Dirigeants du Nord comme du Sud ont plaidé jeudi à Paris pour dégager les milliers de milliards de dollars indispensables à la transition énergétique et à l'adaptation des pays vulnérables au réchauffement de la planète, un problème étroitement lié au développement.
Le président français Emmanuel Macron, hôte de ce sommet pour un nouveau pacte financier, prévu jusqu'à vendredi, a appelé à un « choc de financement public » face à la crise climatique et à la pauvreté. Mia Mottley, la Première ministre de la Barbade, a reçu de nombreux applaudissements après avoir exigé une « transformation absolue » du système financier, et pas seulement « une réforme ». « C'est le futur de l'Humanité qui est en train d'être discuté ici », a jugé la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva.
Côté société civile, on attend encore des actes. Par exemple, Julie-Anne Richards, responsable de la stratégie du Lost and Damage collaboration, n'était pas encore satisfaite malgré quelques interventions qu'elle a jugées positives. « On a besoin d'une transformation complète et pour l'instant ce que l'on entend, c'est un renforcement du statuquo, le renforcement des prêts. Donc plus de dettes pour des pays en développement qui n'ont pas les moyens de rembourser. À la place d'un système de prêt, il faut des subventions », explique-t-elle.
« Comment osez-vous ? »
Et une vingtaine de dirigeants africains ont également répondu présents, dont plusieurs ont haussé le ton et porté le même message contre les pays riches plus prompts à verser des milliards pour soutenir l'Ukraine en guerre. Le président kényan William Ruto a ouvert son propos en renommant ce Sommet « Comment osez-vous ? ». Un message destiné aux Occidentaux à l'origine d'un système financier « qui a piégé les pays pauvres », a-t-il déclaré, en appelant à l'instauration d'une taxation mondiale.
« Le FMI a proposé une taxe carbone. Nous voulons une taxation mondiale sur les transactions financières que même nous, pays africains, paierons. Entendons-nous sur une taxe sur l'aviation, le transport maritime... C'est uniquement en levant un financement global qui correspond à l'intérêt du monde que nous parviendrons à faire face à ce défi planétaire », a-t-il déclaré. Et, parmi les idées retenues dans les discussions, celle d'une taxe internationale sur les émissions carbone du transport maritime a le vent en poupe. Emmanuel Macron a redit qu'elle était « très importante ».
Sénégal
Les complexités de la transition énergétique en Afrique ont été illustrées par le Sénégal. Pour le pays, le président Macky Sall a annoncé qu'un groupe de pays riches et de banques de développement s'est engagé à mobiliser 2,5 milliards d'euros pour aider le Sénégal à réduire sa dépendance aux énergies fossiles. « Le Sénégal s'est engagé à monter à 40% d'énergies renouvelables à l'horizon 2030 (...) avec un financement de l'ordre de 2,5 milliards d'euros », a déclaré le président sénégalais, en annonçant ce « partenariat pour une transition énergétique équitable » (JETP) noué avec la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni, le Canada et l'Union européenne.
Actuellement, le Sénégal est à « 31% d'énergies renouvelables sur la base d'une dette qui est faite dans des conditions pas toujours favorables », a explique Macky Sall. Et d'ajouter : « Nous pensons que si cet argent est mobilisé nous pourrons atteindre voire dépasser l'objectif » de 40%. D'autres partenariats du même genre avaient déjà été signés avec l'Afrique du Sud, l'Indonésie et le Vietnam.
Dettes africaines
Les dirigeants mondiaux ont aussi évoqué des pistes de réformes institutionnelles, un renforcement du rôle du secteur privé ou encore la restructuration des dettes des pays pauvres. Le président tchadien n'a d'ailleurs pas maché ses mots sur la dette des pays du continent et a appelé « à la suppression pure et simple de la dette des pays africains » dans le but de « compenser les dégâts énormes causés par le dérèglement climatique et alléger le fardeau subit par les pays africains malgré eux ».
De son côté, la Zambie a réussi à nouer un accord pour restructurer sa dette. L'annonce a été faite durant la première journée du sommet pour un nouveau pacte financier mondial. Mais, rééchelonner 6,3 milliards et demi de dollars de dette zambienne quand les deux tiers sont détenus par la Chine ne fut pas chose aisée pour les autres créanciers bilatéraux du club de Paris. Selon l'Elysée, la présence du Premier ministre chinois à Paris a facilité la conclusion des négociations.
Cet accord a été trouvé avec le « cadre commun » de rééchelonnement des dettes. Il s'agit d'un regroupement de créanciers des pays africains lancé il y a deux ans et demi au G20 de Riyad : il inclut la Chine, aujourd'hui premier créancier des pays africains.
Deux autres pays d'Afrique sont sur les rangs pour obtenir un traitement de leur dette dans ce cadre commun du G20 : l'Éthiopie et le Ghana. Après le Tchad, la Zambie devient donc le deuxième pays qui obtient une restructuration de sa dette dans le cadre commun du G20, un cadre créé il y a deux ans et demi pour associer la Chine aux négociations entre créanciers.
Une pluie de star en faveur de la planète
Lenny Kravitz, Billie Eilish, Ben Harper... Une pluie de stars s'est engagé pour un concert caritatif et solidaire en faveur de la planète ce jeudi soir à Paris. Après « Global Citizen Live » il y a deux ans et des têtes d'affiche comme Elton John, Ed Sheeran et Christine and the Queens, l'ONG Global Citizen revient à Paris avec une nouvelle édition baptisée « Power our planet : Live in Paris ». Un événement de quatre heures et demi qui s'est déroulé au pied de la Tour Eiffel.