Sénégal: A moins de 10 jours de la tabaski 2023, déficit et cherté du mouton à Dakar

Le Tabaski 2023 sera célébrée au Sénégal en deux jours : le mercredi 28 juin, à l'appel de la Coordination des musulmans du Sénégal qui prie avec La Mecque le reste du Monde, et le jeudi 29 juin, conformément à la décision de la Commission nationale de concertation sur le croissant lunaire (CONACOC). Déjà, à moins d'une dizaine de jours, l'Aïd el-Kabir ou Aïd al-Adha s'annonce difficile pour nombre de Sénégalais, surtout «goorgoorlu», à cause de l'inaccessibilité des moutons, des prix exorbitants et un déficit dans l'approvisionnement du marché en béliers de Tabaski. Conséquence, au niveau des points de ventes visités, les clients manquent encore à l'appel, suscitant inquiétude chez des vendeurs.

La Tabaski, littéralement appelée "fête du mouton", est caractérisée, chaque année, par le sacrifice d'un bélier ou autre animaux reconnus en équivalence, en perpétuation d'une tradition prophétique, celle d'Ibrahim. L'Aïd al-Adha ou l'Aïd el-Kebir ou encore Tabaski en Afrique de l'Ouest, est la plus importante des fêtes musulmanes. Seulement, au Sénégal, la Tabaski 2023 s'annonce difficile pour beaucoup de Sénégalais.

En effet, à environ une semaine de cette fête sera célébrée, comme plusieurs de par le passé, en rang dispersé les mercredi 28 et jeudi 29 juin par les fidèles musulmans du pays de la «Teranga», l'approvisionnement insuffisant du marché dakarois et l'inaccessibilité des moutons, à cause des prix exorbitants inquiètent plus d'un. S'exprimant sur cette situation dans les médias, le directeur de l'Élevage, Dame Sow, invoque trois facteurs pour expliquer ce déficit dont les incertitudes liées au climat politique qui constituent le premier élément. «Les opérateurs sont rationnels ; ils ne prendront pas le risque d'acheminer leurs moutons dans des zones pas sûres», analyse le directeur de l'Elevage.

Un tour, à moins de 10 jours de la fête de Tabaski, aux Parcelles Assainies de Dakar, plus précisément à l'esplanade du stade Léopold Sédar Senghor, l'un des plus grands points de vente normalisés de moutons de la capitale, permet d'apprécier. A l'entrée du parking, l'espace est occupée par des moutons ; les vendeurs ont construit des enclos avec des barricades pour sécuriser leurs béliers. De l'autre côté, il y'a des vendeurs de foins. À l'intérieur de ses enclos il y'a des têtes de montons avec une différenciation de race : «xar peul-peul», du nom des béliers venant de l'intérieur du pays ou de la sous-région, et «xar yar», les moutons (de race) issus de l'élevage domestique dans les maisons.

Baba Ndiaye, un vendeur de moutons «xar yar», trouvé assis dans un canapé confie : «ce sont des montons "xar yar" et ils sont plus cher que les autres moutons notamment les "peul-peul parce que les "xar yar" sont plus présentables. Et, après avoir immolé le mouton, la qualité de la viande n'est pas la même», a-t-il expliqué. D'après Baba Ndiaye, «cette année, il y'a une minorité des moutons, si l'on le compare avec l'année dernière. Puisqu'à pareille période l'année dernière, il n'y avait pas d'espace libre comme c'est le cas cette année, à moins de 10 jours de la Tabaski. Et les moutons sont très chers, à cause de cette rareté et aussi l'augmentation des prix de leurs nourritures : l'aliment de bétail et le foin dont le sac s'élève à 7000 FCFA . Et nous notons que les clients viennent rarement», s'inquiète-t-il, après avoir indexé un des béliers : «ce mouton coûte 150.000 FCFA comme dernier prix», a-t-il dit.

Les clients manquent encore à l'appel

Pourtant, ce lieu est loin d'être désert et partout où l'on passe, on est interpellé par les vendeurs à la recherche d'acheteurs. Arrivé à hauteur de l'espace occupé par Amadou Thiam, comme tous les vendeurs dépassés, il lance : «venez, je vous propose des moutons avec un bat prix». Devant son enclos, entouré avec des barricades, des personnes s'activent à coté à préparer les aliments pour les moutons ; de l'autre, on a des moutons venant du mali. «Les montons sont très chers parce que les prix des aliments comme le foin ont augmenté et on ne pense pas pourvoir faire un grand bénéfice ; juste tirer un profit de 5000, 10.000 FCFA pour chaque tête. Je commence à perdre de l'espoir ; mais les anciens disent que les clients vont venir au dernier moment. Mon souhait est de garder seulement un mouton pour ma famille. Même si je dois perdre, il faut que je me débarrasse de tous les moutons».

Pour Amadou Thiam «les mesures d'accompagnement annoncées par les autorités, comme les subventions de l'aliment bétail, ne sont pas effectives jusqu'à présent (avant-hier mardi, ndlr). On ne voit rien. Et si on mettait en place ses aliments subventionnés aussi, ils n'auront pas d'effet, à moins de 10 de la fête de Tabaski. Concernant les prix des moutons, les plus petits commencent à 80.000 FCFA et les plus grands béliers commencent à 170. 000 FCFA. J'ai vendu 2 moutons à cette somme».

Cherté du prix des béliers ou approvisionnement déficitaire du marché, les clients se font encore désirer au niveau des points de vente. En atteste, durant notre tour des enclos de moutons «exposés» au parking du stade Léopold Sédar Sénghor, il n'y avait pas la présence d'un seul acheteur. Les clients manquent encore à l'appel au niveau des quelques points de vente visités.

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