Le groupe d'experts de l'ONU sur le Congo confirme, pour la première fois, des liens organisationnels entre les rebelles des ADF et le groupe terroriste de l'Etat Islamique, deux ans après l'administration américaine. Après une année d'enquête, ce groupe a présenté au Conseil de sécurité, lundi 19 juin, son rapport final.
Sur la base de nombreux témoignages et preuves documentées, le groupe d'experts des Nations unies sur la RDC dit avoir établi que l'Etat islamique fournit un soutien financier aux rebelles des ADF depuis 2019. Il le fait par le biais d'un système financier complexe impliquant des individus dans plusieurs pays du continent africain, notamment :
la Somalie
l'Afrique du Sud
le Kenya
l'Ouganda.
Il parle aussi des sources de financement de cette rébellion d'origine ougandaise, active dans les territoires de Beni au Nord-Kivu et d'Irumu en Ituri.
Recrutement dans les mosquées
Ce document révèle des tentatives d'expansion des actions des ADF dans la région. Les experts de l'ONU affirment que les ADF ont essayé d'étendre leurs activités au-delà des provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri, en envoyant des combattants ou des collaborateurs en mission de reconnaissance ailleurs que dans ces deux provinces de l'Est de la RDC.
Ainsi, note le rapport, les ADF ont continué de recruter dans plusieurs mosquées d'Uvira au Sud-Kivu et de Kalemie au Tanganyika. Depuis la fin de 2021, les ADF ont également tenu plusieurs réunions avec des représentants de l'Etat islamique au Mozambique et au Sud-Kivu, pour échanger sur les stratégies et tactiques opérationnelles.
Le groupe d'experts de l'ONU précise également que les ADF ont cherché à recruter et à mener des attaques dans Kinshasa et dans les provinces de la Tshopo, du Haut-Uele et du Sud-Kivu.
Le 11 mars 2021, les Etats-Unis avaient placé les rebelles des Forces démocratiques alliées (ADF) en (RDC) et un mouvement djihadiste au Mozambique parmi les « groupes terroristes » affiliés au groupe Etat islamique (EI).
Le département d'Etat américain avait désigné les ADF sous le nom de « Daech RDC », en référence à l'acronyme arabe de l'EI, identifiant leur chef comme « Seka Musa Baluku », recherché à ce jour par la justice congolaise pour notamment les massacres de milliers de Congolais dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri.