Dans un communiqué, les groupes armés signataires de l'accord de paix de 2015 estiment que le retrait de la mission onusienne serait « un coup fatal porté délibérément contre l'Accord ».
« Avec le départ de la Minusma, adieu l'accord de paix ». Ce cadre de la CMA ne passe pas par quatre chemins pour exprimer ses craintes. Un autre dirigeant des ex-rebelles indépendantistes rappelle de façon plus mesurée que la Minusma est « un acteur clef du processus de paix ».
Elle est membre de la médiation internationale en charge du suivi de l'accord, elle est surtout un rouage essentiel sur le terrain, et même « une garantie ». Au sein de la commission technique de sécurité (CTS), qu'elle préside, ou des équipes mixtes d'observation et de vérification (emov), elle veille au respect du cessez-le-feu et des arrangements sécuritaires convenus entre le gouvernement et les groupes armés.
« La Minusma représente aussi un appui technique, financier et de conseil, pour toutes les parties de l'accord », précise encore cette source qui se déclare surprise, mais à moitié seulement, de la demande du gouvernement malien de transition de mettre un terme à la mission onusienne.
« Demander ce départ au moment où les mouvements et le gouvernement ont des difficultés à s'entendre sur le fond crée encore plus de méfiance », déplore un cadre des ex-rebelles. Depuis le début de la transition, les relations entre les deux « camps » se sont dégradées au point de bloquer totalement l'application déjà poussive de l'accord. Les groupes armés renvoient la responsabilité de ce blocage au gouvernement malien de transition, et réciproquement.
« Si les Russes les accompagnent, ils attaqueront »
L'un des dirigeants de la Plateforme, une autre tendance des groupes armés du Nord signataires de l'accord de paix plus favorable à l'État malien, estime carrément que cette demande du départ de la Minusma traduit la volonté « des colonels à la tête du pays » d' « attaquer militairement Kidal ».
« Pour le moment, ils n'en ont pas les moyens, affirme cette source, mais si les Russes les accompagnent, ils attaqueront. » Difficile de juger de la réalité de ces intentions prêtées aux dirigeants de la transition, et les craintes exprimées sont peut-être démesurées. Mais, elles sont largement partagées.
Lorsqu'il a demandé le départ de la Minusma, il y a une semaine à New York, le chef de la diplomatie malienne Abdoulaye Diop a réitéré l'engagement du gouvernement de transition pour l'accord de paix.