Podor — La maîtrise de l'eau, notamment dans les périmètres villageois irrigués donne aux paysans la possibilité de multiplier par trois les rendements annuels en vue de contribuer à l'atteinte de la souveraineté alimentaire, a estimé jeudi à Podor (Saint-Louis, nord) le coordonnateur du Projet d'appui régional à l'initiative pour l'irrigation au Sahel (PARIIS) Aly Sané Niang.
"La maîtrise de l'eau permet la possibilité de faire trois récoltes par année et de multiplier ainsi les rendements. Cela permet d'atteindre la souveraineté alimentaire", a notamment dit M. Niang.
Il s'exprimait lors d'une visite de terrain au niveau des périmètres villageois irrigués dans le département de Podor. Plusieurs acteurs, ainsi que des journalistes ont pris part à cette tournée des responsables du projet PARIIS.
Ce programme intervient dans la vallée du fleuve Sénégal en collaboration avec la Société d'aménagement et d'exploitation des terres du Delta du Fleuve Sénégal (SAED). Il vise à aménager des périmètres irrigables dans la zone.
"L'innovation c'est ce que l'on appelle les +canaux maçonniques+ (...) l'impact c'est d'abord l'économie d'eau. Il n'y a plus pratiquement de coût au niveau de l'entretien des canaux", a poursuivi Aly Sané Niang.
Le coordonnateur du PARIIS parle d'une innovation "très appréciée par les producteurs dans la mesure où ils gagnent en terme de coût et en terme de revenus, permettant ainsi d'alléger les charges d'exploitation de ces périmètres".
Selon lui, la maitrise des enjeux de l'eau permet au Sénégal d'arriver à la "souveraineté alimentaire".
"Le Sénégal est un pays essentiellement agricole. Les ambitions sont clairement définies par l'Etat. Il faut aller vers la souveraineté alimentaire par la gestion et la maitrise de l'eau", a encore souligné le coordonnateur du PARIIS.
Il a fait observer que le Sénégal dispose d'une agriculture pluviale sur trois mois qui permet aux paysans d'atteindre des niveaux de production à même de contribuer à l'atteinte de la souveraineté alimentaire.
"Nous ne pouvons plus nous contenter d'un cycle de culture. Par la gestion et la maitrise de l'eau, nous pouvons parvenir à faire trois voire quatre cycles de culture dans l'année. Et cela va booster les récoltes", a préconisé Aly Sané Niang.
Il a aussi fait état de la prise en charge des activités post récolte et l'appui dans la politique d'acquisition d'équipements par le programme PARIIS.
"Dans certains périmètres, nous avons déjà réceptionné des moissonneuses afin de traiter les cultures en fin de récolte (...) même si l'objectif premier c'est de mettre en place un système irrigué", a fait valoir M. Niang.
"Tout ce qui est accompagnement pour booster les productions, est dans les cordes du PARRIS. Nous accompagnons les acteurs en terme de renforcement de capacité. Nous intervenons sur toute la chaine de valeur en relation avec la SAED", a signalé le coordonnateur du PARIIS.
Evoquant les possibilités d'extension du PARIIS à une plus grande échelle, M. Niang a fait observer que son programme a une "envergure nationale" qui lui permet de cibler d'autres zones et de s'implanter "un peu partout, si le potentiel agricole de la zone ciblée le justifie".
Il a cependant relevé quelques difficultés liées au système de pompage, au coût de l'électricité et du carburant qui "crèvent le budget de certains producteurs".
"Mais nous sommes en train de voir avec la Banque mondiale comment prendre en charge cette question avec notamment la mise en place de systèmes solaires pour régler définitivement ces difficultés liées au coût d'électricité et de carburant", a assuré le coordonnateur du PARIIS.