin de digérer cette volte-face de leur leader qui n'est pas à sa première forfaiture. L'on rappelle qu'il s'était opposé farouchement à la machine à voter lors de élections de 2018 avant de se rétracter. Entre-temps, l'on s'interroge comment, après s'être fait enrôler dans un centre de la Céni, il peut récuser aujourd'hui le fichier électoral d'où il a eu à poser ses empreintes. Réduits à l'expectative, les membres de l'Ecidé et autres sympathisants attendent voir si leur leader sera capable d'aller jusqu'au bout de sa logique contestataire.

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