Maroc: Maintien du taux directeur après trois hausses successives

La croissance de l'économie nationale devrait s'établir à 2,4% en 2023, selon l'organisme public

Le Conseil de Bank Al-Maghrib opte pour le statu quo, après trois hausses successives du taux directeur d'un total de 150 points de base. Ainsi en a décidé la Banque centrale à l'issue de sa deuxième réunion trimestrielle de l'année 2023.

En effet, « le Conseil a décidé de marquer une pause dans le cycle de resserrement de la politique monétaire, maintenant ainsi le taux directeur inchangé à 3% », a annoncé la Banque centrale au terme de cette réunion tenue mardi 20 juin à Rabat, sous la présidence du gouverneur de BAM, Abdellatif Jouahri.

Dans un communiqué rendu public le même jour, Bank Al-Maghrib a également indiqué que « lors de ses prochaines réunions, ses décisions tiendront compte notamment de l'évaluation approfondie et actualisée des effets cumulés de ses hausses de taux et de l'impact des différentes mesures mises en place par le Gouvernement pour soutenir certaines activités économiques et le pouvoir d'achat des ménages ».

Le maintien du taux directeur à son niveau actuel a été décidé après examen et approbation du rapport annuel sur la situation économique, monétaire et financière du pays ainsi que sur les activités de la Banque au titre de l'exercice 2022.

Au cours de sa réunion, Bank Al-Maghrib a analysé par la suite l'évolution et les perspectives de l'économie mondiale estimant que celles-ci restent entourées de fortes incertitudes en lien notamment avec les implications du conflit en Ukraine.

L'inflation reste à des niveaux élevés en lien avec le renchérissement des produits alimentaires frais

Tirée par le recul des cours des produits énergétiques et alimentaires, « l'inflation dans les principales économies avancées connait une baisse graduelle, mais continue toutefois d'évoluer largement au-dessus des cibles des banques centrales », a-t-elle en particulier relevé.

Après avoir passé en revue les développements récents relatifs à la conjoncture économique nationale et examiné les projections macroéconomiques de la Banque à moyen terme, au niveau national, le Conseil a noté que l'inflation a continué de s'accélérer pour atteindre un pic de 10,1% en février 2023 (après un taux de 6,6% en 2022).

Bank Al-Maghrib constate toutefois qu'elle s'est inscrite depuis en décélération, « mais reste à des niveaux élevés en lien avec le renchérissement des produits alimentaires frais, revenant à 8,2% en mars, à 7,8% en avril puis à 7,1% en mai ».

Ainsi, tenant compte de ces données, la Banque centrale estime que l'inflation devrait ressortir à 6,2% en moyenne cette année et à 3,8% en 2024 ; tandis que sa composante sous-jacente devrait passer de 6,6% en 2022 à 6,1% cette année puis à 2,9% en 2024.

Poursuivant son appréciation de la situation économique du pays, le Conseil a en outre noté que la succession de deux années de sécheresse conjuguée à un environnement externe globalement défavorable continuent de peser sur l'activité économique.

Il estime qu'« avec une production céréalière estimée par le Département de l'Agriculture à 55,1 millions de quintaux, la croissance de la valeur ajoutée agricole devrait se limiter à 1,6% en 2023 après une contraction de 12,9% un an auparavant ».

Selon ses prévisions, sous l'hypothèse d'une récolte céréalière de 70 millions de quintaux, elle devrait croître de 5,5% l'année prochaine.

Concernant les secteurs non agricoles, « la progression de leur valeur ajoutée ralentirait de 3% en 2022 à 2,5% en 2023 avant de s'accélérer à 3,2% en 2024 », d'après ses estimations.

Bank Al-Maghrib en vient à la conclusion que la croissance de l'économie nationale devrait s'établir à 2,4% cette année puis s'améliorer à 3,3% en 2024, après le rebond de 8% enregistré en 2021 et la décélération à 1,3% observée en 2022.

Evaluant cette fois-ci l'évolution des comptes extérieurs, BAM prévoit que les échanges de biens devraient ressortir en baisse cette année, après la dynamique enregistrée en 2022.

Selon ses projections, « les exportations reculeraient de 2,8%, reflétant essentiellement le repli des ventes de phosphate et dérivés, avant de s'accroitre de 6% en 2024, portées par la hausse des expéditions du secteur automobile ».

Quant aux importations, elles diminueraient de 2,2%, « sous l'effet notamment de l'allégement de la facture énergétique, et afficheraient une augmentation de 2,9% en 2024, en lien principalement avec l'accroissement prévu des achats de produits finis de consommation et de biens d'équipement », a indiqué BAM dans son communiqué.

Tenant compte de la poursuite attendue de la reprise de l'activité touristique, la même source table, par ailleurs, sur une progression des recettes voyages de 14,9% à 107,6 milliards de dirhams en 2023, et une quasi-stabilité en 2024.

Pour leur part, l'évolution des transferts des MRE devrait rester entourée de fortes incertitudes. , mais les données les plus récentes laissent présager une dynamique positive à moyen terme, avec des hausses annuelles autour de 3,5% pour atteindre un montant de 114,7 milliards de dirhams en 2023 et de 118,7 milliards en 2024. Dans ces conditions, le déficit du compte courant avoisinerait 2,5% du PIB en 2023 et en 2024 après 3,5% en 2022.

En matière d'IDE, les recettes se situeraient à hauteur de 3,3% du PIB sur l'horizon des projections. Au total, et tenant compte des financements extérieurs prévisionnels du Trésor, les avoirs officiels de réserve s'établiraient à 361,2 milliards de dirhams à fin 2023 puis à 357,9 milliards à fin 2024, représentant une couverture autour de 5 mois et demi d'importations de biens et services.

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