Depuis le Palais Brongniart à Paris, en France, le monde assiste au flot de paroles autour des débats au plus haut niveau entre chefs d'État et de gouvernement, responsables d'organisations internationales, représentants de la société civile, des fondations, des fonds et du secteur privé. Le président Denis Sassou N'Guesso a plaidé pour un sommet historique en pleine rupture avec les précédents.
Pour ce sommet, les dirigeants et les chefs d'État vont aborder, les 22 et 23 juin, la réforme du système financier international afin de mieux armer les pays vulnérables du Sud face au changement climatique et à la pauvreté.
D'emblée, lors de l'ouverture, le ton a été donné par le président français, Emmanuel Macron, hôte de ce sommet du nouveau pacte financier mondial, en appelant à un "choc de financement public" face à la crise climatique et à la pauvreté, devant des chefs d'État et de gouvernement. Il a noté qu'il y avait "beaucoup d'argent" mais pas forcément au "service des progrès de la planète".
Emmanuel Macron a ajouté qu'"aucun pays ne doit avoir à choisir" entre lutte contre la pauvreté et protection de la planète. "Nous devons assumer un choc de financement public" et "nous avons besoin de beaucoup plus de financements privés", a-t-il souligné.
Davantage d'argent public mais aussi privé, en priorité pour les pays pauvres : des dirigeants du Nord et du Sud ont plaidé à Paris pour dégager les milliers de milliards de dollars indispensables à la transition énergétique et à l'adaptation des pays vulnérables au réchauffement de la planète, un problème étroitement lié au développement.
Mia Mottley, la Première ministre de la jeune république de la Barbade, a reçu de nombreux applaudissements après avoir exigé une "transformation absolue" du système financier, et pas seulement "une réforme". La Barbade, île des Caraïbes, fait partie des pays parmi les plus vulnérables au changement climatique.
La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, a souhaité montrer que les choses avaient déjà bougé, en annonçant l'atteinte de réallocation aux pays pauvres de 100 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux (DTS), sorte de monnaie de réserve du FMI.
Mais la pression est toujours là pour aller plus loin et chambouler un système qui, selon le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a "failli". Les règles régissant l'allocation des fonds "sont devenues profondément immorales", a-t-il estimé, ajoutant qu' en 2021, "un citoyen européen a perçu en moyenne près de treize fois plus qu'un citoyen africain" en DTS.
Les travaux au palais Brongniart, dans le centre de Paris, ne doivent pas déboucher sur des décisions concrètes mais bénéficient déjà du poids du parterre des invités.
Rupture dans la succession des discours officiels, les dirigeants ont respecté une minute de silence à l'appel de la jeune militante ougandaise, Vanessa Nakate, "pour toutes celles et ceux qui souffrent déjà et qui ont faim, qui sont déplacés, qui quittent l'école, ...".
Elle a appelé à "une sortie équitable des énergies fossiles", s'en prenant frontalement aux profits des compagnies pétrolières occidentales.
L'objectif du sommet est de rénover en urgence l'architecture financière internationale, née des accords de Bretton Woods en 1944 avec la création du FMI et de la Banque mondiale.
L'accès à leurs financements est jugé difficile par les pays en développement, alors que leurs besoins sont immenses pour affronter canicules, sécheresses et inondations, mais aussi pour sortir de la pauvreté tout en s'affranchissant des énergies fossiles et en préservant la nature.
Parmi les nombreuses idées en débat, celle d'une taxe internationale sur les émissions carbone du transport maritime a le vent en poupe. Emmanuel Macron a redit qu'elle était "très importante".
Les dirigeants mondiaux évoquent d'autres taxations, mais aussi des réformes institutionnelles, la restructuration des dettes des pays pauvres, un renforcement du rôle du secteur privé...
La suspension du paiement de la dette en cas de catastrophe naturelle est fortement soutenue par Mia Mottley. "Il y a neuf mois, personne ne parlait de clauses de désastre naturel", s'est-elle félicitée.
Les pays riches sont aussi mis face à leur promesse faite en 2009 de financer 100 milliards de dollars (91 milliards d'euros) par an pour aider les pays pauvres face au réchauffement.
Invité à prendre la parole, c'est de ce constat qu'est parti le président Denis Sassou Nguesso lors de la table ronde « Une nouvelle méthode : les partenariats pour une croissance verte », modérée par Catherine Colonna, ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, qui a souhaité dans ses propos introductifs un "consensus pour créer un choc" face à la crise climatique et la pauvreté.
Le chef de l'État congolais situe le repaire de promesses faites et non tenues sur le financement du climat depuis la COP15 à Copenhague. Jusqu'alors, aucune des COP qui ont suivi n'ont été en mesure de concrétiser une seule de ces promesses.
En tant que pays forestier dans le Bassin du Congo, les efforts fournis pour préserver le patrimoine mondial de 220 hectares de forêt protégée avec une réserve conséquente en carbone, tourbière et mangovre, ne trouvent pas une compensation financière auprès des partenaires pour services rendus à l'humanité.
Il a appelé de ses voeux pour que ce sommet soit celui du renouveau dans lequel les outils financiers innovants tels que le Fonds bleu pour le Bassin du Congo, regroupant seize pays de la sous-région, géré par la Banque des Etats de l'Afrique centrale, soient soutenus.
Par rapport à l'agenda de la préservation des forêts, Denis Sassou N'Guesso a lancé l'invitation au Sommet des trois bassins forestiers à Brazzaville à la fin de l'année.